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Entrevue : Rokhaya Diallo – « En France, aucun grand média ne m’a jamais proposé d’écrire de manière régulière. »

Elle est la première journaliste française à intégrer la rubrique « Global Opinions » du Washington Post.

Par
Clémence Carayol
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Rokhaya Diallo, figure de proue du journalisme engagé en France, vient d’être nominée par le Washington Post comme collaboratrice régulière à leur prestigieuse rubrique « Global Opinions » qui rassemble des éditorialistes du monde entier afin de commenter l’actualité internationale. C’est la première fois qu’une journaliste française est appelée à y contribuer.

« Ce que je trouve intéressant c’est qu’on considère que le travail que j’ai accompli depuis plus de dix ans correspond à des questions susceptibles d’intéresser le public américain et, a fortiori, le public international du Washington Post », nous confie Rokhaya Diallo. Cette nomination témoigne également du fait que les thématiques qui lui sont chères, l’anti-racisme et le féminisme, « sont des sujets qui font vibrer le monde ». En France, les magazines Regards et Slate lui avaient déjà offert des tribunes. De même que diverses émissions télévisées comme Touche pas à mon poste! sur C8, La Matinale de Canal + ou actuellement 24H Pujadas sur LCI.

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Avant l’officialisation de cette collaboration avec le Washington Post, Rokhaya Diallo avait déjà beaucoup écrit pour le quotidien américain. « Cela fait deux ans que je leur soumets très régulièrement des tribunes. » En partie grâce à Karen Attiah, journaliste du Washington Post, qui a remarqué ses écrits et l’a encouragée à en faire plus. « Ce qui est en revanche surprenant c’est qu’en France, je n’ai jamais eu de proposition de cet ordre-là. On ne m’a jamais proposé d’écrire de manière régulière pour aucun média mainstream français, et je ne sais pas pourquoi. Le français est pourtant ma langue maternelle et est la langue dans laquelle j’écris depuis toujours. »

Cette nomination va changer le rythme de la journaliste, qui est aussi réalisatrice de documentaires pour lesquels elle voyage beaucoup. « Je n’ai jamais eu vraiment le temps, entre mes nombreuses activités, de me poser pour écrire des articles de façon régulière », explique Rokhaya Diallo. Ce n’est qu’avec le confinement que son rythme a changé, et qu’elle a soumis de plus en plus d’articles au quotidien américain. Ceux-ci ont alors éveillé l’intérêt d’Eli Lopez, le rédacteur en chef de la rubrique Global Opinions du Washington Post, qui a fini par lui proposer cette collaboration régulière.

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Il a d’ailleurs salué la journaliste française par ces mots : « Rokhaya est l’une des personnalités publiques françaises les plus influentes pour son travail qui sensibilise sur les inégalités raciales et de genre. Alors que nous continuons à offrir à nos lecteurs un aperçu des questions sociales dans le monde, nous sommes ravis de présenter son point de vue essentiel sur ces enjeux en Europe et au-delà. » Un enthousiasme partagé par Rokhaya Diallo. « Cette nomination n’est pas quelque chose à laquelle je m’attendais mais j’en suis très heureuse. »