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Entrevue : Thierry Schwab – « Il n’y a rien de plus imprévisible que le futur »

Il vient de sortir « Optima 2121 », une oeuvre qui oscille entre futur utopique et cruel retour à la réalité.

Par
Léo Potier
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Nous sommes en 2121. L’Intelligence Artificielle régit l’ensemble de la société, le transhumanisme a dépassé toutes les limites éthiques, il faut vivre tant bien que mal avec le réchauffement climatique, le travail a presque disparu, l’Intelligence Artificielle est omniprésente. Les humains ne vieillissent plus, les enfants se font rares, l’anglais est devenu la langue universelle, le yuan la monnaie unique, et tous les États ont fusionné en un seul : Optima. Tel est le décor planté par Thierry Schwab dans son second roman d’anticipation, Optima 2121.

Dans la lignée d’un Wells ou d’un Barjavel, l’auteur nous entraîne dans un voyage surprenant, où l’on découvre que, malgré des progrès certains, nombre de nos craintes pour le futur vont se réaliser. Une vision plutôt sombre de ce qui attend l’humanité. On en a discuté avec le principal intéressé.

Comment s’est déroulée l’écriture de ce livre et comment vous est venue l’idée d’une telle histoire ?

Tout s’est passé juste avant le Covid. J’ai eu envie d’écrire un livre qui évoque ce qui nous inquiète et nous traverse au quotidien en regardant l’actualité. Il y a deux aspects dans ce livre : un peu de futurologie, plus ou moins sérieuse et fantaisiste ; et puis une partie plus réaliste liée à la rencontre et à l’amour.

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Comment avez-vous fait pour construire cette histoire de voyage temporel ? Comment s’est déroulé votre travail de recherche ?

Je me suis très peu documenté, en réalité. Mais la lecture des ouvrages de Yuval Noah Harari m’a passionné. C’est son best-seller Sapiens, une brève histoire de l’humanité qui l’a rendu célèbre. Et puis, il a écrit un deuxième bouquin, un très beau succès aussi, Homo Deus : il s’agit d’une projection très documentée sur le futur de l’humanité et du monde à l’horizon de 2060. J’ai trouvé ça passionnant, d’autant que je partage beaucoup de ses points de vue ; il estime qu’on est au “début de la fin” de l’homo sapiens à cause du développement foudroyant de l’IA et des algorithmes. Il pense que progressivement, tout ce que peut faire l’humain, même les choses les plus subtiles, qui nous paraissent très loin des possibilités actuelles de la machine, vont pouvoir être traitées par la machine, par le robot, par l’IA. J’ai été assez marqué par cette lecture. Et je pense qu’on ne se rend pas compte de la vitesse à laquelle l’IA progresse, de ce que cela peut faire, de ce que cela fait déjà. Dans Optima, j’écris que l’on va découvrir l’immortalité en 2052 : c’est une fantaisie de ma part bien sûr, mais vous savez sans doute que beaucoup de laboratoires, travaillent à fond là-dessus, sur le recul de la mort. Alors peut-être qu’on n’ira pas jusqu’à l’immortalité mais qu’on pourra vivre extrêmement longtemps.

Quels sont vos projets en cours ?

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J’ai écrit un recueil d’une vingtaine de nouvelles qui sera publié à l’automne. J’en ai déjà publié plusieurs dans différents magazines littéraires et d’art, qui ont eu du succès. J’en ai une sur lequel va s’ouvrir le livre, elle s’appelle La dernière femme. Je l’avais soumise à Jean d’Ormesson un peu avant sa mort, il l’avait beaucoup aimée donc cela m’avait encouragé. Je ne vous en dis pas plus…

Qu’est-ce qui vous inspire ? On pense beaucoup à 1984 quand on lit votre livre. Peut-être Retour vers le futur ?

1984, oui évidemment mais Retour vers le futur, non vraiment pas, d’ailleurs je lis très peu de science-fiction ou de romans d’anticipation. Les deux livres les plus inspirants, à mon sens : Le meilleur des mondes et 1984. Mon livre Optima correspond au “meilleur du Meilleur des mondes” ; et 1984, c’est en rapport avec le titre Optima 2121… Sur le thème du voyage dans le futur, je n’ai pas lu grand-chose. Ce qui m’a peut-être le plus marqué, c’est Homo Deus d’Harari, comme je l’ai dit plus haut.

Aimeriez-vous voyager dans le futur vous-même ?

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Certainement, j’adorerais ! J’aimerais beaucoup connaître ce qu’il va se passer. Partir dans le futur oui, maintenant vivre dans le futur, c’est une question compliquée, mais je ne pense pas. D’abord parce que je n’aimerais pas être définitivement séparé de mes enfants et de ma femme à moins qu’ils partent avec moi… Mais aller découvrir ce que pourrait être le monde dans cinquante, cent ou deux cent ans, ce serait génial ! Si vous connaissez un astrophysicien qui peut me le proposer, je signe.

Et, enfin, aimeriez-vous, comme dans votre livre, rencontrer vos descendants ?

Oui, j’adorerais les rencontrer, en espérant que ce ne soit pas des salopards ! Si je m’aperçois que mon arrière-petit-fils est un tueur en série, je pense que je serai malheureux. L’avenir nous dira ce qui relève du monde des possibles… Il n’y a rien de plus imprévisible que le futur.

Le livre Optima 2121 est actuellement publié aux éditions L’ombre rouge (https://www.lombrerouge.fr/);