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Comment apprendre de nouvelles choses de façon efficace

Nouvelles compétences, connaissances et habiletés sont à votre portée. À condition de bien apprendre.

Par
Justin Gélinas
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La course aux diplômes est lancée. Qui aura le CV le mieux rempli et la liste de compétences la plus longue ?

Au-delà du cursus classique, plusieurs grandes universités offrent différents cours en ligne accessibles à tou.te.s. Par exemple, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) propose plusieurs de ses cours en accès libre (psychologie, économie, informatique, etc). De son côté, la Harvard extension school promet des cours moins chers, moins sélectifs et avec une plus grande flexibilité d’horaire. Au Québec, la plateforme EDx offre des cours gratuits avec l’Université de Montréal et HEC Montréal.

Voilà, vous pouvez apprendre sur tout, n’importe où, n’importe quand.

Mais est-ce qu’on apprend vraiment en suivant un cours en ligne ou en regardant un tutoriel sur YouTube ? Vous vous rappelez cette époque pas si lointaine où vous ressortiez la tête vide à la fin d’un examen ? C’est ici qu’on se pose alors la question : au final, qu’est-ce que j’ai vraiment appris ?

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La science nous éclaire

Au 19e siècle, le philosophe allemand Ebbinghaus a nommé ce phénomène : la courbe de l’oubli. Ce pionnier de la psychologie de l’apprentissage a conclu dans ses recherches que, sans effort pour renforcer leurs leçons, les élèves oublient en une heure environ 56 % de ce qu’ils et elles apprennent, 66 % en une journée et 75 % en six jours !

Plus souvent une information est répétée, plus elle s’enracine dans notre mémoire.

Le philosophe a donc proposé une technique de mémorisation qui consiste à répéter les apprentissages grâce à des rappels réguliers. Selon lui, plus souvent une information est répétée, plus elle s’enracine dans notre mémoire.

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De son côté, la neuroscientifique Lara Boyd de l’Université de Colombie-Britannique explique lors d’une conférence au TEDxVancouver que le cerveau se modifie à mesure qu’on apprend. Ça se nomme la neuroplasticité : des réactions chimiques, structurelles et fonctionnelles qui modifient notre cerveau. La docteure confirme que ça se produit chaque fois qu’on apprend quelque chose de nouveau, peu importe le domaine : académique, créatif ou moteur.

Dans son exposé, la Dre Boyd prend en exemple le fait d’apprendre à jongler : « La première journée peut bien se passer. Pourtant, le lendemain, vous n’êtes plus capable de le refaire… C’est que le cerveau s’est activé à court terme. » La neuroscientifique affirme que pour influencer la mémoire à long terme, il faut de la répétition et du temps !

La Dre Boyd ajoute que tout ça varie d’un individu à l’autre. C’est pourquoi votre voisin.e de classe peut comprendre un problème de maths plus vite que vous : la neuroplasticité de chacun.e est différente.

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Tout.e scientifique vous le dira : apprendre efficacement, ça prend du temps… Albert Einstein a d’ailleurs affirmé que « la connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information ».

Si l’on se fie à ce constat, quelle stratégie d’apprentissage doit-on adopter ? Voici quelques pistes pour vous guider.

Se fixer un objectif

Un jeune étudiant de 15 ans, Ryan Lee, explique dans sa conférence TED comment il est parvenu à apprendre des matières complexes comme le codage informatique. Son raisonnement est pourtant tout simple : il a réussi parce qu’il le voulait vraiment !

Demandez-vous pour quelle raison vous voulez apprendre.

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Ryan raconte la fois où son père était déçu par les fonctionnalités de sa nouvelle montre intelligente qui lui avait coûté 200 euros. Son père se demandait s’il y avait moyen d’utiliser plus de fonctionnalités. Malheureusement, non… Le défi était lancé ! Ryan a appris à coder et a livré à son papa un tout nouveau logiciel pour sa montre. Tout fier, le jeune homme a continué ses apprentissages (CSS, jQuery, PHP et MySQL) pour aider d’autres gens à résoudre des problèmes.

Alors, comme Ryan, demandez-vous pour quelle raison vous voulez apprendre :

– Est-ce que ça répond à un problème ?

– Dans quel contexte ça vous sera utile ?

– Est-ce que vos objectifs sont réalistes ?

– Est-ce que vous aurez du plaisir à apprendre cette matière ?

Apprendre la théorie

Sauter par-dessus la théorie, c’est comme apprendre à conduire sans savoir lire les panneaux. À un moment ou un autre, vous serez confronté.e à un obstacle et vous ne comprendrez pas vraiment le pourquoi de la chose.

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L’importance de la théorie, c’est qu’elle se base sur des faits et des connaissances. Ça donne un cadre d’apprentissage et un guide pour mieux penser par la suite.

La théorie, ça vous donne les bases pour réfléchir et faire face aux problèmes.

Par exemple, on a souvent l’impression que les artistes ont appris la musique comme par magie. La vérité, c’est que la plupart d’entre eux ont des connaissances théoriques musicales assez fortes.

Par exemple, Lady Gaga a étudié la musique à la Tisch School of the Arts de la New York University avant de devenir célèbre.

À quoi ça lui a servi d’apprendre la théorie si elle avait déjà le talent ? Notamment à écrire et à composer sa propre musique, mais aussi celle d’autres célébrités comme Britney Spears, Fergie et The Pussycat Dolls, à interpréter différents styles musicaux (pop, jazz, rock, country et k-pop) et à jouer une variété d’instruments (voix, piano, batterie, guitare, clavier, synthé).

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Tout ça lui a permis de surmonter les obstacles au début de sa carrière (refus, échecs, rupture de contrat, vol de chanson, etc.) et de s’adapter rapidement au marché. Ça l’a menée à se faire repérer et à collaborer avec de nombreux artistes prestigieux comme Akon, Tony Bennet, Beyoncé et Florence Welch, qui ont propulsé sa carrière.

La théorie, ça vous donne les bases pour réfléchir et faire face aux problèmes. Alors, faites comme Lady Gaga qui commence à chanter et demandez-vous ; comment je peux aller chercher la théorie derrière mon sujet d’apprentissage ?

Observer

Observer fait partie de nos méthodes d’apprentissage depuis que nous sommes tout.es petit.e.s.

Apprendre à parler en est un bon exemple. Désolé de vous informer que de discuter en gougous-gagas avec votre bébé n’est pas le meilleur moyen pour lui apprendre à parler… Il apprendra mieux le langage dans un contexte d’observation et d’immersion authentique.

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Le directeur du Language Workshop for Children à New York, François Thibaut, explique dans cet article que si le bébé est exposé aux conversations, il va naturellement apprendre par les sons et les accents. Selon lui, le meilleur moyen d’enseigner une langue à un enfant est de lui faire connaître des gens qui parlent leur langue de manière fluide.

À mesure qu’on grandit, notre cerveau conserve cette méthode d’apprentissage. Alors comme les bébés, demandez-vous : dans quelle situation pourrais-je m’immerger pour observer et stimuler mon apprentissage ?

Raisonner

Le professeur émérite de linguistique du MIT Noam Chomsky mentionne dans une entrevue que l’important dans l’apprentissage, c’est de se questionner.

L’apprentissage est nécessaire, mais le plus important, c’est de savoir comment questionner, challenger et réfléchir.

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Il prend cet exemple où ses élèves étaient parfois stressés par la grande quantité de matière enseignée en classe. Il leur a répondu : « Ce n’est pas important, ce qu’on couvre en classe. L’important, c’est ce que vous découvrez ! »

Selon Chomsky, oui, l’apprentissage est nécessaire, mais le plus important, c’est de savoir comment questionner, challenger et réfléchir grâce à sa propre pensée pour répondre aux défis de la vie qui nous attendent. Comme quoi apprendre, ça sert aussi à s’ouvrir aux autres et sur le monde.

Alors, réfléchissez comme un professeur et partagez vos apprentissages, expliquez-les, discutez-en et confrontez-les.

Expérimenter

En 1900, deux Américains inventèrent l’avion. Les frères Wright avaient sûrement accès à une éducation prestigieuse pour l’époque ? Vraiment pas ! D’après leur bio Wikipédia, ils aimaient simplement apprendre, démonter et créer toutes sortes de choses (cerfs-volants, mécanismes, vélos, etc.). Leur métier principal était en fait réparateur de bicyclettes.

Comment en sont-ils arrivés à fabriquer un avion ?

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Par l’expérience ! Ils ont vite compris l’importance de l’expérimentation en commençant par tester des modèles réduits d’avions. Leurs premiers tests avec des modèles à grande échelle furent des échecs. Mais après plusieurs mois d’ajustements, ils y sont arrivés.

« Il faut sortir, échanger et expérimenter. Il faut le vivre ! »

C’est ce qui distingue tant les frères Wright : leur approche analytique et expérimentale du problème. Après de nombreux essais, ils sont parvenus à analyser et à comprendre la mécanique de vol du virage. Un exploit !

Alors pour comprendre et résoudre un problème, expérimentez et persévérez comme les Frères Wright. Qui sait ce que vous pourriez inventer.

« Il faut le vivre ! »

Au final, s’éduquer ne se limite pas juste à lire un Powerpoint ou un manuel dans une salle de classe. Ça prend un objectif, de l’observation, de la théorie, du raisonnement, et surtout, de l’expérience.

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En latin, experiri est discere veut dire : « essayer c’est apprendre ». C’est ce que résume Connor Edsell, un biologiste et généticien américain passionné par l’apprentissage : « Il faut sortir, échanger et expérimenter. Il faut le vivre ! »

Parce qu’au bout du compte, apprendre, ce n’est pas une course, c’est l’œuvre d’une vie.