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Comment se remettre en selle : la sexualité après bébé

Attention, ce n’est pas aussi facile que le vélo. 

Par
Gabrielle Thibault-Delorme
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La sexualité sert parfois à faire des bébés, mais les bébés marquent aussi une pause de la sexualité. Pour bien des parents, le retour à une vie sexuelle normale est sujet de préoccupations, et avec raison. Remonter en selle, ce n’est pas aussi facile que la bicyclette.

« Plusieurs aspects entrent en jeu, » explique Elie-Anne Gagnon, sexologue chez Unicité. « Certains impliquent la personne qui a accouché, d’autres le ou la partenaire, et d’autres, encore, relèvent de l’organisation familiale après la naissance d’un enfant. »

«On met beaucoup de pression pour le retour de la sexualité», trouve-t-elle. Notamment à blâmer : cette fameuse « règle » des six semaines…

Qu’est-ce que cette règle? « Il s’agit d’aspects purement physiques pour le retour à la sexualité », indique Élie-Anne Gagnon. En bref, les plaies, déchirures et autres conséquences physiques de l’accouchement devraient, à ce moment, s’être résorbées pour que la sexualité puisse reprendre, sans risque d’infection pour la plupart des personnes qui viennent d’accoucher.

Mais ce n’est pas parce que le corps est «prêt» que la tête, elle, l’est.

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Voici donc un survol des difficultés liées à la reprise de la sexualité et des trucs pour faire repartir doucement la machine.

Les difficultés vécues par la personne qui a accouché

Naturellement, la personne qui accouche doit récupérer physiquement des douleurs de l’accouchement et de la grossesse. Mais elle subira aussi un ensemble de chamboulements de nature psychologique à considérer au moment de la reprise des activités sexuelles. Par exemple, on dénote les fluctuations hormonales qui influent sur la libido et la santé mentale, en plus de la fatigue immense qui résulte de la fin de la grossesse, de l’accouchement et du début de la maternité.

« Passer à travers l’accouchement, c’est très banalisé, mais c’est beaucoup de changements en même temps, » dit Mme Gagnon. « Certaines personnes retrouvent le désir rapidement, mais pas toutes. »

Le passage du bébé pendant l’accouchement a aussi étiré les tissus, ce qui a pour effet de modifier les sensations vécues lors de l’acte sexuel. Ce qui marchait avant ne marche plus nécessairement et il faut redécouvrir son corps.

La personne qui accouche devient aussi (souvent) le parent par défaut. C’est sur elle que l’enfant reste collé, c’est elle qui a du mal à aller aux toilettes seule et c’est elle qui se lève le plus souvent la nuit.

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Résultat : une personne épuisée émotionnellement à force de constamment devoir répondre aux besoins d’un nouveau-né et une envie irrépressible que lorsqu’elle a enfin un peu de temps pour elle, elle n’a plus qu’une seule envie: s’isoler et (enfin) ne plus être touchée.

Parfois, la personne enceinte a aussi un ras-le-bol que son corps ait été considéré, pendant la grossesse et l’accouchement, comme une propriété publique. Certaines peuvent alors exprimer un fort désir de ne plus se dévoiler physiquement pendant un moment, et ça implique le ou la partenaire…

Si, en plus, cette personne allaite, le rapport à la poitrine se modifie. Ce n’est plus un organe sexuel, mais ce avec quoi on nourrit un enfant. De plus, les hormones sécrétées durant l’allaitement font généralement baisser la libido, en plus de causer de la sécheresse vaginale.

Finalement, l’estime de soi et le rapport au corps est bouleversé. Après une grossesse, la personne peut prendre du temps avant d’accepter son nouveau corps et de le voir comme un objet de désir.

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Les difficultés vécues par le ou la partenaire

De, tout se joue dans la tête. Une des plus grandes difficultés est la peur de faire mal, d’être la cause de nouvelles blessures.

De plus, on peut aussi avoir du mal à voir sa partenaire comme un être sexuel, maintenant qu’elle est devenue parent. Élie-Anne Gagnon tient à souligner que ce n’est pas la majorité, mais que cette pensée peut parfois influencer la sexualité de certains couples.

Finalement, on peut aussi avoir de la difficulté à comprendre sexuellement son ou sa partenaire. Les gestes posés avant l’accouchement peuvent ne plus fonctionner. Ne pas être en mesure de donner du plaisir autant qu’avant peut en refroidir plusieurs.

Les difficultés liées à la parentalité

On ne se mentira pas, les premières semaines de parentalité sont exigeantes et le sommeil est plutôt absent. Ce qui a souvent pour résultat que quand les parents se retrouvent enfin entre les draps, c’est pour y dormir.

L’organisation de la vie familiale et les disputes qui s’ensuivent vont aussi tempérer les ardeurs de bien des couples.

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Mais tout n’est pas perdu. Le plus important, selon Élie-Anne Gagnon, c’est de diminuer les attentes et la pression. « La sexualité évolue et change toute notre vie. Ça incite à redevenir curieux.ses. »

Elle suggère aussi d’abandonner la « sacro-sainte spontanéité » et de se réserver des moments de rapprochements. Il est aussi important, selon elle, de ne pas miser uniquement sur la pénétration, mais plutôt de penser à se faire plaisir et à se rapprocher.