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Cryptomonnaie et NFT : la grosse facture environnementale

Va falloir planter beaucoup de .jpg d'arbres pour compenser ça.

Par
Pier-Luc Ouellet
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La cryptomonnaie et les NFT semblent être devenus la nouvelle ruée vers l’or du Far West virtuel, où les apprenti.e.s prospecteurs et prospectrices tentent de trouver la monnaie ou l’image qui se transformera en or dans cet océan de monnaies avec des noms de mèmes.

Toutefois, ce qu’on oublie, c’est que si cette chasse à la richesse est virtuelle, ses conséquences environnementales, elles, sont bien réelles.

Mais à quel point est-ce polluant ? Et est-ce inévitable, ou cette industrie naissante peut-elle devenir plus verte ?

On regarde tout ça !

C’est quoi de la crypto et des NFT ?

Première affaire : c’est quoi ces choses-là ? On a beau entendre parler de NFT et d’Ethereum à longueur de journée, c’est pas un concept clair pour tout le monde encore.

La cryptomonnaie

Commençons par la cryptomonnaie.

La plus connue est sans doute le Bitcoin, mais il existe plusieurs devises virtuelles: Ethereum, Dogecoin, même le Trumpcoin (évidemment).

Pour créer (ou miner, dans le jargon) de la cryptomonnaie, un ordinateur doit résoudre une série complexe d’équations mathématiques, ce qui demande beaucoup d’énergie.

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Ce qui différencie ces monnaies, c’est qu’il n’y a pas d’institution centrale qui les régule. Les transactions de cryptomonnaie sont plutôt inscrites dans la blockchain. Pour faire simple, chaque ordinateur qui participe à la blockchain possède une petite partie des informations. Pour y inscrire ou y modifier une information, il faut que tous les autres systèmes la reconnaissent, ce qui rend ce relevé virtuel à peu près impossible à pirater ou à falsifier.

Les NFT

Les NFT sont en quelque sorte un dérivé du même principe. Ils font d’ailleurs partie de la même blockchain que l’Ethereum.

NFT, ça veut dire « non-fungible tokens ». En gros, imaginez que c’est une étiquette que vous mettez sur quelque chose (ça peut être n’importe quoi : un gif, une image, un tweet) pour dire que ça vous appartient. Ensuite, tous ceux et celles qui consultent la blockchain peuvent voir que vous possédez cet objet virtuel, et vous pouvez le revendre à votre tour.

On simplifie : j’ai dessiné un arbre sur Paint.

On voit tout de suite l’inspiration «TFOU»
On voit tout de suite l’inspiration «TFOU»
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J’en ai fait un NFT, c’est-à-dire que j’ai inscrit dans la blockchain que je suis le détenteur de cette oeuvre. Bien sûr, vous pouvez faire copier/coller et utiliser cette superbe illustration comme fond d’écran sur votre ordinateur (on vous comprendrait !). Mais je reste le détenteur de « l’original », à moins que je décide de vous en vendre les droits.

Une bonne facture EDF

Bon, pourquoi ça serait polluant, tout ça ?

Chaque transaction de Bitcoin consommerait 1173 kilowattheures d’énergie, soit assez pour fournir une maison américaine en électricité pendant six semaines.

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Pour créer (ou miner, dans le jargon) de la cryptomonnaie, un ordinateur doit résoudre une série complexe d’équations mathématiques, ce qui demande beaucoup d’énergie. Les serveurs et autres systèmes informatiques qui gardent les données de la blockchain consomment aussi leur part d’électricité, si bien que l’Université de Cambridge estime que le Bitcoin, qui représente environ 40 % de la valeur de toutes les cryptomonnaies, consommerait environ 138,86 térawattheures par année, soit environ le quart de la consommation totale du Canada.

Chaque transaction de Bitcoin consommerait 1173 kilowattheures d’énergie, soit assez pour fournir une maison américaine en électricité pendant six semaines.

Et on vous le rappelle, on ne parle ici que du Bitcoin.

Et si l’électricité est plus ou moins propre en France (on ne lancera pas de débat sur le nucléaire dans cet article), ce n’est pas le cas partout où on mine de la cryptomonnaie.

Et qu’en est-il des NFT ?

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Comme on l’a dit plutôt, les NFT font partie de la chaîne de l’Ethereum, une cryptomonnaie assez populaire. Difficile donc de mesurer l’impact des NFT spécifiquement.

Et difficile de mesurer l’impact en gaz à effet de serre (GES) de l’Ethereum, puisqu’il est quasiment impossible de déterminer l’origine de l’électricité consommée par les systèmes qui produisent cette cryptomonnaie et qui prennent part à des transactions.

Difficile de donner un chiffre précis, donc. Mais une chose est sûre : c’est un très, très gros chiffre.

Condamné à polluer ?

Est-ce que ça veut dire que toutes ces crypto-patentes sont condamnées à être polluantes ?

En septembre dernier, la consommation d’énergie du Bitcoin avait déjà dépassé celle de l’année 2020 au complet.

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D’un côté, le bilan s’améliore. La Chine a limité qui a le droit de miner de la cryptomonnaie, retirant du même coup plusieurs machines désuètes et inutilement énergivores.

Face aux coûts qui augmentent sans cesse, plusieurs mineurs de cryptomonnaies déplacent leurs équipements vers des régions qui offrent une énergie propre peu coûteuse.

De nouvelles technologies visent aussi à rendre les processus de la blockchain moins énergivores, comme l’Ethereum 2.0, qui minimiserait grandement la demande énergétique.

Ça, c’est le positif.

Le négatif, c’est que l’intérêt pour la cryptomonnaie ne cesse de croire, et du même coup, le nombre de transactions. En septembre dernier, la consommation d’énergie du Bitcoin avait déjà dépassé celle de l’année 2020 au complet. On risque de battre ce record à nouveau en 2022.

Et comme on fait face à une crise climatique sans précédent qui ne va que s’aggraver dans les prochaines années, peut-on vraiment se permettre de dépenser plus d’énergie que la consommation totale de plusieurs pays pour se payer des gifs de singes puis des monnaies au nom de Donald Trump ?

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