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COVID-19: le stress des résidents temporaires au Canada

Parmi eux, de nombreux Français évidemment.

Par
Emma Villiers
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La propagation du COVID-19 impacte le monde entier et bouleverse nos vies. Certains se retrouvent au chômage partiel ou technique, d’autres perdent leurs jobs du jour au lendemain. Et puis il y a celles et ceux qui, en plus de tout cela, se retrouvent bloqués dans un pays étranger… C’est notamment le cas de certains Français installés au Canada.

Le 16 mars 2020, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a annoncé qu’il fermait les frontières pour freiner la progression du coronavirus. « Nous fermerons nos frontières aux gens qui ne sont pas citoyens ou résidents permanents du Canada », a-t-il déclaré en conférence de presse. Autant dire que le stress et la pression ont monté pour celles et ceux qui ne sont ni résidents permanents ni citoyens. On a discuté avec certains d’entre eux dont l’avenir est plus incertain que jamais.

Ysaline Vranken, une Belge avec un permis de travail ouvert

Elle est coach et formatrice dans une entreprise du secteur des nouvelles technologies et vient d’être mise à pied car son employeur n’est plus en mesure de la payer. Côté statut, elle détient un permis de travail temporaire ouvert.

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« J’ai été relativement interpelée par le discours de Justin Trudeau concernant les résidents temporaires du Canada, particulièrement par le manque d’inclusion des travailleurs temporaires qui sont pourtant une force et une chance pour l’économie canadienne », nous confie Ysaline avant de souligner que le Premier ministre canadien met tout en oeuvre pour protéger les citoyens canadiens et résidents permanents. « Mais que pour les « autres », c’est très flou. »

« Nous sommes considérés comme une ressource jetable à la moindre difficulté (…). La situation de l’immigration nous plonge déjà dans la précarité administrative, alors en période de crise… »

Sa crainte ? « Passer sur un statut d’immigration illégal ». Effectivement, dans le cas où Ysaline ne renouvelle pas son permis et se retrouve dans l’incapacité à travailler pour un nouvel employeur, elle ne possédera plus de statut légal aux yeux du gouvernement canadien. Kafkaïen.

Paul Soulivan, cuisiner en formation avec un PVT

Il est aujourd’hui, lui aussi, dans une situation précaire en raison du coronavirus. « Je suis cuisinier. Notre seule et unique activité est le traiteur. Autrement dit, nos uniques clients ce sont les sociétés. Sans leurs commandes, nous ne travaillons pas », explique-t-il simplement. « Je ne sais pas encore comment je vais subvenir à mes besoins ». Paul reste très anxieux face à son futur.

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« On ne sait pas, concrètement, ce qu’on va devenir en tant que non citoyens et non résidents permanents. (…) Je dois prendre mon mal en patience », ajoute-il.

Thaïs Despont, jeune professionnelle, en stage depuis moins d’un mois à Toronto

La situation de Thaïs reste stable pour le moment. Elle est en télétravail et touche toujours son indemnité de stagiaire, seul revenu qu’elle avait d’ailleurs prévu pour son séjour au Canada. « Moi j‘ai surtout peur que quelque chose de grave arrive à mes proches en France, et que je ne puisse pas les rejoindre », confie Thaïs, préoccupée.

Emilie Ayache, PVTiste à Toronto

Elle avait trouvé un job temporaire pour 4 mois (d’octobre 2019 à février 2020) et en cherchait un autre pour le mois d’avril. Mais tous ses entretiens sont désormais « en stand-by ou annulés », alors son retour en France était envisagé. « J’hésitais à prendre un vol retour, mais ma famille m’a conseillé de rester à Toronto pour ma sécurité d’un point de vue sanitaire », souligne Emilie. « Il y a des moments où j’ai envie de pleurer, je ne suis pas croyante mais je prie ».

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Marie-Alix, en PVT à Chicoutimi depuis mai 2019

Comme la majorité d’entre nous, Marie-Alix est en télétravail à la maison. Elle respecte les règles de confinement et limite ses déplacements au maximum. « Il y a des jours où je me dis que je vais devoir rentrer en France sans avoir fini mon PVT et sans pouvoir demander ma résidence permanente, d’autres fois où je me dis que tant que je travaille, je vais pouvoir rester », raconte celle qui n’est sûre de rien, comme tout le monde.

Victoire Jarcin, étudiante en droit et science politique à l’UQAM

« Je suis très déçue par le gouvernement français. On ne reçoit aucune information nous concernant. Pour ce qui est de l’ambassade et du consulat français à Montréal, ils ne savent strictement rien », raconte Victoire, étudiante à Montréal, désemparée.

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Du côté de l’UQAM, le personnel semble aussi dépassé par la situation. « Mes cours ont été totalement stoppés. Et on n’a pas de cours en ligne, donc pour nos partiels et notre travaux à rendre, on improvise », confie l’étudiante aussi pénalisée financièrement.

« Je ne peux plus aller travailler donc c’est compliqué aujourd’hui de subvenir à mes besoins. Et comme je suis étudiante étrangère, je ne peux pas profiter des subventions qu’offre le pays à ces concitoyens (…) : impossible pour moi de bénéficier du PCU (prestation canadienne d’urgence) », annonce celle qui a l’impression d’être livrée à elle-même. « J’aurais aimé être rassurée, un minimum. Mais j’ai l’impression qu’on nous oublie ».

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