Et si chaque parti politique était un genre de tatouages ?

Après des mois d’averses, il est enfin temps de ranger son poncho de pluie au placard. L’occasion de découvrir sur les peaux dénudées des ornements indélébiles, et plus ou moins inspirés. Et puisque le choix d’un motif à l’encre ressemble parfois beaucoup à celui d’un bulletin de vote – c’est un engagement sur le long terme que l’on peut finir par regretter – on s’est demandé ce que chaque parti politique donnerait sous forme de tatouages.

Mais si, vous savez, l’ex toxique qui vous avait promis des perles de pluie venues de pays où il ne pleut plus à cause de la sécheresse. Sauf qu’à la place, il vous a refilé des méga-bassines d’emmerdes. Le truc qui aurait peut-être dû vous mettre la puce à l’oreille c’est son insistance à faire inscrire son prénom sur votre plexus, pour faire barrage à la concurrence… Ce qui ne l’a bien sûr pas empêché.e d’aller la draguer de son côté, et d’avoir le culot de déclarer ensuite que se marquer la peau de manière définitive était vraiment un choix “ubuesque”. Aujourd’hui, cette personne assure avoir changé et vous supplie de le lui laisser encore une chance. Mais vous préférez sentir la brûlure du laser de détatouage que de voir ses initiales sur votre épiderme.

Un énorme motif pour faire table rase du passé après un premier tatouage totalement foiré. Bien sûr, c’est loin d’être parfait, et on voit encore ça-et-là des petits bouts de l’ancien dessin moche, qui dépassent sous les ombrages. Mais rien que quelques retouches ne sauraient progressivement corriger ! La preuve qu’il n’est jamais trop tard pour changer, apprendre de ses erreurs, et transformer une licorne à trois pattes (et sans grand relief) en combatif destrier.

Un truc bien lyrique, prétendument profond et grandiloquent, choisi pour mettre en évidence une certaine grandeur d’âme et une pseudo nature de poète. Un peu comme si écrire en lettres indélébiles la recette de la purée aux truffes de Joël Robuchon directement sur vos omoplates pouvait vous transformer en grand chef cuisinier. La vérité, c’est qu’il ne suffit pas de revendiquer l’héritage culturel ou intellectuel d’une illustre figure tutélaire, pour en être digne. Surtout si avec le temps, les belles maximes que vous avez gravées sur votre peau deviennent aussi difficiles à déchiffrer que vos soi-disant valeurs morales et républicaines.

Ça en jette sur le papier, ça a l’air de filer droit et d’être sans fioriture, mais ça tourne vite en rond. Le genre de motifs impersonnels, et faciles à reproduire à la chaîne, pour peu qu’on sache se servir d’un dermographe et d’un double décimètre. Très à la mode à l’heure actuelle, en particulier chez les jeunes, leur vide abyssal finira tôt ou tard par sauter aux yeux de tout le monde. Mais bon, au pire, “on aura essayé pour voir”. A ceci près que les faire définitivement disparaître risque de faire bien plus mal que le tatouage en lui-même…

Discrets, et souvent inclassables, ces motifs aux traits fins conviennent bien aux indécis et aux timides, qui n’osent pas se lancer dans un remplissage de dos complet. Le revers de la médaille, c’est qu’absolument personne ne les remarque. D’ailleurs, la plupart de vos potes pensent que cette petite constellation d’étoiles sur votre poignet est en fait un cancer de la peau en stade 3. C’est un peu le problème des alternatives trop timorées : elles ont le mérite d’exister, mais seulement pour vous-même.