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Entrevue : Kid Francescoli – Marseille, muse d’une musique bienveillante

Montez le son et laissez-vous tomber dans un cocon confortable.

Par
Daisy Le Corre
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Sa musique porte, transporte et apaise. Mathieu Hocine, alias Kid Francescoli, a ce pouvoir magique de nous poser sur un petit nuage, peu importe ce qui se passe autour. Son secret ? Sa bienveillance selon ses dires. À l’occasion de la sortie de Lovers (le 31 janvier 2020), son 3e album, on a pris le temps de discuter avec lui de création, d’inspiration, mais aussi de Marseille et même de Montréal où il devrait bientôt se produire après avoir rempli plusieurs (grandes) salles françaises.

Avant de parler de ta musique, j’aimerais te poser cette question qui me taraude à chaque fois que je te cherche sur mon Deezer : pourquoi Kid Francescoli et pas Mathieu Hocine, tout simplement ?

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C’est en hommage à un joueur de foot, Enzo Francescoli, qui a joué à l’OM, le club de mon cœur et de ma ville. À cette époque, quand j’étais gamin, les joueurs de foot étaient des dieux vivants pour moi ! Mais lui, il avait une espèce de classe et de grâce qui rendaient sa façon de jouer presque artistique, dans sa manière de caresser la balle avec le pied. C’était un gage de bon goût et puis je trouvais que ça sonnait bien. Mathieu Hocine aurait bien sonné aussi, mais bon, c’est trop tard ! J’aurais pu assumer totalement Mathieu Hocine comme Sébastien Tellier ou Sébastien Schuller l’ont fait par exemple, mais je ne l’ai pas fait, tant pis pour moi (rires).

Dans le communiqué de presse qu’on a reçu au sujet de ton dernier album, on lit que « Lovers doit beaucoup à la ville où il a été conçu ». Quel est ton rapport à cette ville qui t’apporte tant, Marseille pour ne pas la citer ?

Ça fait très longtemps que je vis à Marseille, mais l’inspiration que j’y trouve est très récente. Pendant longtemps, j’ai voulu ne pas y vivre et aller vivre à New York ou je ne sais où. Je voulais découvrir le monde et sortir un peu de ma routine marseillaise. Et puis, sur la dernière tournée, on a fait beaucoup de dates à l’étranger, très loin partout dans le monde et en rentrant à Marseille, j’ai ressenti toute la beauté et le réconfort que m’apportait cette ville, avec le soleil, la mer : j’ai découvert un côté apaisant de Marseille que je n’avais pas ressenti avant. Au lieu de chercher l’inspiration à Los Angeles, New York ou Londres, je l’ai trouvée sous mes yeux, dans ma ville. Je crois que ça se ressent sur l’album : cette sensation de soleil sur la peau, de quiétude quand on regarde la mer à l’horizon, je m’en suis beaucoup nourri pour faire Lovers.

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Et Montréal alors, ça t’inspire quoi ? Je dois forcément te poser cette question, URBANIA oblige… et puis tu vas bientôt y venir en concert.

(Rires) Je suis déjà venu à Montréal, en plein hiver, j’avais eu très froid, mais j’avais adoré la ville et les gens. Pour le coup, par rapport au climat, à la mentalité, et à la façon d’être, c’est presque l’opposé de Marseille, mais ça peut être inspirant aussi ! Il me tarde d’y revenir.

Beaucoup de tes titres sont en anglais. Pourquoi ce choix ? La langue française ne t’inspire pas trop ?

J’ai commencé avec l’anglais, car j’ai appris à jouer de la batterie en regardant des concerts de Queen et de Nirvana, à jouer de la guitare en faisant des reprises d’Oasis, etc. Alors quand je me suis mis à écrire, j’ai commencé à singer et à imiter mes idoles en anglais. Mais je crois qu’en français, j’étais aussi intimidé à l’idée de me frotter à des monstres sacrés comme Gainsbourg ou Bashung. Avec le temps, j’ai pris un peu confiance en ma façon d’écrire en français, la preuve avec mon texte Les vitrines sur Play Me Again. Et puis sur Lovers, on retrouve une autre chanson en français, Ces deux-là (feat. Samantha) et le couplet de Cent corps est en français aussi. Mais il y a aussi des chansons en portugais-brésilien, il y avait même de l’italien sur mes premiers albums. L’anglais s’impose souvent, car il « coule » plus, c’est plus musical, mais je suis ouvert à toutes les langues, je trouve ça bien d’ouvrir les pistes, c’est comme découvrir un nouveau monde.

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Est-ce qu’il y a des artistes qui t’inspirent en ce moment ? Est-ce que le rap, ça te parle, par exemple ?

J’ai toujours rêvé de rapper, mais ça ne fait pas partie des cordes à mon arc ! Alors j’en écoute beaucoup comme Jay-Z, Kanye West, Frank Ocean, Kendrick Lamar, Dr Dre, Snoop Dogg, etc. J’ai toujours aimé le rap ! Ça m’a donné envie de me lancer, mais c’est un superpouvoir que je n’ai pas : c’est frustrant et fascinant. Sinon j’écoute aussi beaucoup Lana del Rey, Billie Eilish, et Rihanna avec laquelle j’aimerais bien collaborer un jour.

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Comment fais-tu pour créer des sons aussi apaisants ?

On oublie souvent que les 3/4 de l’impression qu’on a d’un morceau vient de la mélodie, et un peu des instruments, mais pas que. Alors, moi le premier truc que je fais c’est de calfeutrer le son, de faire un truc un peu cotonneux, assez rond et agréable à écouter, mais surtout quelque chose de bienveillant. J’aime ce mot parce que j’aime bien mettre l’auditeur, et moi-même, dans un cocon agréable et confortable. J’ai besoin de ressentir que je suis dans un univers confortable, et je pense que c’est l’influence du groupe Air qui me fait ça. Ce que j’aimais beaucoup en écoutant leurs albums, c’était l’impression d’être dans les étoiles ou dans les nuages. C’était hyper réconfortant, j’adorais ça. Alors j’essaie de retransmettre ce feeling…

Le morceau dont t’es le plus fier ?

The Player sur mon album précédent. On avait trouvé le couplet, mais je n’avais pas de refrain… Alors j’ai fait plein d’autres morceaux et à un moment donné, j’ai bien aimé un thème d’un nouveau morceau : c’est devenu le refrain de The Player mais… 6 mois après ! Donc parfois entre un refrain et un couplet, il peut y avoir 6 mois de gestation sans qu’on le sache vraiment. Souvent, ça arrive à toi sans que tu y sois vraiment préparé, il faut laisser faire le temps.

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Si on te dit que tu fais partie de la french touch, ça te fait quoi ?

Ce serait un grand honneur pour moi ! C’est Daft Punk, Justice, Air, Tellier, Phoenix : y a que des cracks dedans (rires). Alors si on me dit que j’en fais partie, je suis content, mais je sais pas si j’en fais partie. Peut-être parce que je suis un musicien qui fait de la musique avec des sonorités électroniques et que je joue à l’étranger ? Mais pour moi, la french touch, c’est un style bien précis avec des sonorités bien précises : je pense à des mecs comme Breakbot qui a une façon bien à lui de remixer des morceaux. C’est des trucs qui m’inspirent !

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Et le meilleur pour la fin : tu voulais faire quoi quand t’étais petit ?

Je voulais faire exactement ce que je suis en train de faire avec toi en ce moment (rires) ; musicien, mais avec toutes les parties du métier, à savoir aller en studio pour enregistrer, partir en tournées pour faire des concerts, faire des interviews comme celle qu’on est en train de faire, choisir mes pochettes de disques, poser pour des photos de presse. Toute la panoplie, je voulais tout. J’ai réalisé mon rêve d’enfant et c’est un bonheur au quotidien.