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Cri du coeur : « Nous ne sommes pas que des “flux migratoires”, nous sommes des humains en danger de mort »

Un étudiant afghan du lycée français de Kaboul appelle à l'aide.

Par
Anonyme
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Je m’appelle Ahmad, j’ai 17ans. Je suis Afghan, j’habite à Kaboul. J’étudie la langue française depuis 2019 à l’Institut français d’Afghanistan (IFA) et je suis aussi élève au lycée français Esteqlal.

Depuis ce 15 août 2021, ma vie a radicalement changé. Jamais je n’aurais imaginé vivre un tel retournement de situation. Le monde entier le sait mais rien ne bouge : les talibans ont repris le pouvoir, ils inspectent nos maisons et certains de nos compatriotes sont tués simplement parce qu’ils osent porter fièrement notre drapeau national.
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Je ne crois pas du tout aux paroles des talibans, leurs actes parlent pour eux, ils ont du sang de milliers de personnes sur les mains. On oublie rien.

Faut-il rappeler que les talibans qui ont commis des atrocités lorsqu’ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001, en imposant leur version ultra-rigoriste de la loi islamique, sont toujours actifs dans le mouvement aujourd’hui ? Ils n’ont pas changé. Seule nouveauté qui joue contre nous et qui brouille les pistes : ils maîtrisent mieux les codes de la communication et ont une meilleure stratégie diplomatique. À part cela, leur barbarie reste identique à celle qui fait frémir le reste du monde.

Depuis cette semaine, nos écoles sont fermées. L’image des femmes s’efface dans les rues de Kaboul : peu de temps après la prise du pouvoir par les talibans, les affiches et photos de femmes visibles sur certains vitrines sont masquées ou vandalisées. Les talibans reprennent leur place, et nos vies. Mais de quel droit ?
J’ai contacté l’ambassade de France à plusieurs reprises par mail et via Twitter, personne ne me répond. Je sais que les diplomates et activistes sont très occupés par les temps qui courent. Je le conçois et le comprends car la situation est grave : je fais partie des victimes ou survivants, je ne sais plus.
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Nous ne sommes pas que des “flux migratoires”, nous sommes des humains en danger de mort. On en a assez de la guerre et de sa violence collatérale. On veut la paix et le progrès. Nous ne sommes pas des “terroristes” en puissance mais les premières victimes du terrorisme. Ne faites pas d’amalgames.

Je vais continuer à tweeter à l’aide, jusqu’à ce que l’ambassade de France me réponde et que ma vie soit en sécurité. Notre situation est désastreuse et inhumaine. Ne nous oubliez pas. Faites-nous signe.
Si vous cherchez à aider Ahmad, écrivez-vous directement à [email protected]