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Depuis que mon voisin m’a éjaculé dessus dans le métro

Parce que oui, c’est déjà arrivé.

Par
Rose-Aimée Automne T. Morin
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Vivre en société, je trouve ça agréable et pratique. Sauf dans le métro. Trop souvent, quand je m’assois sur un banc à deux places, je me retrouve à côté d’un homme qui fait le grand écart pour avoir le zgeg bien libre. Pendant ce temps-là, je me croise les jambes pour lui laisser toute la place. Et je ne parle pas de me croiser les jambes avec confort et élégance. Je veux dire : me croiser les jambes à en avoir le pubis engourdi.

Et ça, c’est quand on ne m’éjacule pas dessus…

Parce que oui, c’est déjà arrivé.

Il faisait chaud, le wagon sentait comme les toilettes publiques et je n’étais pas d’humeur à discuter. Le Monsieur assis sur le banc à côté du mien portait un canotier et une chemise hawaïenne. Il ressemblait à un acteur, avec un petit plus : une cicatrice gondolée traversait son visage de l’œil gauche à la joue droite. Il avait l’air fiable. Et il avait clairement besoin de communiquer.

Il me demandait l’heure, commentait la météo et ma mine fatiguée. Je répondais à moitié, en le fixant dans les yeux avec un air de plus en plus bête. Il persistait. Je n’avais plus le choix, je devais absolument feindre une sieste.

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Scoop : le métro ne nous rend pas toutes narcoleptiques. Des fois, faire semblant de dormir est la seule échappatoire qu’on trouve à la lourdeur. Et si je me fie au nombre de fausses dormeuses que je croise quotidiennement, il y a une bonne dose de relous sur la ligne 13.

Cinq minutes plus tard, bien concentrée à ne pas trop bouger mes pupilles sous mes paupières closes (parce que le sommeil profond est le stade que je préfère mimer), il a posé ses lèvres sur mon oreille en murmurant “merci de me laisser faire”.

J’ai ouvert les yeux, je lui ai demandé de quoi il parlait.

Fier, il a pointé son pénis. Il était couvert de sperme et posé nonchalamment sur ma jupe.

Deux ans plus tard, je trouve encore la suite étrange. Je dois être la politesse incarnée, parce que je me suis levée et j’ai crié :

“Vous êtes un gros dégueulasse, Monsieur!”

J’ai vouvoyé un gars qui, pour passer le temps, préfère les trajets de métro masturbatoires aux marathons Netflix.

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Le plus drôle, c’est que, le pénis mouillé et à l’air, il m’a répondu qu’il n’était pas du tout dégueulasse. Sérieux. Si tu considères que te branler sur une inconnue dans un wagon de métro n’est même pas un peu dégueulasse, tu ne dois pas être le genre qui fait le saut quand quelqu’un met des glaçons dans son vin…

Pour faire une histoire courte, il est sorti à la station suivante. Je ne l’ai pas suivi. Je l’ai croisé le lendemain. Il habite à un coin de rue du mien. C’est un voisin.

J’ai porté plainte. Un policier, sans doute rempli de bonnes intentions, m’a dit que la prochaine fois, je ferais mieux de changer de wagon avant qu’un fou me montre son pen’: “On sent ces choses-là, il faut écouter notre intuition et bouger quand on sent venir le danger”. No comment.

Reste que ça laisse des séquelles:

Depuis que mon voisin m’a éjaculé dessus dans le métro :

  • Je ne regarde plus mes interlocuteurs dans les yeux. Je fixe leur sexe pour être certaine qu’il n’est pas à l’air.
  • Quand un monsieur me montre son pénis dans le transport en commun, je l’applaudis en criant : “Oh, c’est très original ! Vous êtes si unique!”.
  • J’essaie d’apprivoiser mon intuition avec l’archange métatron.
  • Mais surtout, je me dis que l’égalité des sexes sera véritable le jour où, à l’idée de me voir m’y masturber, un homme craindra de prendre le métro.
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