Logo

Entrevue : Gabin Fueyo et Natachatte – « Il se passe un truc dans l’univers drag en France »

On a rencontré les créateurs de « Soirée Draguisée ».

Par
Romain Amichaud
Publicité

Les tribulations d’apprentis drag queens à Toulouse, ça vous tente ? C’est en tout cas ce que vous réserve la série de 7 épisodes de 25 minutes qui sortira en VOD fin mars, intitulée Soirée Draguisée. En attendant, on a pris le temps de discuter avec le réalisateur, Gabin Fueyo, et Michel alias Natachatte pour les intimes… Tout un programme.

Comment-est née cette idée de série-réalité Soirée Draguisée ?

Gabin : Quand j’ai découvert l’émission Rupaul Drag Race sur Netflix, j’ai trouvé ça tellement passionnant ! C’était la première fois que je voyais la question du genre traitée sous cet angle. Et puis je sortais d’une série de documentaires sur les personnes âgées de plus de 90 ans, j’avais envie de passer à autre chose et de faire du divertissement… Je suis allé au G-Girl, un bar toulousain, et c’est là que j’ai rencontré Michel (Natachatte) et Cathy (La Catoche). Je les ai vus à l’oeuvre derrière le bar : ils mettaient une ambiance de dingue. C’était complètement libéré, comparé aux autres bars de Toulouse. J’ai eu un coup de foudre, il fallait maintenant les convaincre, imaginer le concept et la forme que ça prendrait.

Publicité

Michel : J’avais commencé des soirées drag déjà au Shanghaï, une institution toulousaine. Je bossais avec Tony alias Ramona, ma mère drag dans la série et dans la vie également. Là-bas, on organisait des soirées « Priscillia Folle du désert ». J’ai fait d’autres bars ensuite et j’ai tenu le G-Girl avec Cathy. C’est donc là que j’ai eu la chance de voir débarquer Gabin un soir. Il a découvert qu’on était très ouverts effectivement ! Confettis, bises en rentrant : on met tout de suite les gens à l’aise. On veut aussi prendre du plaisir et ne surtout pas ne pas se prendre la tête. Mais on ne s’attendait pas à avoir un succès aussi fou.

Quel public est visé par ce talk-show ? Est-ce que les gens de « La Manif pour tous » vont apprécier, d’après vous ?

Gabin : Oui, je pense que c’est clairement une main tendue à « La Manif pour tous » (rires) ! Il y a eu pas mal de documentaires, notamment Queendom sur France.tv. Mais c’est justement ce que je ne voulais pas faire. Le documentaire est super, très esthétique, etc. Mais Soirée Draguisée, ce n’est pas du tout ça. Moi je voulais faire une série où on s’amuse. C’est à la fois une sitcom, une parodie de téléréalité et un vaudeville, avec le travestissement au centre. Après chacun interprète selon sa grille de lecture, au premier comme au dixième degré.

Publicité

Il y a aussi du métissage dans la série, des jeunes, des vieux, des homos, des hétéros : tout le monde peut se sentir représenté. L’idée est de tendre la main, montrer une famille et surtout qu’on s’amuse, on en a besoin en ce moment. Le défi c’est que les gens rient avec les participants, qu’ils aient envie de faire la fête et de découvrir ce milieu.

Apparemment, Arthur aussi veut lancer une émission de drag queens : Reines d’un soir. Est-ce qu’il se passe quelque chose en ce moment en France autour de l’univers drag ?

Gabin : Rupaul Drag Race a apporté quelque chose de nouveau, c’est sûr. Ça a eu un succès fou. Je m’en suis largement inspiré pour Soirée Draguisée. Il y a le côté très téléréalité mais on sent aussi le côté scénarisé avec les participants qui se marrent, etc.

Mais sinon effectivement, je crois qu’il y a une réelle attente et qu’il se passe un truc dans l’univers drag en France. Il était temps ! Il y a aussi une rumeur qui dit que Jean-Paul Gauthier ferait peut-être la version française de Rupaul. Bref, il y a beaucoup de choses qui se mettent en place et c’est là la difficulté pour nous. Ils vont arriver avec des gros diffuseurs et des gros moyens… Nous on reste indépendants et on y croit. Le nerf de la guerre, ça va être la visibilité, d’arriver au bon moment et de fédérer autour de ce projet pour pouvoir faire une suite.

Publicité

C’est quoi la suite ? Est-ce qu’il y a d’autres guest prévus? Est-ce que Nicky Doll est dans la liste ?

Gabin : Il y a Tonya Loren qui est de Toulouse et qui a accepté généreusement de participer, elle a été super ! Zize Dupanier et Benoit Dubois aussi.

Pour la suite, on attend de voir si le succès est au rendez-vous. Il faut qu’on trouve une économie pour créer une saison 2 pour faire encore plus fort. Mais je pense que la série tombe au bon moment, comme une bonne bouffée d’oxygène.

Michel : Moi comme je n’ai pas d’activités en ce moment, j’entretiens les perruques et les robes à la maison (rires). On prépare de nouvelles tenues, de nouvelles idées, etc. Bref, tout ce qu’on pourrait ajouter à la série pour éblouir et surtout faire rire. Après, vous verrez, on n’est pas comme dans Rupaul : il n’y a pas la perfection de la perruque super bien collée ! Parce qu’on ne se prend pas la tête…

Publicité