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Comment négocier une augmentation en période de crise?
Demander une augmentation de salaire est un exercice stressant et compliqué en temps normal, alors le faire en pleine pandémie ça peut sembler déraisonnable.
Peut-être, mais en période d’instabilité économique, il est important d’être réaliste sans tomber dans le fatalisme. Le monde de l’entreprise étant ce qu’il est, un dirigeant aura toujours des besoins sur des fonctions clés. La voie est étroite, mais elle laisse la place à des occasions pour montrer sa valeur en tant qu’employé. Une valeur qui, au bout du compte, mérite récompense.
Oser aller demander
Ça commence par là. La première négociation est mentale et elle se fait avec soi-même. Je dirais que c’est même l’étape la plus importante parce que si on n’est pas convaincu qu’on mérite l’augmentation, il vaut mieux patienter.
La raison est simple: c’est vous qui allez devoir diriger la conversation. Vous allez présenter des faits et argumenter en vous appuyant dessus, puis vous serez challengé et il faudra se justifier en maitrisant sa rhétorique. Donc si la confiance n’y est pas, réfléchissez bien avant de débouler dans le bureau du patron.
Si ça fait quelque temps qu’on est dans la boite, la réflexion devrait venir assez naturellement. Mais la conviction qu’on mérite un meilleur salaire n’est une raison valable que pour soi, et débouler dans le bureau du patron en hurlant « DONNE MOI LA MOULA !! » n’est pas une technique que je recommande. Il va falloir un peu d’entrainement.
Être au courant de la situation de l’entreprise
C’est là où le facteur COVID entre en jeu. À quel point est-ce que l’entreprise et le secteur dans lequel elle évolue ont été affectés par la pandémie? C’est certain que si une grande partie de l’effectif a été mis à pied et que le patron parle de la suite avec incertitude, alors le moment n’est pas opportun. En revanche si l’entreprise a pu tirer son épingle du jeu en faisant pivot ou en étant un service essentiel, dans ce cas, la situation économique est probablement propice pour ce genre de demande.
Si vous ne les connaissez pas déjà, il est temps de se renseigner sur les résultats actuels de l’entreprise (et de votre service) en comparaison avec ceux des dernières années. Est-ce que la courbe est croissante? Est-ce que la boite a fait d’importants investissements récemment?
Il faut être informé de la situation à l’interne et le montrer lors de l’échange avec votre boss pour ne pas se faire écarter par un simple «ce n’est pas un bon moment pour l’entreprise».
Connaître sa valeur
Vous avez donné votre 110% pour que l’entreprise passe au travers de la crise sanitaire et vous avez été un élément clé pour assurer la transition vers le télétravail. Vous avez augmenté les revenus et réduit les coûts malgré la situation. Ce sont des bons points, mais il faut aller un peu plus loin pour démontrer sa valeur.
Ça commence encore une fois en se renseignant sur sa valeur sur le marché, une information qui peut être difficile à trouver. On peut se tourner vers Neuvoo qui propose un outil de calcul des salaires. Les résultats sont estimés et généraux, mais ils peuvent donner une première piste. On peut aussi scruter les offres d’emplois pour des postes similaires.
Si vous avez des chiffres pour soutenir vos réussites alors, livrez-les. Combien de nouveaux clients, de chiffre d’affaires, d’économies ou de bénéfices avez-vous apportés à l’entreprise? Présentez vos succès comme un avant-goût de ce que vous continuerez d’offrir au business. Profitez-en pour compiler le tout dans une présentation courte et visuelle qui appuiera votre demande.
Être force de proposition
L’augmentation de salaire peut être vue comme une récompense pour vos précédentes réussites, mais il faut également la présenter comme une avance pour vos futurs aboutissements.
En plus d’indiquer «j’ai fait ci, et j’ai fait ça», c’est important de montrer à votre patron que vous vous projetez, que l’augmentation accompagne la mise en place de nouvelles idées dont bénéficiera la compagnie. Avec la crise sanitaire, présentez un plan de relance pour l’entreprise ou pour votre secteur, apportez des solutions, bref montrez que vous êtes un élément proactif qu’il est préférable de conserver.
Pour trouver quoi proposer, il faut se mettre dans la tête de votre patron, manager ou directeur des ressources humaines. Quels sont les objectifs à court terme ? Est-ce que la crise sanitaire a mis en lumière de nouveaux problèmes? Est-ce qu’il faut passer un cap difficile ou se démarquer des concurrents? Bref, identifier les besoins et apporter des éléments de réponses.
Anticiper le «non»
Une règle d’or: éviter la confrontation. L’échange doit être cordial et professionnel. Si le ton de la voix commence à s’élever et que vous étalez votre frustration, vous lui donnez toutes les munitions pour dire non. Il est important de rester calme et d’argumenter à chaque question. Mais malgré votre bonne préparation, il y a une probabilité pour que la réponse soit tout de même non. Et là, quoi?
Réorientez la demande. Si c’est non pour l’augmentation du salaire fixe, amenez sur la table l’idée d’une prime ou d’un bonus pour l’année en cours. Fixez-la sur des objectifs de résultats en lien avec vos propositions pour la suite de l’entreprise.
Sinon, demandez de nouvelles responsabilités, une évolution de votre job qui s’accompagnera d’une augmentation lors d’un bilan sur vos performances dans six mois. Quoi qu’il en soit, proposez une période d’observation qui se soldera par un second rendez-vous, pour montrer que vous comprenez, mais que vous n’allez pas lâcher l’affaire facilement.
Si vous sentez que c’est le moment, pandémie ou pas, lancez-vous! L’important c’est d’être préparé.