Logo

Dans l’atelier de couture des slips contraceptifs pour hommes

Les dessous de l'association Garcon à Toulouse. It's time to slip!

Par
Capucine Moulas
Publicité

Depuis le mois de septembre, la jeune association Garcon organise des ateliers de couture hebdomadaires à Toulouse pour apprendre à faire soi-même des sous-vêtements contraceptifs sur-mesure. On a testé pour vous.

Dans le salon de Robin Lenogue à Toulouse, la table est chargée. Des bobines de fil, des aiguilles, des chutes de tissu, une machine à coudre, de la bière et des chips… on pourrait croire à l’arrière-boutique d’une étrange mercerie où l’on parle « testicules », « scrotum », « verge » et « sperme » sans aucune gêne. Une fois par semaine depuis le mois de septembre, l’association Garcon propose un atelier de couture en petit comité, gratuit et ouvert à tous, pour apprendre à fabriquer des « jock-straps », des sous-vêtements contraceptifs pour hommes.
Adrien Blanchet, un mathématicien de 42 ans, est venu coudre son deuxième slip sur-mesure pour soulager sa compagne qui ne souhaitait plus prendre de pilule contraceptive. C’est en octobre dernier qu’il a rencontré Erwan Taverne, à l’origine de l’association, et Robin Lenogue un ingénieur de 30 ans qui, malgré sa vasectomie récente, s’est investi pour sensibiliser à cette méthode de contraception peu connue.

Publicité

Ce qui a réuni ces hommes autour d’une machine à coudre : « Arriver à un partage de la charge contraceptive », explique Erwan Taverne le nez penché sur son fil. Tout a commencé pour lui avec le docteur Roger Mieusset, un andrologue (spécialiste de la santé masculine) au CHU de Toulouse. Il est aujourd’hui le seul médecin pratiquant en France à prescrire des méthodes de contraception masculine en assurant un suivi complet.

Sa spécialité : la méthode thermique, naturelle et réversible, qui consiste à rendre le sperme infertile en augmentant la température des testicules par le port d’un sous-vêtement spécial, le bien nommé « boulocho ». « Le principe est très simple, poursuit Erwan Taverne. Les spermatozoïdes ne sont produits que dans un environnement frais. On fait remonter les testicules à l’intérieur du corps dans le canal déférent pour les maintenir à une température de 36 ou 37 degrés, ce qui permet de réduire la production de spermatozoïdes à moins d’un million par millilitre, en dessous du seuil de fertilité. On contrôle ensuite régulièrement par spermogrammes pour vérifier que la méthode fonctionne bien. »

Publicité

Pour assurer le maintien des testicules, il faut donc porter un slip spécial 15 heures par jour, pendant la journée. « C’est comme s’habituer à porter des lunettes ou une montre », compare le professeur de physique-chimie, qui utilise cette méthode avec succès depuis trois ans et demi. Il a décidé de s’engager à faire connaître la méthode et de développer le « jock-strap », une version « plus ergonomique et plus sexy » des slips du Dr Mieusset, pour lequel 5 euros sont demandés aux participants pour rembourser les matières premières.

« Il suffit d’avoir des élastiques de boxer, des bretelles de soutiens-gorge et des chaussettes pour enfants en pointure 19-22 qui servent à faire les anneaux péniens », énumère le patient-expert.

« Ce qui est long au début, c’est de prendre ses mesures. D’autant plus que beaucoup de gens qui viennent ne savent pas coudre. Une fois le premier fait, ça peut aller très vite », constate le militant qui met en moyenne une heure à réaliser un « jock-strap » complet. Le but pour ces couturiers en herbe : rassembler leur savoir-faire et les bonnes pratiques des groupes actifs en France pour exporter leurs ateliers dans d’autres villes. Adrien Blanchet, qui repart avec son second slip au bout de trois heures, est conquis par la méthode : « J’en suis très fier. Il est temps que les choses changent. »

Publicité