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Comment modérer ses attentes quand on est perfectionniste
On a beau essayer de se convaincre du contraire, être perfectionniste, c’est pas une qualité. Dans une société de performance, c’est plutôt une malédiction, autant pour soi que pour les autres.
Pour soi, parce qu’on ne pourra jamais atteindre la perfection. Et pour les autres, parce qu’on alimente cette culture malsaine et capitaliste de « toujours mettre la barre plus haute ».
C’est pas compliqué, le perfectionnisme, tout le monde y perd.
Le perfectionnisme, une source de mal-être
Mais en fait, qu’y a-t-il de mal à être perfectionniste ? Qu’y a-t-il de tant négatif à vouloir se dépasser constamment, à viser la perfection ? L’élément de réponse est dans la définition même du concept.
On définit le perfectionnisme comme une « tendance excessive à rechercher la perfection en toute chose ». Ici, le mot clé qui nous intéresse est « excessive ».
Effectivement, il n’y a rien de mal à vouloir se dépasser. Le problème est de penser que si nous n’avons pas atteint la perfection dans ce qu’on entreprenait, on a échoué.
Là est la différence entre quelqu’un qui vise la perfection versus l’excellence. L’excellence nous donne envie de nous dépasser, et nous propulse vers le haut. Quant à elle, la perfection, inatteignable, ne fait que nous mener à l’insatisfaction.
Le problème : nos attentes
La personne perfectionniste est donc condamnée à ne jamais atteindre sa cible de réussite, ce qui l’entraîne dans un cycle de déception. Amère de sa performance précédente, cette personne se dit qu’elle se sent comme ça parce qu’elle ne se donne pas assez. Elle élève donc ses attentes pour son prochain projet, puis, sans surprise, n’atteint pas les résultats escomptés (parce qu’irréalistes).
S’installe alors un cercle vicieux qui affecte nécessairement l’estime de soi. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que les gens perfectionnistes finissent souvent en burnout ou en dépression. À force de vouloir toujours se pousser, on finit par atteindre l’effet inverse et on s’affale.
Il peut même arriver qu’on impose ces standards excessifs à notre entourage et à nos collègues, sans même s’en rendre compte.
Et si le problème n’était pas qu’on n’arrive jamais à atteindre le succès, mais plutôt notre définition du succès lui-même ?
Qui dicte les standards ?
Mais lorsqu’on est dans l’œil du cyclone, c’est difficile de prendre un pas de recul et de réaliser que même si on donnait notre 110 %, on ne pourra jamais grimper la montagne qu’on s’est soi-même construite.
Ayant moi-même fait un burnout, j’ai fini par comprendre que ce qui m’a mené à l’épuisement était ces attentes trop élevées que je me mettais personnellement, et celles trop floues de mon employeur.
Dans ce contexte, c’était impossible d’avoir un sentiment de devoir accompli parce que mon but était soit trop difficile, ou bien indéfini.
Et c’est durant ces trois mois que j’ai passés complètement brûlé sur mon sofa à lire des bédés que j’ai ENFIN trouvé le secret du bonheur et de la déculpabilisation : baisser ses attentes.
Fuck la perfection, vive l’excellence
Si, comme moi, vous voulez laisser le perfectionnisme derrière, cet article du Washington Post a une piste de solution pour vous : devenir « excellenciste ». En gros, ce que l’autrice propose est de baisser délibérément ses attentes envers certaines choses pour finalement réaliser que ce n’était pas la fin du monde.
Elle propose de faire le tout en trois étapes :
1) Choisissez une activité ou une tâche qui s’en vient et envers laquelle vous avez tendance à vouloir être perfectionniste. Quelque chose qui vous fera normalement sentir coupable si vous ne l’accomplissez pas parfaitement. Ça peut être au travail, ou bien dans votre vie personnelle.
Dans son cas, elle mentionne « recevoir des ami.e.s à souper ».
2) Faites une liste des choses qui, selon vous, ferait que cette tâche serait exécutée à la perfection.
Pour l’autrice, sa définition d’une hôtesse parfaite inclut « une maison impeccablement propre, de la nourriture décadente prête pour l’arrivée des invité.e.s. Il faut bien sûr que la nourriture ait été faite maison, avec des ingrédients particuliers et frais ».
3) Choisissez une ou plusieurs choses dans la liste que vous vous permettrez d’accomplir en dessous de vos standards de « perfection ». C’est pas que vous vous en foutez, c’est juste que lorsque vous accomplirez cette partie de la tâche, vous pourrez y aller un peu plus cool.
Et puis… voyez comment ça se passe.
Je vous garantis que vous réaliserez qu’il n’y a pas eu mort d’homme, que personne ne trouvera que vous avez bâclé quoi que ce soit. Et même, au contraire, je suis certain que tout le monde passera un meilleur moment, vous inclus.
Puis, avec le temps, vous pourrez appliquer cette technique à de plus en plus d’éléments de votre vie.
Et un jour, peut-être allez-vous réaliser que vous êtes rendu.e excellent.e… à être imparfait.e.
Et ça, c’est tout un accomplissement.