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Cyril Kérébel, le Breton qui croyait au vin québécois

Portrait-éclair d'un amoureux du terroir sans complexes.

Par
Lucie Piqueur
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URBANIA et Brome-Missisquoi s’unissent pour vous faire découvrir des gens qui font rayonner la région.

L’amour du vin et le respect de la nature : c’est pour célébrer ses deux passions que Cyril Kérébel a créé l’agence de vins La QV, il y a 12 ans.

Originaire de Bretagne, c’est là qu’il a suivi une formation de caviste avant de travailler quelques années dans un vignoble alsacien. Mais c’est finalement l’amour d’une femme qui l’a poussé à traverser l’Atlantique. À son arrivée dans la Belle Province, Cyril a tout de suite été impressionné par l’ouverture d’esprit des amateurs de vin et le dynamisme des vignerons locaux. En 2004, le bio n’était pas encore à la mode, mais ils étaient déjà nombreux à vouloir adopter une culture des vignes plus raisonnée.

C’est pourquoi chaque mercredi pendant un an, Cyril a parcouru les régions à la rencontre de ces producteurs motivés. C’est à ce moment-là que Brome-Missisquoi, avec ses microclimats et sa proximité de Montréal, lui a tapé dans l’oeil. Ça tombe bien, à l’époque, c’est le seul de sa gang de sommeliers qui avait une voiture, donc c’est lui qui avait le contrôle du GPS.

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Le vin québécois sans compromis

Il y a 15-20 ans, la mode, parmi les retraités confortables, c’était d’aller se partir un vignoble dans le coin de Dunham. On espérait couler des jours heureux dans un cadre bucolique et profiter des saisons de culture plus longues qu’ailleurs. Sauf que dans le temps, on n’assumait pas le goût particulier des vins québécois. Pour masquer l’acidité due au climat (c’est pas la Californie, mettons), on avait tendance à rajouter du sucre dans notre vin. Heureusement, au moment de lancer son agence, notre sommelier breton a refusé de se joindre au rang des snobs de vin français. Peu importe la tendance, lui, dès le début, c’est sur les vins québécois et bio qu’il voulait miser.

«Je voulais représenter des vins digestes, et dont on n’essaie pas de couvrir la spécificité avec des produits chimiques.»

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«En Alsace, j’ai eu la malchance de travailler dans un vignoble où on mettait beaucoup trop de chimie partout. J’ai vu quel genre de “soupe” le vin pouvait devenir. Moi, je voulais représenter des vins digestes, et dont on n’essaie pas de couvrir la spécificité avec des produits chimiques.» Au début, Cyril s’est un peu fait rire de lui. Du vin d’ici? Et bio, en plus? Mais que dirait Saint Émilion?

Le savoir-faire, ça goûte bon

Et puis, peu à peu, il a travaillé à faire comprendre à ses clients qu’un vin n’est pas moins bon parce qu’il goûte autre chose. Pour lui, le climat particulier du Québec, son terroir et le savoir-faire de ses vignerons, c’est tout ça qu’on savoure dans un bon vin nature d’ici. Le domaine Les Pervenches, dont il est le distributeur, est un bon exemple de sa philosophie. Mike et Véro travaillent en amoureux les 3 hectares de vignobles qu’ils possèdent en face de chez eux, à Farnham.

En 2009, ils sont devenus les pionniers québécois de la viticulture biodynamique, une culture qui dépasse carrément le bio et prend en compte tout l’écosystème spécifique du vignoble et la symbiose entre les éléments.

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En 2009, ils sont devenus les pionniers québécois de la viticulture biodynamique, une culture qui dépasse carrément le bio et prend en compte tout l’écosystème spécifique du vignoble et la symbiose entre les éléments. Exactement le genre de producteurs sur qui la QV voulait miser. 10 ans plus tard, Les Pervenches sont presque toujours sold out (il vient d’ailleurs tout juste de gagner un Laurier). Les consommateurs n’ont plus honte de leur terroir québécois naturel. Et tout ça, c’est un peu grâce à Cyril, le Breton qui croyait au vin québécois.

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