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Plus tard, nos enfants et petits-enfants parleront sûrement des années (20)20 comme une période marquante de l’Histoire. Entre pandémie et conflit mondial au lendemain de plusieurs séries d’attentats terroristes : depuis quelques années, il faut l’avouer, on prend cher.
Hélas, difficile d’épargner les enfants lorsque ce genre d’événements arrivent. Connus pour être de véritables “petites éponges” qui absorbent tout ce qui les entoure, ils sont souvent plus touchés qu’on ne le pense par l’actualité, en particulier dans une ère où l’information est partout tout le temps.
En ce moment, les infos sur la guerre en Ukraine tournent en boucle sur certaines chaines de télévision et sur les réseaux sociaux, alors difficile d’échapper aux questions de vos enfants. On a donc tendu l’oreille en cours de récré afin de noter les questions qui reviennent en force ces derniers jours : on vous fait cadeau des réponses à formuler ce soir à l’heure du dîner. Vous nous remercierez plus tard.
Pourquoi la Russie et l’Ukraine se font la guerre ?
Depuis des années, le gouvernement russe et celui de l’Ukraine entretiennent des relations plutôt tendues, car historiquement l’Ukraine et la Russie ne faisait qu’un. Après la Seconde Guerre mondiale, la Russie a perdu beaucoup de territoires notamment celui de l’Ukraine qui a souhaité devenir indépendant, c’est-à-dire ne plus dépendre de la Russie. Depuis ce moment, la Russie a toujours voulu récupérer l’Ukraine tandis que l’Ukraine, elle, souhaitait plutôt rejoindre l’OTAN qui est une alliance solidaire entre plusieurs pays comme les États-Unis, le Canada, la France ou encore l’Allemagne. Vladimir Poutine ne voulant absolument pas se retrouver seul face à une grande puissance, il a donc décidé d’envahir l’Ukraine afin de reprendre un territoire qui selon lui, appartient à la Russie.
Est-ce que les Russes peuvent nous bombarder ?
Il y a déjà eu des guerres en Europe notamment celle des Balkans, lorsque plusieurs pays ont réclamé leur indépendance face à la Russie. Pour autant et bien que ces guerres furent meurtrières, jamais ces conflits n’ont engagé une guerre nucléaire ou des bombardements sur des pays européens. C’est d’ailleurs pour cela que l’on a appelé cette période Guerre Froide, car chaque pays savait qu’il serait totalement irraisonnable de lancer une seule ogive nucléaire, car cela engendrerait une escalade vers la destruction totale.
Est-ce qu’il va y avoir une troisième guerre mondiale ?
Les experts sont majoritairement d’accord : Une 3e guerre mondiale n’est pas probable, selon ce qu’on voit en ce moment. La raison principale est que l’Ukraine ne fait pas partie de l’OTAN, et même s’ils soutiennent l’Ukraine, les pays comme la France, le Canada ou les États-Unis ne sont pas directement impliqués dans cette guerre militairement. Il faudrait que la Russie envahisse d’autres pays membres de l’OTAN. En plus, Vladimir Poutine ne se risquerait pas à un conflit armé face aux armées de tous les pays de l’OTAN réuni. Enfin, la population russe elle-même est en désaccord avec son gouvernement et ne souhaite pas de guerre, des manifestations ont d’ailleurs éclaté en Russie, mais aussi dans des dizaines de pays, pour appeler le gouvernement russe à stopper cette guerre que personne ne souhaite.
Comment et quand est-ce que ça va finir ?
Il y a deux scénarios possibles. Le premier serait que l’Ukraine se rende et fusionne de nouveau avec la Russie (ce qui est peu probable, car la majorité des Ukrainiens tiennent fortement à leur indépendance). Le second serait que l’Ukraine parvienne à faire reculer les troupes russes notamment grâce au soutien matériel de nombreux pays. Enfin, Poutine pourrait de lui-même décider de mettre fin à cette guerre à cause des sanctions, principalement économiques que les pays de l’Union européenne lui ont adressées. La Russie s’étant déjà préparée à ces sanctions, le conflit pourrait durer longtemps notamment grâce au soutien de la Chine. Heureusement, le monde semble unanime et plutôt solidaire envers la population ukrainienne afin de ne pas répéter les erreurs du passé. L’avenir nous le dira…
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Pour ce qui est de la forme (ndlr, comment leur expliquer sans les faire flipper), on a discuté avec Aurore Vissiere-Rodrigue, psychologue, afin d’y voir plus clair. « Pour offrir un espace de paroles de qualité à l’enfant, l’adulte doit absolument avoir pris le temps d’accueillir ses propres émotions, car s’il est submergé, il ne pourra pas être à l’écoute. Par contre, l’adulte ne doit absolument pas cacher ses émotions à l’enfant. Il doit les nommer et expliquer leurs causes avec des mots simples. Si l’adulte tente de camoufler ou de minimiser ses émotions, il fait passer à l’enfant de fausses informations sur les émotions qu’il voit transparaître et peut-être également le message que ce n’est pas bien de ressentir certaines émotions. En niant ses émotions d’adulte, il est même possible que l’enfant pense qu’il en est la cause ! ».
Mais si cette surinformation paraît anxiogène pour beaucoup d’adultes, elle est encore pire pour les enfants. « Il faut éviter l’exposition aux informations télévisées qui ne sont pas adaptées aux enfants et qui contiennent des images qui peuvent être choquantes. Si le “mal” est fait, il est indispensable d’en parler ensuite avec l’enfant : lui demander de raconter ce qu’il a vu, ce qu’il en a compris, quelles émotions il a ressenti », explique la psy. Pour cela, rien de mieux que quelques exercices d’expressions simples à mettre en place. « L’enfant peut dessiner puis commenter son dessin si c’est plus facile pour lui. De même, l’utilisation d’une roue des émotions peut être utile, car le support visuel est favorable à la verbalisation chez les enfants. »
« Il est impératif de répondre à toutes les questions qu’ils se posent de façon simple. »
Il ne faut pas négliger que les enfants sont des acteurs de la discussion, capables de tenir et d’orienter un débat. Il est d’ailleurs primordial de les laisser prendre la parole, de s’exprimer et de poser leurs questions afin de les rassurer au mieux sur ce qui les inquiète réellement. « Si l’enfant a entendu parler de cette guerre par des camarades, en surprenant des conversations entre adultes, ou encore si c’est un ado qui a accès à des sources d’informations, il est impératif de répondre à toutes les questions qu’ils se posent de façon simple. Il existe des articles de presse pour enfants adaptés à chaque âge, qui peuvent être d’excellents supports pour aider les parents qui ne savent pas vraiment par où commencer ou quels mots poser. »
La première source d’angoisse venant de la désinformation, certains médias ont compris qu’il était primordial de prendre le temps de vulgariser l’actualité au service des enfants. Voici donc une liste d’excellents médias pour comprendre l’actualité de manière pédagogique :
Pour le format papier, je vous conseille Le petit quotidien, pour les 6-10 ans, Mon quotidien, pour les 10-14 ans, 1 jour 1 actu pour les 8 à 12 ans, Albert : : l’actu illustrée pour les 9-14 ans, ou encore Topo, une revue d’actualité en bande dessinée pour les moins de 20 ans.
- Pour l’audiovisuel certaines chaînes comme Arte, propose un programme spécial pour les enfants. À l’instar d’Arte Junior, un journal quotidien de 7 minutes qui fait le tour de l’actu pour les 10-14 ans. France Info qui quant à eux, proposent des reportages en ligne sur France Info Junior, ou en podcast avec Salut l’info !, sur des sujets d’actualité, avec la participation d’élèves d’écoles primaire. Enfin la série d’animation Decod’Actu qui décrypte les grands événements d’actualité en donnant aux adolescents de 13 à 17 ans les clés pour comprendre le monde qui nous entoure.
Une chose est à retenir : le plus important dans une relation parent-enfant c’est la transparence. « Il ne faut surtout pas mentir ou faire de promesse impossible. Par contre, on peut tempérer les propos inquiétants en évoquant également les aspects plus rassurants : les nombreuses personnes qui veulent la paix dans le monde, etc. »