Logo

Dans les coulisses de The Phoenix Experience de Charlotte Cardin

La chanteuse nous a invités dans son univers créatif de feu.

Par
Laïma A. Gérald
Publicité

« A fist full of kisses, XOXO / For your list full of bitches, XOXO »

La voix de Charlotte Cardin, reconnaissable entre mille, résonne dans l’immense studio où aura bientôt lieu The Phoenix Experience, le lancement virtuel de Phoenix, son tout premier album en carrière.

« C’est qui l’homme qui chante en duo avec Charlotte, qu’on entend ? » que je demande naïvement à Laurie, productrice exécutive et label and artist manager chez Cult Nation, le label de la chanteuse montréalaise. « Tout le monde nous demande ça. En fait, c’est la voix de Charlotte qui a été baissée de quelques tons. C’était une erreur à la base, mais l’équipe a aimé ça. Donc XOXO, c’est comme un duo avec elle-même ! », m’explique-t-elle en chuchotant pour ne pas déranger l’équipe de tournage.

Dans les coulisses de The Phoenix Experience

Charlotte Cardin est debout, au milieu d’un décor feutré, un peu magique qui ressemble à une forêt.

Publicité

Silence sur le plateau. Charlotte Cardin est debout, au milieu d’un décor feutré, un peu magique et qui ressemble à une forêt. « Alone in your garden / Askin’ now for your pardon / Oh be kind, hold yours in mine, hold yours in mine / The hands of a child ». La chanteuse fait des allers-retours entre le plateau et le moniteur, derrière lequel se tient toute une équipe de tournage. « La lumière tombe vraiment bien comme ça », lance un jeune homme derrière son masque, en pointant l’écran. « Est-ce qu’on peut essayer avec un autre angle de caméra ? » suggère Charlotte, concentrée, patiente, impliquée. « Yes, you are right, let’s do this », lui répond un autre membre de l’équipe.

Gaëlle Leroyer
Gaëlle Leroyer
Publicité

Charlotte enfile un débardeur par-dessus son t-shirt, avant de retourner sous les projecteurs. À ses côtés, en coulisses, c’est Maddy Denley, la directrice artistique, qui veille à l’esthétique des vêtements et des décors. On me souffle que Maddy vient de L.A. et qu’elle travaille avec Drake, entre autres. Je regarde autour de moi, et prends conscience de l’envergure de ce qui se trame ici.

« A fist full of kisses, XOXO / For your list full of bitches, XOXO », chante Charlotte à demi-voix. En tant que journaliste invitée sur le plateau, je me fais toute petite, j’observe discrètement. J’assiste à la même scène plusieurs fois, mais je ne me lasse pas, comme hypnotisée par la voix et la présence magnétiques de la chanteuse.

Just to come back like a phoenix

« Symboliquement, c’est très puissant de sortir son premier album, me confie Charlotte Cardin, que j’ai pu joindre au téléphone. Sur le plan personnel, l’album représente vraiment une partie de ma vie, pendant laquelle il s’est passé énormément de choses significatives. Sentimentalement, je le porte très proche de mon cœur. C’est une libération. »

« On a décidé de tirer profit des contraintes pour ne se mettre aucune barrière. On a voulu dépasser la simple captation d’un show live et plutôt créer une expérience visuelle immersive. »

Publicité

Quand Charlotte Cardin et son équipe ont commencé à travailler sur l’album il y a environ 3 ans, personne ne savait qu’une pandémie mondiale s’abattrait sur la planète. « Sortir un album sans savoir quand on pourra partir en tournée et partager les chansons avec un public, ça me brisait le coeur, avoue la chanteuse, qui considère que sa musique prend tout son sens quand elle se déploie sur une scène. Toutes ces chansons, je les ai écrites et créées en pensant à leur performance scénique. Certaines sont plus intenses vocalement, d’autres moins, mais tout est réfléchi et équilibré dans le but de donner un bon show. Donc de me dire: “je ne sais pas c’est quand la prochaine fois que je vais pouvoir faire un vrai spectacle”, ça me faisait énormément de peine ».

Gaëlle Leroyer
Gaëlle Leroyer
Publicité

C’est de là qu’est né The Phoenix Experience, une performance d’envergure à mi-chemin entre le long-métrage, le clip et le concert en live stream, que les gens, où qu’ils soient dans le monde, pourraient voir en simultané. Ce sera aussi la première fois que Charlotte Cardin et ses musiciens joueront l’album dans son intégralité. Et ce qui était initialement un plan B imposé par les contraintes sanitaires ne l’est pas resté bien longtemps. « Je ne vois plus du tout tout ça comme un plan B, admet Charlotte, qui perçoit désormais la formule comme une nouvelle façon de faire vivre sa musique. On a décidé de tirer profit des contraintes pour ne se mettre aucune barrière. On a voulu dépasser la simple captation d’un show live et plutôt créer une expérience visuelle et musicale immersive. On est vraiment sortis de notre zone de confort, on s’est dépassé créativement, on a appris énormément de choses. C’est le projet sur lequel on travaille le plus fort depuis plusieurs mois. J’en suis très fière ! »

Des chansons comme des tableaux

« J’associe beaucoup mes chansons à des couleurs, à des textures, à des éléments qui vont au-delà des paroles »

Publicité

Quand elle décrit le processus créatif de The Phoenix Experience, Charlotte emploie les mots « canevas », « tableaux », « couleurs ». Concevoir une expérience pareille lui apparaissait effectivement comme une grande toile blanche, sur laquelle elle pouvait laisser libre cours à ses idées, afin que sa musique prenne vie. « J’associe beaucoup mes chansons à des couleurs, à des textures, à des éléments qui vont au-delà des paroles, m’explique la Montréalaise au bout du fil. Avec l’équipe, on est souvent partis de ces flashs initiaux, ces instincts-là pour créer des univers scéniques, des tableaux précis, des moods pour faire vivre chaque chanson. Notre but est de prendre le public par la main et de l’amener avec nous sur le chemin créatif de l’album et du show. »

Charlotte m’invite dans son univers et je me laisse guider. Pour elle, la pièce Romeo, une chanson qu’elle qualifie de « moody et feutrée » est mauve foncé, baignée d’une lumière assez chaude. Je ferme les yeux, je le vois.

Gaëlle Leroyer
Gaëlle Leroyer
Publicité

En plongeant dans cet univers synesthésique digne de la poésie de Baudelaire, Charlotte fait apparaître d’autres symboles. « Il y a beaucoup de références au phoenix dans le spectacle, m’indique l’artiste. Ça passe par des références à des oiseaux, des cendres, du feu, des lumières chaudes, de la fumée. On a voulu inclure ce symbole-là parce qu’il traverse l’album. »

La chanteuse m’explique que si le feu est un élément central de sa démarche, l’eau est aussi également très importante pour elle. « Sur l’album, il y a plusieurs titres qui commencent avec des sons de pluie. Il y a beaucoup de chansons que j’imaginais bleues quand je les écrivais. Par exemple, le clip de Sad Girl est hyper bleu visuellement. Donc oui, le phoenix est un symbole central, mais l’album et le show sont aussi traversés par des textures, des accents de feu et d’eau. »

Gaëlle Leroyer
Gaëlle Leroyer
Publicité

I am singing my love for you

« on voulait absolument revisiter, réexplorer certaines versions des chansons, pour que les gens n’aient pas juste l’impression d’écouter l’album »

Plus je discute avec une Charlotte Cardin passionnée, lumineuse (même au téléphone, faut le faire !) et inspirée, plus je prends conscience de la singularité de The Phoenix Experience, un rendez-vous auquel ont assisté plus de 12 000 personnes le jeudi 29 avril. « Au-delà de l’aspect visuel, c’était important pour nous de réfléchir à la cohérence sonore du spectacle, indique-t-elle. On a réfléchi longtemps à la set list, donc la progression des titres , pour créer une expérience sensorielle. Aussi, on voulait absolument revisiter, réexplorer certaines versions des chansons, pour que les gens n’aient pas juste l’impression d’écouter l’album, qu’on a lancé il y a une semaine. Il y a certains titres qu’on propose en version acoustique, d’autres auxquels on a ajouté des éléments avec le band live. Rien n’est laissé au hasard. »

Publicité

Si Charlotte considère que The Phoenix Experience contribue à son épanouissement créatif, cela a également comporté son lot de défis. « Ce que je trouve le plus difficile, c’est de devoir performer avec la même énergie que pendant un show live, mais sans le public, m’explique l’artiste. C’est une espèce d’entre-deux auxquels je ne suis pas habituée. Je suis contente de l’explorer et ça s’est bien passé au final. L’énergie du décor et du plateau m’a nourrie. »

Gaëlle Leroyer
Gaëlle Leroyer

Bien que l’expérience réserve des surprises au public, une part de découverte attend également Charlotte. En effet, elle n’avait pas encore eu la chance de jouer l’intégralité des chansons avec le band. La performance live des morceaux est donc aussi nouvelle pour elle que pour les spectateurs. « Il y a des chansons qu’on jouait pour la toute première fois. Alors de le faire dans un décor aussi immersif, et représentatif des univers que j’avais en tête quand je composais les chansons, c’est vraiment précieux. J’ai même la chance de chanter avec une chorale. Ces temps-ci, ce n’est pas donné à tout le monde de chanter en étant entouré de 10 voix aussi puissantes. C’était un des plus beaux moments musicaux que j’ai vécu depuis longtemps. En plus, c’est une idée qu’on a eue au dernier moment et on a réussi à trouver 10 personnes incroyables et disponibles à la dernière minute. Les étoiles étaient alignées. »

Publicité

Si vous n’avez pas eu la chance de voir le spectacle en live stream jeudi 29 avril, vous avez jusqu’au dimanche 2 mai à 17h pour vous procurer un billet.

XOXO.

Gaëlle Leroyer
Gaëlle Leroyer