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De l’art sur le campus de Kedge Business School
Plus que jamais, nous vivons dans une société de l’image. Les écrans sont partout et leurs contenus nous traversent quotidiennement. Dans cette société de l ’information plutôt triste, les arts visuels offrent une alternative pour décrypter et comprendre le monde contemporain. Outil pédagogique mobilisé depuis longtemps sur les campus américains et parfois en Europe, ils permettent de développer une pensée à la fois sensible et critique.
Kedge Business School, qui offre des programmes en management des arts, de la culture et des industries créatives, l’a bien compris. Voilà pourquoi, à partir d’octobre 2021, l’école accueillera régulièrement des expositions et événements culturels sur son campus de Paris (et bientôt à Marseille et à Bordeaux, ouf !), en partenariat avec BAG_BakeryArtGallery.
On a voulu voir ce que ça donnait en vrai, en allant visiter la première exposition installée sur le campus, et ça vaut le détour.
Placées dans les espaces de l’école pour être accessibles à toustes, sans frontière institutionnelle symbolique, les œuvres néo-pop de Laurent Perbos interrogent l’air de rien les limites de notre société hypermoderne.. Après la pandémie qui semble sans fin, c’est une exposition qui siffle la reprise du temps, un chemin vers la sortie de cette crise; comme un cri, où le changement des règles du jeu devient le sujet même de l’œuvre.
On a demandé à 9 étudiant.e.s du MSc Arts & Creative Industries Management, aux profils variés, venant du monde entier, de nous parler de 5 œuvres. Sans retenue, sans tabou, comme un cri, justement. lls se sont livrés. Allez, Re-play !!!
INFLATABOWL
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Alexandre P. (Portugal, 25 ans)
En regardant cette œuvre de loin, je n’arrive pas à voir autre chose que la forme du virus. D’autant plus avec le côté gonflable : au début, on ne le prenait pas au sérieux, mais il a pris de l’ampleur de manière exponentielle et s’est imposé dans nos vies, occupant tout l’espace, exactement comme « inflatabowl ». Quand on commence à la regarder de plus près, on voit que cette énorme boule est faite à partir de jeux gonflables ultra colorés. Le contraste est intéressant, on pourrait voir cela comme la lumière au bout du tunnel. Le virus fera toujours partie de nos vies, mais il est temps maintenant de reprendre un mode de vie plus ludique, il est temps de rejouer.
Inès R. (France, 22 ans)
J’ai grandi sur une île touristique, entourée par l’océan, alors les objets qui constituent cette œuvre me sont familiers. De par leurs couleurs et leurs formes, ils évoquent joie, soleil, chaleur et nostalgie de l’enfance. Mais ainsi assemblés, amassés, déstructurés, presque en cette figure imposante, ils me renvoient aussi l’image d’un monde où le plastique est surproduit. Le tourisme de masse détruit la nature, et altère le sentiment unique que l’on peut trouver en ces endroits paradisiaques.
PING-PONG PIPE
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Arthur C. (France, 24 ans)
Cette œuvre mettant en scène une table de ping pong en forme de tube m’évoque l’idée d’un terrain permettant une autre pratique. Celle du skate, par exemple. Cela me fait penser aux aires de jeux que l’on peut trouver dans la rue, accessibles à toutes et tous, et libres d’être utilisées comme on le souhaite. Mais avec une vision plus littérale de l’utilisation même de cette table, en l’état, c’est comme si cette oeuvre isolait les deux joueurs du reste du monde, en les enfermant dans la boucle, et en les autorisant, par la même occasion à se concentrer sur ce face à face, de joueur à joueur.
CALYDON
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Yao X. (Chine, 24 ans)
L’œuvre est composée de matériaux que nous voyons et utilisons tous les jours, ce qui la rend très accessible. Dès le premier regard, un monstre se révèle aux yeux du public. Cela me rappelle la bête intérieure de l’être humain. Plusieurs javelots sont tirés dans le corps. Cela reflète la lutte de l’être humain pour discipliner la bête, avec notre code moral, social. Une lutte à laquelle nous sommes confrontés tous les jours. L’assemblage de la bête avec le javelot représente pour moi le processus de formatage de la société. Cependant, plus nous tentons de restreindre la bête, plus elle gagne en puissance. Contrôler ou lâcher la bête, telle est la question.
Chia-Teng H. (Taïwan, 29 ans)
Cela me rappelle immédiatement une créature de la mythologie chinoise, proche du dragon, qui s’appelle Qilin. Cette créature représente la protection, la prospérité, le succès et la longévité. Avec l’emploi de ces matériaux et la manière dont l’artiste les a assemblés, je vois cette œuvre comme une représentation de l’être humain face aux fardeaux qu’il rencontre quotidiennement, perdu entre technologies et pression sociale.
Emily T. (États-Unis, 27 ans)
Calydon produit l’une des réactions les plus viscérales. À première vue, il s’agit d’une créature vivante qui rôde dans les couloirs du bâtiment, prête à bondir sur le premier passant qui effectue un mouvement soudain. Cette illusion visuelle est précisément ce qui entraîne le spectateur dans la mythologie de la bête : plus on essaie de la tuer avec les javelots, plus elle prend vie. Sa position défensive, l’envergure même de sa forme et la présence des armes évoquent une certaine violence. Cette violence n’est pas atténuée par l’aspect coloré des cordes qui forment son corps, et même si les éléments qui constituent cette œuvre sont familiers, ils prennent un aspect tout à fait sombre.
SOUCHES
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Sophie C. (France, 23 ans)
Personnellement, cela m’évoque quelque chose de fantastique, de magique, que l’on peut trouver dans un conte de fées. J’ai l’impression que les tuyaux d’arrosage sont vivants et capables de bouger à tout moment. Aussi, le sommet des souches me fait penser à des ruches, on dirait que quelque chose risque d’en sortir à tout moment. L’arbre fait de tuyaux d’arrosage nous rappelle que la nature est vivante. Il est difficile de s’en rendre compte au premier regard (on ne voit pas grandir un arbre de nos yeux, par exemple). J’aime aussi le fait qu’il n’y ait pas de feuille car cela nous ramène à quelque chose de brut et d’essentiel de l’existence de l’arbre. C’est par la souche qu’un arbre naît et prend racine. Il ne cherche pas à nous attirer ou à nous amadouer, il revient juste à l’essentiel et il suffit d’apprécier l’œuvre.
NIOBE
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Pauline G. (Monaco, 23 ans)
Le mélange entre l’aspect classique de la tête de la statue, et les couleurs des larmes est pour moi une réelle rencontre entre le monde contemporain et l’art mythologique classique. Peut-être aussi entre l’ancien temps et notre monde aujourd’hui. Les larmes de couleur représenteraient notre société moderne (le mix des cultures, des nationalités, des sexualités, des réligions, que l’on retrouve toutes ici et qui se rassemblent). Ces larmes viennent d’une des premières formes de représentation humaine.
Xiaoyi Z. (Chine, 24 ans)
Les larmes sont un moyen d’exprimer des émotions. Les lignes de ces larmes sont très longues, aussi fortes que les émotions que l’on traverse collectivement. Cette œuvre peut représenter l’excitation ou la tristesse. Les larmes sont aux couleurs de l’arc en ciel, que l’on peut voir comme la représentation de la communauté LGBTQIA+. L’excitation, c’est le fait que notre société soit inclusive et faite de différences. La tristesse, c’est qu’encore beaucoup dans le monde ne s’identifient toujours pas aux valeurs d’ouverture véhiculées par cette communauté et ont encore besoin de se battre pour leurs droits.
N’est-ce pas là une définition de l’accessibilité ? Donner à penser avec plaisir pour faciliter le passage à un univers jusqu’alors perçu comme éloigné ? Puisque la nature revient au cœur du jeu, allons-nous rejouer comme avant ou réussirons-nous à changer les règles? Le terrain ? Les joueurs ? Chacun pourra s’interroger à sa guise, autour de ces œuvres inspirantes. On se surprend à sourire ! C’est vrai que c’est amusant. Le visiteur est toujours capable d’organiser sa propre pensée, mais c’est lorsqu’il se laisse aller à l’œuvre que s’élargit soudain le champ de réflexion. Celles de Laurent Perbos sont surréalistes, incompréhensibles, et joyeusement subversives ! Une merveilleuse façon d’ouvrir le monde des possibles. C’est agréable, on a l’impression de déjà-vu/entendu, ou pas, justement ?
Pour visiter l’exposition virtuellement avec l’artiste, c’est par ici :
Et dans le réel c’est auprès de Kedge Arts School : [email protected] ainsi que pour toute demande d’information sur l’expertise et les programmes en management des arts de Kedge. Join us !