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Comment contrer le blues du confinement en “rechargeant” votre cerveau

Des trucs pour "booster" nos neurones et passer à travers les prochains mois.

Par
François Breton-Champigny
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Finir une phrase vous semble parfois épuisant. Se lever du lit se transforme en effort olympien. Et ne parlons même pas de vous concentrer plus que pour regarder pour la millième fois The Office roulé en boule sur votre divan. Si tel est votre cas, il se peut que vous souffriez du confinement blues.

Sous ce terme non scientifique se cache cependant un phénomène bien réel qui mérite qu’on s’y attarde : une « panne » de votre centrale électrique cérébrale, gracieuseté des mesures de confinement qui fêteront bientôt leur funeste anniversaire.

Pour parler de ce dérèglement de la matière grise très 2020-2021, on s’est entretenu avec Nancy Brassard, professeure agrégée à l’École nationale d’administration publique (ENAP) et docteure en recherche sur les maladies dégénératives du cerveau.

Un « court circuit » des neurones

« Le confinement modifie carrément le fonctionnement électrique de notre cerveau, lance d’emblée Nancy Brassard. On consulte les bilans quotidiens du gouvernement, on lit les nouvelles compulsivement, on parle du virus sans arrêt, on est confiné et ça nous frustre. Ce sont tous des facteurs qui viennent jouer avec les circuits électriques de nos neurones. »

« Notre “centrale” ne fonctionne pas comme à l’habitude donc c’est normal qu’on se sente plus agité, irritable, fatigué ou qu’on manque de motivation en général ».

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La chercheuse explique qu’en temps de confinement, les gens ont plus tendance à utiliser le lobe frontal de leur cerveau, qui gère les émotions et la personnalité, que le lobe temporal, qui lui contrôle la concentration et la prise de décision. « Notre “centrale” ne fonctionne pas comme à l’habitude donc c’est normal qu’on se sente plus agité, irritable, fatigué ou qu’on manque de motivation en général. »

La professeure de l’ENSP souligne également que le manque de « petits plaisirs de la vie », l’omniprésence de la négativité au quotidien, la température plus maussade et le manque de lumière contribuent à « alimenter négativement notre centrale électrique » et à « modifier notre système hormonal ».

« C’est un peu comme un cercle vicieux. Vu qu’on se sent plus “down”, on va avoir tendance à faire des choses qui nous procurent de la dopamine ou de la sérotonine, comme boire de l’alcool, consommer de la drogue ou manger plus. Ce “mauvais carburant” est ensuite acheminé vers notre “centrale” et le cycle de débalancement se perpétue », explique la chercheuse.

Gros bedon, ti-bedon, 4-6

En temps normal, un court « reset » de notre système nerveux serait possible en prenant de bonnes habitudes de vie (bien dormir, faire du sport, bien manger, etc.) pour passer à travers une passe plus stressante.

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Mais avec la pandémie et les mesures sanitaires qui s’étirent, notre matière grise est constamment « en alerte rouge », une situation anormale selon Nancy Brassard. « On est constamment à l’affût de la “menace” qui nous entoure. Notre cerveau est toujours en mode survie et c’est ça qui est épuisant à long terme. Ça gruge beaucoup d’énergie. »

Pour contrer ce système d’alarme interne, la professeure à l’ENSP a une solution bien simple : la technique du gros bedon, ti-bedon, 4-6.

Non, ce n’est pas une nouvelle musique de René la Taupe, mais bien une façon efficace de calmer notre petit hamster anxieux. « C’est une technique de respiration qui vient activer la cohérence cardio-respiratoire, ce qui génère de la DHEA, une hormone qui nous aide à garder notre bien-être mental », explique Nancy Brassard.

L’idée est simple : on inspire pendant 4 secondes puis on expire pendant 6 secondes. La chercheuse conseille de faire cet exercice pendant 3 minutes trois fois par jour pour avoir des résultats concluants.

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Mis à part l’exercice du gros bedon, ti-bedon, la professeure indique d’autres pistes de solution pour « reconnecter les fils » de notre cerveau en ces temps incertains.

« LA chose essentielle à faire est d’entretenir des émotions positives. Que ça soit de faire du yoga, manger du chocolat, prendre une marche, il faut trouver ce qui vous fait du bien. »

« LA chose essentielle à faire est d’entretenir des émotions positives. Que ça soit de faire du yoga, manger du chocolat, prendre une marche, il faut trouver ce qui vous fait du bien. Ensuite, on le dit souvent, mais pas assez, il faut dormir au moins 6-7 heures par nuit. C’est une étape cruciale pour remettre à neuf notre réseau de neurotransmission. Puis finalement, il faut entretenir un lien social le plus possible, que ça soit par des appels Zoom ou tout simplement des appels téléphoniques. »

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Si elle croit que la pandémie aura malheureusement des effets à long terme sur la santé mentale de plusieurs personnes, Nancy Brassard estime qu’elle aura permis de remettre les pendules à l’heure en ce qui a trait aux choses essentielles de la vie.

« Oui, il y a beaucoup d’aspects négatifs à tout ça, mais il y a aussi des points positifs non négligeables. On voit notre gouvernement enfin prendre en main des problèmes qui traînaient depuis 15 ans, les gens font du ménage dans leurs relations personnelles et il y a un énorme sentiment de solidarité qui s’est formé. »

Personne ne sait quand cette damnée pandémie prendra fin et les prochains mois peuvent certes sembler décourageants. Si des sentiments négatifs vous assaillent, rappelez-vous simplement de ceci : gros bedon, ti-bedon, 4-6.