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Dare Me: les cheerleaders les plus intéressantes au monde (ou presque)
Je suis probablement la seule personne au monde à ne pas avoir regardé la série Tiger King: Murder, Mayhem & Madness. Pas que ça ne m’intéresse pas – il ne faut pas avoir de pouls pour ne pas être au moins intrigué par des histoires de tigres, de drogue et de rednecks américains aux coupes de cheveux qui défient l’imagination – j’étais juste occupé à regarder une autre série. Elle vous intriguera peut-être si vous avez terminé les folles aventures de Joe Exotic, Carole Baskin et compagnie.
J’oserai même aller plus loin : Dare Me, originalement diffusée plus tôt cet hiver sur USA Network et disponible sur Netflix depuis moins de deux semaines, est probablement LA meilleure série que vous n’avez pas encore vu.
Ça parle de quoi?
Adapté de l’excellent roman de Megan Abbott par Megan Abbott elle-même (toujours bon signe), Dare Me est l’histoire d’un groupe de cheerleaders d’une école secondaire en Ohio. Sans leadership et sous l’emprise de Beth (Marlo Kelly), une ado rebelle aux comportements autodestructeurs, l’escouade est confiée à Colette French (Willa Fitzgerald), une ancienne cheerleader qui revient à Sutton Grove pour diriger une équipe dont elle a déjà fait partie.
La protagoniste de la série est Addy Hanlon (l’incroyable Herizen Guardiola), une jeune adolescente au potentiel infini, qui doit gérer ses relations compliquées avec sa meilleure amie Beth et sa nouvelle entraîneuse, qui est son premier vrai modèle de vie. Sauf que Colette French est une jeune femme aux multiples démons qui n’hésite pas à se servir des autres pour régler ses problèmes.
Pourquoi devriez-vous regarder?
Les petites villes, ce sont souvent des endroits où grandir est compliqué. Les adultes qui nous entourent ne voient plus au-delà des limites géographiques de la région et ne comprennent pas pourquoi on rêve de quelque chose de différent. Ils perçoivent leur environnement comme étant sous contrôle et sécuritaire, même si ce n’est pas toujours le cas. Une dynamique encore plus présente aux États-Unis, où aller à l’université et s’affranchir de sa classe sociale n’est bien souvent qu’un rêve dispendieux et inaccessible.
Dare Me capture avec brio cet étrange sentiment claustrophobe qui habite plusieurs jeunes qui grandissent dans de petites villes et la complexité des interactions entre personnes qui ont grandi ensemble sans nécessairement avoir de points en commun.
C’est le problème qui habite Addy, qui souhaite décrocher une bourse d’études en cheerleading afin de pouvoir sortir de Sutton Grove. L’arrivée de Colette French est la preuve que c’est possible pour elle, donc Addy s’accroche à son entraîneuse avec l’espoir qu’elle l’aidera à accomplir son rêve. Mais c’est pas facile d’être jeune, intelligente et pleine d’espoir pour le futur quand on est mal entourée. Quand on ne peut pas choisir vers qui se tourner pour nous donner l’exemple.
Dare Me capture avec brio cet étrange sentiment claustrophobe qui habite plusieurs jeunes qui grandissent dans de petites villes et la complexité des interactions entre personnes qui ont grandi ensemble sans nécessairement avoir de points en commun. C’est complexe, tendu, nuancé… bref ça avait tout pour me plaire.
Est-ce que c’est pour tout le monde?
Les audiences peuvent grossièrement être séparées en deux catégories: celle qui comprend l’action et celle qui comprend la tension. D’habitude, une excellente série comprend les deux éléments. Westworld et True Detective sont, par exemple, deux séries où action et tension se côtoient harmonieusement. Dare Me, c’est une célébration de la tension, du non-dit et de l’éventail de sentiments qui peut être évoqué entre deux lignes de dialogue.
Ça se peut que vous regardiez un ou deux épisodes de Dare Me avant de vous dire: «Putain, il se passe rien dans cette série.»
L’écriture de Megan Abbott est électrique. On y sent le poids du passé entre deux personnes autant dans les mots que dans les silences.
Ça ne veut pas dire que vous êtes con ou que vous êtes incapable d’apprécier la tension. Juste que vous avez besoin que vos personnages prennent des actions concrètes à chaque épisode. Si vous êtes plus sensible à la tension qu’à l’action, vous allez comprendre la beauté de Dare Me en 30 secondes. L’écriture de Megan Abbott est électrique. On y sent le poids du passé entre deux personnes, autant dans les mots que dans les silences.
Ma compagne avec qui j’ai regardé la série en rafale sur une période de 24h remarquait également que Dare Me illustre très bien les nuances de la sexualité féminine, plus liée aux émotions et aux moments forts que celle des hommes. Je ne peux pas vraiment me prononcer là-dessus, mais je vous confirme que c’est très psychosexuel comme série!
En terminant, si vous aimez la série, je ne peux que vous conseiller les romans de Megan Abbott, plus particulièrement The End of Everything. Un autre bijou sur les petites villes en apparence tranquilles.