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De quoi (et de combien) le roi Charles III va-t-il hériter ?

Et pourquoi il n’aura pas à payer un seul centime en droit de succession.

Par
Billy Eff
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À la suite du trépas de sa mère, la reine Élisabeth II, Charles Philip Arthur George de la maison Windsor est devenu le roi Charles III. Il hérite bien entendu de la couronne, mais aussi de tout ce qui y est communément rattaché : les biens, les pouvoirs et les lourdes responsabilités.

C’est une succession des plus importantes, tant sur les plans politique et social que financier. Le nouveau roi vient de se retrouver à la tête d’une fortune estimée à plusieurs milliards de dollars et, grâce à une ingénieuse loi mise en place il y a trente ans, n’aura pas à payer un centime en taxes. En effet, les membres de la famille royale ne sont pas imposés sur leur succession, contrairement à tou.te.s les autres citoyen.ne.s du Royaume-Uni, qui doivent s’acquitter de 40 % de droit de succession, au-delà d’un certain montant.

Voici un petit tour d’horizon de la nouvelle fortune du roi, et de ce qu’il pourra en faire !

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Était-il financièrement indépendant ?

À 73 ans, le roi Charles III obtient enfin le job pour lequel il est né, littéralement, après avoir été Duc de Cornouaille depuis l’âge de quatre ans. Mais même lorsqu’il n’était qu’un jeune prince, ses connaissances en gestion, sa diplomatie et son fin sens du contrôle de l’image de marque auraient pu faire de lui un très bon, ou du moins riche, dirigeant d’entreprise.

Avant même que Charles devienne roi, des sources estimaient sa fortune à environ 100 millions de dollars.

En fait, c’est déjà un peu le cas. Après avoir complété son service militaire, Charles s’est impliqué dans la philanthropie, et a fondé en 1990 Duchy Organics, une compagnie de biscuits et de divers produits bio, élevés et récoltés sur les fermes et potagers des domaines dont la couronne est propriétaire. La compagnie est distribuée exclusivement chez Waitrose (épicier fournisseur officiel de la couronne) et est entièrement gérée par le fonds de charité du duché de Cornouaille et du prince de Galles. En 2021, la compagnie a dégagé des profits de près de 5,5 millions $.

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Avant même que Charles devienne roi, des sources estimaient sa fortune à environ 100 millions de dollars.

De quoi et de combien hérite-t-il ?

En devenant roi, Charles III a dû automatiquement céder à son fils aîné, William, le duché de Cornouaille, évalué à plus d’un milliard de dollars. Ce duché fondé en 1335 appartient toujours à la famille royale et représente 531 km2, soit 0,2 % du territoire du Royaume-Uni. Il inclut des propriétés résidentielles et commerciales, ainsi que des fermes et des pâturages. Le duché contrôle aussi un portefeuille d’investissement.

En revanche, Charles hérite du duché de Lancaster, qui est la vraie source principale de revenus personnels pour le ou la monarque. Détenu par la couronne britannique depuis 1336, le duché de Lancaster était évalué l’an dernier à 754 millions de dollars, et aurait rapporté à la reine 24 millions l’an dernier. Ce sont les revenus de ce duché qui permettent à la famille royale de réellement générer des profits.

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Les avoirs personnels d’Élisabeth II reviennent également au roi Charles III. Estimés à près d’un demi-milliard de dollars, ces biens incluent une vaste collection de bijoux et d’art, incluant une collection d’oeufs Fabergé appartenant à la Reine Mère, un portfolio d’investissements bien gérés, ainsi que les domaines de Balmoral et de Sandringham, achetés par son arrière-grand-père il y a plus de 150 ans. Également inclus dans le lot : les écuries et chevaux de course de la reine, dont elle était passionnée. Son amour du gambling lui a rapporté près de 7 millions de dollars.

Le plus gros legs sera celui du domaine royal, ou Crown Estate. L’histoire de ce dernier est un peu compliquée et nécessite de se replonger dans l’histoire très bordélique et incestueuse des familles royales européennes.

Le domaine royal représente aujourd’hui l’un des plus grands propriétaires immobiliers du Royaume-Uni.

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En 1760, après de nombreuses guerres, la Restauration Stuart et la Glorieuse Révolution, le roi Georges III a décidé de faire un deal avec le parlement britannique et de s’acheter la paix. En échange de l’absolution de ses dettes, tous les profits des terres seraient reversés au parlement, qui accorderait par la suite au souverain un genre de ristourne-salaire, qui permettrait au roi de conserver son train de vie et de poursuivre ses responsabilités royales, en plus du maintien des palais royaux. Chaque monarque a depuis fait le même genre d’entente avec le parlement, et ça ne semble pas près de s’arrêter.

Depuis les années 1960, le Crown Estate a le statut de personne morale : une institution unique, indépendamment gérée, qui remet ses recettes au ministère des Finances, qui, quant à lui, verse une allocation royale au monarque. Le domaine royal représente aujourd’hui l’un des plus grands propriétaires immobiliers du Royaume-Uni, avec parmi ses effectifs de nombreuses propriétés dans le centre de Londres, incluant des immeubles de luxe comme le légendaire Savoy Hotel, mais aussi des centaines de milliers d’hectares de terres agricoles et forestières, ainsi que des droits de propriété sur certaines côtes maritimes.

Les revenus du domaine royal sont estimés à environ 25 milliards par année, avec un profit net de 325 millions de dollars pour 2018.

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Les revenus du domaine royal sont estimés à environ 25 milliards par année, avec un profit net de 325 millions de dollars pour 2018. Là-dessus, 25 % (257 millions $) furent remis à la trésorerie, et 25 % (82,4 millions $) à la couronne. Par contre, cet argent n’est pas vraiment un salaire dont les membres de la famille royale peuvent disposer à leur guise : cet argent sert à des projets importants et préétablis, comme les réceptions et les déplacements officiels, ainsi que les rénovations majeures du palais de Buckingham.

Pourquoi le roi Charles III n’aurait-il pas à payer de taxes comme tout le monde ?

Pour ceux et celles que l’histoire et la tradition royale intéressent, particulièrement celle du clan Mountbatten-Windsor, le fait que les monarques n’aient pas à payer de taxes ne sera pas une surprise. C’est un peu pour la même raison que la reine défunte n’a jamais eu de permis de conduire ou de passeport. C’est parce que ce sont des documents qui étaient délivrés par la reine elle-même ! Son droit de faire ce qu’elle veut lui a été donné par Dieu, et nos droits nous sont donnés par elle. Quel système efficace et sans faille !

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Vu que le pays « appartient » au royaume, payer des taxes serait pour lui un peu comme faire sortir de l’argent de ses propres coffres pour l’y remettre. Mais c’est surtout grâce à une loi qui fut mise en place en 1993, pour s’assurer que la succession royale ne soit pas décimée à coup d’imposition à 40 %, si plusieurs souverain.e.s devaient mourir consécutivement.

Toutefois, il vaut la peine de noter qu’à partir de la même année, surtout pour calmer le mécontentement de la population vis-à-vis de la famille et des dépenses royales, la reine a commencé à payer volontairement l’impôt sur le revenu et les plus-values sur la succession.

Reste à voir si le nouveau roi décidera de faire la même chose.

Avec son historique de philanthropie, à une époque où les dépenses apparemment superflues et luxueuses de la famille royale font l’objet d’une surveillance accrue et où l’utilité d’une monarchie constitutionnelle est de plus en plus remise en question, le contraire serait étonnant.

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