Logo

Dis-moi qui tu baises, je te dirai qui tu es

« To bi or not to bi : That is the question ».

Publicité

« Pourquoi tu te dis bisexuelle si t’es en couple depuis des années avec un homme, que t’es mariée et que t’as un enfant? Il me semble que tu pourrais dire que t’es hétéro… ! »
« Comment tu peux dire que t’es bisexuel si t’as toujours été en couple avec des femmes ? Il me semble que tu devrais attendre d’expérimenter avec un homme pour dire ça… ! »

To bi or not to bi : That is the question

Pas posée par lesdites personnes présentées, qui se sentent très raccord avec leur orientation, mais par des gens autour qui se disent C’EST QUOI ÇA ?

Témoin de ces commentaires, il n’en fallait pas plus pour me booster la fibre inspirationnelle : c’est qu’on ne questionne pas ici un fait anecdotique et superficiel du genre « Ta coiffure est douteuse ». Tu peux bien dire : « J’suis pas certain que ces mèches-là te vont bien… », même si c’est un peu bitch. Mais : « J’suis pas certain que cette orientation-là te va bien… » ?
Non.
On parle d’une réalité viscérale. Identitaire.

Publicité

« J’VEUX PAS L’SAVOIR QUE T’ES BI, J’VEUX L’VOIR !
Et là j’le vois pas.
Et ça m’dérange. »

C’est vrai qu’on peut avoir tendance à tirer des conclusions par ce qui est observable. Mais si on cherche à conclure de l’orientation sexuelle de quelqu’un par la seule observation de ses comportements, on zappe tout un éventail de possibilités.
D’entrée de jeu, on a bien juste accès au dehors d’un individu !
Au visible. Au tangible.

Les désirs sexuels, la fantasmatique, les images qui accompagnent l’auto-érotisme, les attirances relationnelles, celles qui aboutissent, celles qui plantent, le magnétisme abstrait que l’on ressent envers des individus, indépendamment de leur genre, ça habite quelqu’un un bon moment.

Eh oui, ça peut influencer notre façon de se définir.

Est-ce que notre orientation doit inévitablement venir avec un set de comportements sexuels clairs ? Et s’il nous arrivait d’éprouver des choses “hors catégorie” ? Non classables ? Et si on n’arrivait pas à choisir une case claire ? Et si nos attirances fluctuaient au gré des rencontres ?

Expliquer ses true colors aux autres, ça peut être confrontant.
Quand on a une teinte unique, accompagnée de patterns nouveau genre, quand on ne rentre pas dans une case, quand on n’a pas le pied bien installé sur un échelon de Kinsey, on pourrait avoir tendance à sentir qu’on doit se justifier.

Publicité

À ce moment-là, on pourrait répertorier les orientations sexuelles connues en se disant : « Mais voyons, il me semble qu’il y a des options pour tous ? » :

Hétérosexualité.
Homosexualité.
Bisexualité.
Asexualité.

CHOISIS !
Classe-toi ! Les choix s’offrent à toi !
Ça semble clair !
Complet !

Vraiment ?
Oui ! On a même ajouté l’asexualité !
Tout est là !

Nah… Tout n’est pas là… !
Parce qu’on reste dans le binaire, dans la conception des deux sexes “homme vs femme” : attirance pour le sexe opposé, le même sexe, les deux sexes, aucun sexe…
Et si on était attiré par des individus, indépendamment de leur genre qui peut aller au-delà du homme/femme ?
Ajoutons ce mot à notre vocabulaire : pansexuel.
Et si on refusait de se définir par notre orientation sexuelle ?
Mot boni : altersexuel.

Au-delà du coolness dont on peut faire preuve en affichant ces nouvelles connaissances linguistiques, ça demeure de l’étiquetage.

AH l’étiquetage !
Ce concept éclairant et/ou nuisible.

Publicité

Se dire que ce qu’on vit s’ancre dans une certaine réalité, ça permet de se catégoriser par la positive. Non seulement se dire « je ne suis pas ça, ni ça, ni ça » mais pouvoir se dire « je suis ça et si le mot existe, ça veut bien dire qu’il y a des gens comme moi ». On va se l’avouer, ça peut faire du bien dans une vie ! Surtout après s’être constamment senti total décalé par rapport à ce que la majorité des gens semble vivre.

Nommer, ça a quelque chose de rassurant.
D’éclairant.
Ne le nions pas.
Mais des fois, ça peut devenir stigmatisant. Trop cadrant.

Dans le fond, c’est à nous de nous choisir une étiquette si ça nous fait du bien, si ça nous aide à concrétiser notre vérité.

On n’est pas obligé de justifier notre choix à tous et chacun, d’articuler un argumentaire clair et précis avec bonus de révélations intimes crousti-fondantes pour rassurer le regard externe qui douterait de nous. Sors pas ton PowerPoint et ton pointeur laser pour m’expliquer qui t’érotises, quand, comment et pourquoi.

Publicité

Ça se passe entre adultes consentants ?
BEN GO !
Frenche, vis, aime !