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Comment l’affaire Pelicot a mis en lumière la faillite collective des hommes

« Il n'y a pas "viol et viol". Un viol est un viol ! Ça suffit ! »

Par
Ouissem
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Mercredi, alors que le procès des “viols de Mazan” dure depuis 2 semaines, deux avocats de la défense ont obtenu l’autorisation de diffuser au palais de justice des photos qui seraient “utiles à la manifestation de la vérité”.

Ces 27 clichés, extraits du disque dur de Dominique Pelicot, défilent en silence dans la salle du tribunal : on peut y avoir la victime nue, parfois sourire et dans des positions “lascives”.

“Vous n’auriez pas des penchants exhibitionnistes que vous n’assumeriez pas ?”, demande le 1er avocat de la défense qui a décidé de diffuser ces photos. “Toutes les femmes n’accepteraient pas ce type de photos”, déclare la seconde avocate à l’origine de cette initiative.

“Il faut un sacré degré de patience pour supporter tout ce que j’ai pu entendre. Maintenant on montre ces photos prises à mon insu. En fait c’est moi la coupable, c’est ça ?”, s’est écriée Gisèle Pelicot lors de l’audience.

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Cette séquence insoutenable montre que la honte n’a pas encore changé de camp. Il n’y a qu’à entendre l’avocat de 6 accusés déclarer “Il y a viol et viol” ou encore le maire de Mazan minimiser de l’affaire au prétexte qu’il n’y a pas mort d’homme :

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UNE TELLE VIOLENCE INSTITUTIONNELLE RELANCE LA QUESTION DE LA RESPONSABILITÉ ET DE LA COMPLICITÉ DES HOMMES DANS L’ENTRETIEN DE LA CULTURE DU VIOL.

L’affaire confirme que les hommes font peur, mais aussi que les hommes font clan. On pense bien sûr aux 51 hommes accusés, mais surtout à tous ceux qui ont reçu la proposition de Dominique Pelicot d’abuser sexuellement de son épouse droguée.

“Sept hommes sur dix ont répondu positivement à la proposition de viol de Dominique Pélicot. Et en 10 ans, aucun n’a jugé bon de faire un signalement à la police. Aucun. Zéro. C’est à ces confins de la totale rupture d’empathie envers les femmes que se situe notre société aujourd’hui”, écrivait Céline Piques d’Osez le Féminisme dans l’Humanité.

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Entre humiliations et déni des violences subie, Amnesty rappelait ce mercredi que seulement 6% des victimes de violences sexuelles portent plainte en France. “Je comprends que les victimes de viol ne portent pas plainte, parce qu’on passe vraiment par un déballage humiliant”, déclarait dans le même temps Gisèle Pelicot au palais de justice d’Avignon.

Le procès a agi comme un electrochoc auprès de femmes qui ont vu leur regard sur les hommes changer. Certaines ont témoigné au HuffPost :

  • « Avant, je me disais que la majorité des hommes étaient des “hommes bien”. Depuis cette affaire, c’est l’inverse : je pars du principe que les hommes que je rencontre peuvent être malveillants jusqu’à preuve du contraire. »
  • « Je doute aussi bien des inconnus que de mes proches. Je me demande ce que les hommes de ma famille cachent, ce qu’ils pourraient faire s’ils étaient sûrs qu’il n’y aurait aucunes conséquences. »

Ces témoignages rappellent le débat qui avait animé TikTok il y a quelques semaines : si vous êtes coincée dans une forêt, préférez-vous faire face à un ours ou à un homme ?

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@screenshothq

The question of being stuck in a forest with a man or a bear is circulating on TikTok right now and sparking some interesting conversation…. we know what our answer would be 🐻🌳 #manvsbear #tiktok #tiktoktrend #trending #challenge #streetinterview #voxpop

♬ Terror Music (Scary Song) – IMPERIUM RECORDS

OÙ SONT LES HOMMES ?

Si le procès a permis de voir une grande solidarité féminine, avec une mobilisation quotidienne au tribunal d’Avignon ainsi que des manifs dans toute la France, les hommes ont été les grands absents de cet élan de soutien.

C’est ce qu’ont constaté plusieurs médias, ainsi que Morgan Noam qui appelle les personnalités publiques masculines à se mobiliser publiquement contre les violences faites aux femmes.

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“J’ai toujours considéré que nous, les hommes, ne devions pas trop la ramener, pour ne pas invisibiliser les femmes en lutte. Mais peut-être que l’on devrait quand même se bouger, parce que nous sommes les coupables, les complices ou les profiteurs de cette situation”, a écrit sur son blog, le député LFI Damien Maudet.

Alors, a-t-on pour autant assisté à une prise de conscience massive ? Loin de là.

Mis en examen pour avoir drogué la députée Sandrine Josso afin de l’agresser sexuellement, Joël Guerriau a obtenu un entretien avec Gérard Larcher, deuxième personnage de l’État, pour gratter un retour au Parlement.

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“LA HONTE DOIT CHANGER DE CAMP”. Oui, mais à quand un véritable changement ?