.jpg)
Élisabeth Borne vexée par Justine Triet : on a trouvé les films préférés de la Première ministre
Décidément, Elisabeth Borne a la rancoeur tenace. Après avoir déclaré dans les colonnes du journal Le Monde que depuis le discours de Justine Triet lors du dernier festival de Cannes elle faisait un “blocage” à l’idée de regarder Anatomie d’une chute (l’un des rares films lauréats de la Palme d’Or à avoir dépassé le million d’entrées au box-office français), la Première Ministre persiste et signe sur BFM TV. Si elle affirme désormais qu’elle ira voir en salles le long-métrage qui a l’air “excellent”, elle invite néanmoins la réalisatrice à s’interroger sur son rapport à la réalité.
Car pour la cheffe du gouvernement, on ne peut fustiger l’indifférence du pouvoir face au mouvement de protestation massif contre la réforme des retraites, ou bien interpeller sur l’exigence de rentabilité qui sous-tend depuis quelques années l’attribution d’aides financières dans la culture, sans vivre dans l’illusion et cracher dans la grosse soupière des subventions. Pourtant, Justine Triet appelait précisément à préserver de la logique marchande cette exception culturelle française qui lui a permis de financer son projet. Elle n’a donc rien fait d’autre que défendre un système en péril, qu’on l’accuse à tort de critiquer… Toujours est-il que la patronne de l’exécutif reste vexée comme un pou. Alors pour la réconcilier avec le 7eme Art, on a tenté d’imaginer son top 5 des sorties de l’année sur Allociné.
LE LIVRE DES SOLUTIONS
L’histoire de ce cinéaste tyrannique et mégalo qui prétend pouvoir régler tous les problèmes qui se présentent à lui grâce à des théories sorties de son chapeau a ému la cheffe du gouvernement aux larmes. L’acuité et l’intelligence hors-norme de son personnage principal le sauvent de tous les comportements – même les plus violents – dont il se rend coupable. Enfant gâté auquel on passe tous les caprices ou protagoniste exaspérant aux délires nombrilistes : qu’importe ! L’abnégation et le courage de ce héros jupitérien (un alter ego fictionnel de Michel Gondry) qui se bat seul contre tous pour faire advenir sa vérité, sont tout bonnement bouleversants. Un leader-né prisonnier de son propre génie, à l’image du locataire de l’Elysée.
Elisabeth Borne a mis 4 étoiles sur Allociné.
INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE
Divertissant, efficace, et transpartisan, avec juste ce qu’il faut de nostalgie post-coloniale pour toucher la corde sensible des électeurs de droite, et de scènes de lutte contre les méchants nazies pour plaire aux lecteurs de Libé : le dernier né de la saga Indiana Jones a tout compris ! Sans compter qu’à 70 ans passés, l’archéologue-aventurier n’hésite pas à reprendre du service pour sauver le monde de la menace fasciste. Pas comme ces feignasses d’employés de bureau et d’ouvriers qui refusent de reculer de deux annuités leur départ à la retraite sous prétexte qu’ils sont fatigués. Si un septuagénaire peut sauter d’un train en marche, sans jamais perdre son fedora, vous pouvez passer quelques mois supplémentaires derrière la chaîne de montage, bande de gros bébés !
Elisabeth Borne a mis 5 étoiles sur Allociné.
ASTERIX ET OBELIX : L’EMPIRE DU MILIEU
Des Gaulois qui ne comprennent que la castagne, missionnés pour représenter la Mère Patrie en dehors des frontières de l’Hexagone, et des blagues récurrentes sur le végétarisme à faire s’étrangler Sandrine Rousseau avec ses similis carnés : le pitch du film sonne comme une visite protocolaire de Gérald Darmanin à Pékin. Enfin, si Obélix venait de Tourcoing, qu’il respectait le monopole de la violence légitime des centurions romains, et qu’il dérouillait toutes les moustachus qui s’approchent un peu trop près de ses menhirs sous prétexte que les atteintes aux pierres levées sont aussi importantes que les atteintes aux personnes. En tout cas, l’humour franchouillard et la débauche de moyens (65 millions d’euros de budget qui n’iront pas dans les caisses de grève) ont fait mouche auprès de la Première Ministre.
Elisabeth Borne a mis 5 étoiles.
GRAN TURISMO ET FAST AND FURIOUS X
Vroum vroum la bagnole. Vroum vroum les grosses cylindrées, sans vignette Crit’Air pour emmerder ces pisse-froids d’écolos. Avec deux films à la gloire des voitures en 2023, le cinéma américain a fait honneur à l’une des grandes passions de notre Président : l’automobile. Si Vin Diesel et ses acolytes pouvaient toutefois se donner un objectif clair pour le prochain opus, comme protéger les méga-bassines des khmers verts, plutôt que se lancer dans des courses-poursuites accidentogènes sur tous les continents… Allez, encore un effort, et le CNC dérogera peut-être à ses principes pour financer un long-métrage hollywoodien ! Un petit concours de drifts à Sainte-Soline, ça ne mange pas de pain !
Elisabeth Borne a mis 4 étoiles.
YOUSSEF SALEM A DU SUCCÈS
Un auteur originaire d’un quartier populaire remporte le prestigieux prix Goncourt et est introduit dans tous les cercles littéraires : ça c’est la méritocratie qu’on aime ! Et si un écrivain issu de la diversité comme Youssef Salem peut décrocher le graal de tout romancier français dans un film, sans que le réalisme du scénario ne soit mis en doute, qu’on ne vienne pas nous dire ensuite que le gouvernement est réputé pingre avec ses subventions ! Car avant de connaître le succès, le personnage a bien dû toucher quelques aides d’Etat pour financer son train de vie parisien…. Seul bémol pour la cheffe de l’exécutif : la filmo de la réalisatrice, qui a fait un carton avec un long-métrage de gauchistes (Le Nom des Gens) et le titre, qui ne met pas assez l’accent sur le soutien institutionnel à la création. Heureusement, il est encore temps de le renommer Youssef Salem profite de l’exception culturelle française, pour le marché international.