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Le meilleur torchon médiatique a encore frappé avec une Une passionnant. Pas nécessaire de le nommer, même s’ils auraient bien besoin d’un peu de publicité vu leurs piètres chiffres de vente. Quoi qu’il en soit, c’est toujours utile de se rafraîchir la mémoire afin de s’assurer de bien lire et savoir reconnaître un média aux valeurs rétrogrades, anti-écologie, anti-droits des femmes, anti-égalité, parce que parfois…
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1 – L’ennemi est toujours le même
Reprenons l’exemple du média-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom : en 2023, leurs ventes ont chuté de 1,31 % comparativement à l’année précédente. Diantre ! Comment réagir ? Comment s’assurer de faire remonter les ventes ? En écrivant pour les hurluberlus masculinistes, voyons ! En mars dernier, la Une de Valeurs Actuelles (mince, l’info est lâchée) titrait : La fabrique du wokisme, pour un numéro d’une vacuité sans nom sur le risque majeur que représente la lutte pour la justice sociale.
Pour rappel, wokisme n’est pas l’équivalent de woke. Le mot woke a été utilisé dès les années 1960 aux Etats-Unis, par les militantes et militants afro-américains, notamment grâce à la phrase “stay woke” qui invitait les victimes de racisme à rester éveillé face aux injustices sociales pour mieux les combattre. Etre woke, c’est donc s’affilier aux luttes antiracistes et plus largement, vouloir combattre les oppressions. Rien de mal à cela, bien au contraire.
Être un·e wokiste, en revanche, c’est une tout autre histoire ! Le terme a été inventé par l’extrême quelques années après Black Lives Matter pour monter de toutes pièces un discours victimaire selon lequel la source des problématiques économiques et sociétales de notre temps serait de la faute des féministes, des écologistes et des anti-racistes. Ces derniers ont l’audace de lutter pour qu’on ne puisse plus étudier que des vieux hommes blancs dans les universités, et que les agresseurs et les violeurs soient sanctionnés : la honte !
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2 – L’écologie, pas vraiment son fort
L’autre gros indice est facilement identifiable : l’écologie, l’extrême-droite, elle s’en tamponne.
Mieux encore, il suffit de lire les mots “écolofascisme” ou “écoterrorisme” premier degré pour s’assurer de lire un média sur l’extrême-droite de l’échiquier politique. La tonalité alarmiste et extrémiste fait en permanence les gros titres des médias d’extrême droite. Quitte à être carrément insultant, comme en utilisant par exemple l’expression “khmers verts” pour désigner les activistes écologistes qui mènent des actions de désobéissance civile, sans pour autant jamais avoir blessé quiconque physiquement. La formule renvoie en toute détente à un des plus importants génocides du 20e siècle, celui perpétré entre 1975 et 1979 par les Khmers Rouges au Cambodge, groupement politique dictatorial qui a exécuté pas moins de 2,5 millions de personnes.
A toutes fins utiles, on rappelle que des députés d’extrême droite au Parlement européen s’engagent d’ailleurs très souvent contre les résolutions visant à canaliser la crise climatique. C’est l’ONG Bloom qui a levé le voile sur le sujet grâce à une enquête titanesque révélée en mars 2024. Le chercheur Alessandro Manzotti, chargé de plaidoyer pour Bloom, rappelle que le RN a voté contre la souscription à la Convention d’Aarhus, une convention pourtant majeure permettant de garantir “l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement”. Quant au vote pour inscrire le droit à un environnement propre, sain, sûr et durable pour tous et toutes, ils se sont abstenus. Sympa l’extrême droite non ?
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3 – Selon lui, les jeunes ont toujours tort
“Les jeunes ne votent plus” s’insurgeait George Fenech sur CNews en février 2023. C’est un peu le serpent qui se mord la queue, finalement : l’extrême droite déteste tout ce qui intéresse la jeunesse (tout comme la droite actuelle, d’ailleurs) et se plaint ensuite que cette dernière ne vote pas – pour elle, en plus.
Hé oui, un sondage IPSOS de 2021 démontre que 79 % de la jeunesse française était intéressée par la thématique du réchauffement climatique, et qu’ils étaient même 49 % à être préoccupés par ce dernier.
Ainsi, quand on tape “jeunesse” dans la barre de recherche de CNews (oui, je l’ai fait pour vous), on a en tête de liste un Pascale Bruckner qui définit les générations Y et Z comme des “générations petit pois” : grosso modo, on se vexe trop vite, on n’encaisse plus rien, on se plaint tout le temps.
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4 – Il pratique la désinformation
Tout récemment, le Conseil d’Etat a demandé à l’Arcom, Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, de veiller à ce que CNews respecte le principe de pluralisme et d’honnêteté de l’information. Et voilà qu’à peine deux semaines plus tard, le 25 février, cette même chaîne diffuse éhontément, sur son émission En quête d’esprit, une fausse information à propos de l’avortement, affirmant que les 73 millions de femmes avortant chaque année dans le monde formaient la première cause de mortalité.
La chaîne s’est platement excusée dès le lendemain, remettant la faute sur une erreur d’affichage – décidément les stagiaires de CNews c’est pas un cadeau – mais le mal était fait : un média d’extrême droite, les sources, il s’en tape, sinon, il deviendrait un média d’information, et ça, ça ne l’intéresse pas beaucoup !
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5 – Il tient des propos illégaux
En octobre 2021, le directeur de Valeurs Actuelles avait été condamné, ainsi que son directeur de rédaction, à 1500 euros d’amende chacun ainsi qu’à un dédommagement de 5000 euros à adresser à la députée LFI Danièle Obono pour injure raciste. Rebelote en novembre 2022 : Erik Monjalous est à nouveau condamné à 1000 euros d’amende pour “injure publique à caractère raciste”, toujours envers la même députée.
Pour se défendre, le journal avait évoqué le droit à la satire ; dommage, la condamnation a quand même eu lieu. Hé oui, bien loin d’être dans une société où l’on ne pourrait plus rien dire, on ne peut, fort heureusement, plus tout dire : tenir des propos racistes, lgbtphobes, faire l’apologie de l’inceste ou affirmer fièrement son négationnisme, ce n’est plus possible, et c’est tant mieux.