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Comment ma transition m’a fait renaître

Par
Anonyme
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Avez-vous déjà eu l’impression d’être enfermé.e, avez-vous déjà ressenti comme un étau se resserrer autour de votre cage thoracique ? Avez-vous déjà eu le sentiment d’être seul.e au monde, comme une sorte d’Helen Keller, sourd.e et aveugle, sans aucune possibilité d’exprimer ces sentiments aux personnes qui vous sont les plus proches ? Sans savoir même mettre le doigt sur la cause de ce profond mal-être ?

Cette claustrophobie, c’était mon quotidien, jusqu’à il y a peu. Jusqu’à il y a deux ans, quand j’ai commencé ma transition. Je suis née dans un corps que je rejetais, comme un corps étranger. Je suis née dans un corps d’homme alors que je m’identifie comme femme depuis mon plus jeune âge, aussi loin que mes souvenirs remontent.

Je suis née sous le nom d’Alek. Au fur et à mesure que la puberté faisait son œuvre, mon mal-être grandissait. Je voyais ce corps qui m’était déjà étranger s’éloigner de plus en plus de ce que je m’imaginais être moi. Moi, j’aurais dû grandir comme ma sœur, j’aurais dû voir mon corps se développer en celui d’une jeune femme, voir mes courbes prendre forme, et non se dessiner ces virages anguleux et cette pilosité que j’aurais voulu arracher de mon épiderme, de mes joues, de mon torse.

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Ce que j’ai vécu, je ne le souhaite à personne. Je souffrais de ce qu’on appelle la dysphorie de genre, qui s’est exprimée pour moi en un rejet total de mon enveloppe corporelle, si loin de mon identité. Cet étau qui comprimait ma poitrine s’est développé en ulcère, j’étais brisée, je me désintégrais de l’intérieur. Puis je suis tombée, lentement mais sûrement, dans une dépression si intense, comme un navire qui lentement sombre à des centaines de mètres sous l’océan, qu’à un certain point je ne pensais que rien au monde ne pourrait me ramener à la surface.

J’avais à peine 18 ans et j’ai envisagé de mettre fin à mes souffrances, j’ai caressé l’idée de mettre fin à mes jours.

A cette période, il y a de cela six ans, je ne m’imaginais même pas entamer une transition. Comment envisager ce processus, qui paraît tellement inaccessible et intimidant ? J’avais à peine 18 ans et j’ai envisagé de mettre fin à mes souffrances, j’ai caressé l’idée de mettre fin à mes jours. Comment aurais-je pu continuer à vivre dans cette misère, sans vraiment exister ?

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Pourtant, je suis encore là. Ou plutôt, je suis à nouveau en vie. J’ai fêté mon premier anniversaire le 17 juillet dernier dans ce corps que je considère aujourd’hui comme mien, non plus juste comme une coquille encombrante et honteuse. En vérité, je considère que je suis née une deuxième fois, à l’âge de 24 ans.

J’ai la chance énorme d’avoir une famille sans laquelle rien n’aurait été possible, la chance d’être soutenue et entourée par mes proches, la chance d’être suivie par une équipe médicale qui, en voyant les premiers signes de dépression pré-transition, m’a épaulée jusqu’aux premières prises d’hormones et à ma première opération. J’étais à la fois Orphée et Eurydice, mais jamais je ne me suis retournée, jamais je n’ai regardé derrière moi, puisque je savais qu’Aleks suivrait.

Un mode d’emploi pour transitionner, cela n’existe pas. Une seule et unique façon d’être femme, cela n’existe pas non plus.

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Aleks est mon nouveau nom. Ce n’est peut-être pas grand chose pour vous, mais ce « S » a transformé mon nom, m’en a véritablement donné un nouveau, comme un prénom qu’on assigne à l’enfant qui vient de naître. Les hormones que je prends quotidiennement et l’opération que j’ai subie m’ont permis d’avoir enfin le corps qui correspond à mon identité de genre.

J’évolue enfin dans cette nouvelle enveloppe corporelle comme si c’était une évidence. Mon corps est aujourd’hui celui d’une femme trans. Je me sentais femme dans un corps qui ne l’était pas, et aujourd’hui je me sens femme dans ma chair.

Un mode d’emploi pour transitionner, cela n’existe pas. Une seule et unique façon d’être femme, cela n’existe pas non plus. C’est une construction dans laquelle il n’y a pas un seul chemin à prendre. Le plus important est d’arriver, à la fin du processus, à aligner qui l’on est avec son enveloppe physique.

Mais je voudrais quand même prodiguer quelques conseils à quelqu’un qui me lirait et qui serait dans la même situation que moi avant le commencement de ma transition. Sache que beaucoup d’entre nous sont passés par là. Tu n’es pas seul.e. Prends ton temps. Sois doux.ce avec toi-même. Petit à petit, construis-toi, et surtout entoure-toi de gens aimants et bienveillants. Et par dessus tout, crois en toi.

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Les associations spécialisées :

L’Association Nationale Transgenre http://ant-france.eu

Plus de ressources ici.

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