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Comment la chanteuse Chaka Khan a changé la game musicale
Vendredi dernier, je me rendais au travail en cherchant quoi mettre dans mes oreilles. C’est peut-être la journée la plus excitante de la semaine pour un chroniqueur de l’actualité musicale : des nouveautés toutes chaudes (ou toutes fraîches) sont mises en ligne et rien encore n’a été écrit sur ces albums et EPs. Bref, c’est un véritable territoire inexploré qui ne demande qu’à être conquis par les mots.
Faut que je vous raconte la fois où j’ai découvert l’album, Hello Happiness. Un truc qui déménage, lancé du haut de ses 65 ans par l’Américaine Chaka Khan. Exubérante et all over the place, l’oeuvre est un statement de vitalité pour une artiste qui fait sa marque depuis le début des années 70; une artiste aux 10 Grammys et aux multiples talents.
Parce qu’on ne parle jamais assez des musicien.nes qui persévèrent passé l’âge de la retraite, et parce qu’elle le mérite largement, j’ai préparé un « Chaka Khan en cinq temps » qui lève le voile sur l’influence de la diva sur le 4e art.
La reine du funk – Tell Me Something Good
Rufus existait avant même que Khan ne s’y joigne en 1972. Le groupe cherchait non seulement un ingrédient charismatique à leur sauce groovy, mais aussi une façon de faire connaître leur musique à un plus grand public. Après avoir retouché une reprise de Stevie Wonder sur leur premier album, ils attirent enfin l’attention du géant. Stevie, inspiré par le talent bouillonnant du collectif et le persona à toute épreuve de Chaka, pond Tell Me Something Good, un funk assez out-there merci qui propulse Rufus à l’avant-plan et permet à la chanteuse de gagner le titre de reine du funk.
La déesse du disco – I’m Every Woman
En parallèle à sa carrière avec Rufus, Chaka Khan amorce également un parcours solo, débutant en grandes trombes par un single disco qui fracasse les records. Écrit par Ashford & Simpson, I’m Every Woman se taille non seulement une place au sommet des palmarès disco, mais aussi de ceux soul et pop. La chanson devient peu à peu un incontournable de la culture drag, un lipsync qui transcende toujours les foules, qu’il soit interprété par l’inimitable Khan ou repris par Whitney Houston.
L’amazone du synth pop – I Feel for You
En 1984, la musicienne remporte un Grammy award grâce à sa reprise néon de I Feel For You, une chanson de Prince d’abord sortie en 1979. Il s’agit de la première pièce contenant du rap à remporter le fameux trophée. Le morceau est loin d’être conventionnel si on se fie aux standards prudents (encore en vogue aujourd’hui) des Grammys. Dès les premières secondes, le MC Grandmaster Melle Mel donne le ton, l’assurance de Chaka et les lignes d’harmonica de Stevie Wonder font oublier l’original.
La diva de tous les duos – I’ll Be Good to You
Tout le monde a oublié que Ray Charles avait déjà fait un hit avec New Jack Swing au début des années 90. Le genre, popularisé par Janet Jackson et son grand frère, sied à merveille au pianiste, surtout quand il s’accompagne de Quincy Jones et d’une Chaka Khan loin d’avoir dit son dernier mot. Si la chanteuse demeure prolifique et pertinente jusqu’à aujourd’hui, c’est entre autres parce que son flair la conduit à collaborer avec de grands noms tels que Charles, mais aussi Mary J. Blige, Robert Palmer ainsi que l’artiste japonaise Ai.
La muse du R&B – Like sugar
Chaka Khan n’a rien perdu de sa poigne en 2019. En collaboration avec Switch, elle pond un album en vogue avec les sonorités du moment. Forte de ses cinq décennies de carrière et des avenues musicales diverses qu’elle a explorées avec brio, celle qui est née sous le nom de Yvette Marie Stevens est plus consciente que jamais des qualités particulières de sa dégaine et de sa voix. Ses cris et ses envolées lyriques nappent l’entièreté de Hello Happiness comme sortie d’une banque de samples hors de contrôle. Toujours pertinente, Chaka Khan prouve qu’il n’y a pas d’âge pour déborder d’énergie et se faire découvrir par un public plus jeune.