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Clap de fin heureux au Festival Transe Atlantique

On était au coeur du réacteur de cette première édition franco-québécoise.

Par
Nathalie Lesage
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Entre le 25 et le 27 août, c’était la première édition du Festival Transe Atlantique : un événement franco-québécois à ciel ouvert qui a fait des adeptes et des heureux. On a eu la chance d’être de la party… Récit d’une ride aussi haletante qu’improbable.


Festival Transe-Atlantique, – 6 mois avant l’ouverture

Nous sommes à l’hôtel Amour et je papote avec la gérante d’artistes, Emmanuelle Girard (Beyries et Alexandra Streliski), de passage à Paris où elle démarche pour ses purs-sangs. Entre deux gorgées de vin nature, elle me glisse : « On veut faire un festival de musique franco-québécois avec Raphaëlle (réalisatrice qui a signé 3 vidéoclips pour Beyries, on en parlait d’ailleurs ici). » Je déglutis et cligne des yeux en attendant le « ben non voyons je niaise ». Parisienne depuis 10 ans, j’ai vu bon nombre de projets franco-québécois se casser les dents. Parce que ça coûte cher, qu’un artiste québécois doit se trouver d’autres dates en parallèle, puis qu’un océan nous sépare littéralement et culturellement. Ancienne athlète, gérante audacieuse et bélier, Emmanuelle ne niaise pas du tout. Fière de mon Québec et toujours partante pour aider les projets prometteurs, je m’entends dire : « Tu peux compter sur moi pour aider. » Un refill de vin nature venait signer mon contrat de bénévole. Les mois qui suivent sont de feu pour les productrices : les bonzes Jacques Primeau et Mustapha Terki (MEG, Montréal en Lumière, etc) se joignent au projet, les artistes adhèrent à l’offre, les partenaires se confirment, et le Festival Transe-Atlantique se dresse fièrement vers la lumière.

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Festival Transe-Atlantique, – 2 mois avant l’ouverture

« Nathalie est-ce que tu serais partante pour faire les entrevues des artistes ? », demande Raphaëlle.

Si l’équipe Québec s’investit particulièrement dans le booking des talents québécois, l’origine du concept ainsi que l’organisation totale du Transe-Atlantique, c’est elle. (Très) grosse commande pour ce bout de femme tout calme qui fait normalement dans la réalisation. Aujourd’hui Directrice du festival, elle est connue comme le loup blanc dans sa Saintes natale où elle enchaine entrevues, poignées de mains et lobbying au marché.

Festival Transe-Atlantique, – 1 jour avant le lancement

Le train me dépose au cœur de cette ville gréco-romaine franchement sexy. Partout des affiches du festival, du cul d’autobus aux commerces. Au site niché sur une colline qui surplombe la ville, ça grouille, ça construit, ça questionne son voisin. « Combien de ventes aujourd’hui ? Elles arrivent quand les toilettes ? Est-ce qu’on est OK avec la sécurité ? » Personne ne le dit, mais tous le pensent : on ne fera pas un Woodstock 99 ici.tte. Ça va et vient dans le bureau de prod’ atypique que l’on partage avec une chauve-souris. L’apéro s’organise à la maison familiale de Raphaëlle question d’accueillir les Québécois Étienne Coppe, Queen Ka et Beyries fraîchement arrivés et jetlagués. Opération Baptême de l’art de vivre à la française : Étienne pianote, Beyries nage, Queen Ka jase avec le plateau de fromages. Le moment est doux, complice, et donne le La de la suite.

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Festival Transe-Atlantique, 3 heures avant le lancement

La chauve-souris n’est plus du bureau où la trentaine de techniciens et bénévoles font des allers-retours les mains pleines. Dehors ça s’active dans ce dernier sprint avant le décollage. L’équipe est sereinement nerveuse, on ne veut rien oublier. « Qui est sur les paniers cadeaux des loges ? C’est guitare sèche ou électrique pour Chedid ? Qui va chercher les Walter Astral ? » J’ai mis ma robe bleue Québec et ressasse mes questions, c’est aussi ma première.

Crédit : Willy Vainqueur
Crédit : Willy Vainqueur
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Festival Transe-Atlantique, Lancement

Les locaux ont répondu présents à ce festival original porté par une des leurs. Ils sont venus avec chaises colorées, enfants et curiosité d’entendre ces Québécois sympas. Backstage, Étienne Coppe – dont c’est le 1er concert en France – jongle avec nervosité, fébrilité et béatitude. Suit Safia (Nolin), aussi authentique que touchante, qui jase avec le public séduit dont on ne sait trop s’il comprend l’accent.

« -Qu’est-ce qui est différent pour toi Safia de jouer devant un public français ?

-Ici, il faut que je séduise plus, pas que tout l’monde au Québec sait je suis qui, mais ici je suis une découverte, faut donc que je sois en mode charme… pis c’est dur je trouve. »

Elle nous confie avoir laissé Pizzaghetti (son chien) à Paris, question de lui épargner le calvaire du train surchauffé. Merci Safia qui part chiller en loge pendant que Joseph Chedid, de la célèbre fratrie, électrifie la scène et la foule. Sur le WhatApp Backstage/Concert : « Joseph demande Safia sur scène, quelqu’un la voit ? » Fiou, quelqu’un la voit et l’amène sur scène pour un jam aussi tendre qu’improvisé. La soirée se termine avec la déflagration de Walter Astral, bibitte/créature à deux têtes colorées, autoproclamées druides forestiers. Rideau, micrododo, rebelotte.

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Festival Transe-Atlantique, Jour 2

« Faut revoir le ciblage des posts sponsorisés. Tu n’oublies pas de taguer le journaliste, hein ? On fait le mot avec le Maire avant ou après Beyries ? » L’heure est aux bilans et aux ajustements au lendemain d’un décollage euphorique. Les articles tombent, la presse adhère, on se high-five de fierté. Le mot s’est passé et les Saintais arrivent tôt. Lecture queer, produits québécois et artisanats : le village du festival offre bons nombres d’animations qui collent aux valeurs d’ouverture et de communauté du festival. Côté show, Beyries envoûte comme elle sait le faire, et réserve une surprise avec sa version québécoise de « To Love Somebody » (Bee Gees), chantée avec Chedid.

Crédit : Willy Vainqueur
Crédit : Willy Vainqueur
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« Tu sais pas qu’est-ce que c’est d’aimer quelqu’un comme que j’t’aime toué. »

Rire dans la foule et dans le WhatsApp. Pendant qu’elle signe des autographes, les Français Gaël Faure – beau gosse produit de Nouvelle Star reconverti dans l’indé, Xavier Polycarpe – dont l’une des chansons a été reprise par Johnny, et Louis Mezza Soma – jeune bluesman à surveiller, font veiller le public qui s’accroche les pieds et se gave la panse de Sloppy Joe. Rideau, photos, micrododo, rebelotte.

Festival Transe-Atlantique, Jour 3

La derder des derder que l’équipe et le public, attendaient pour cause : Albin, le parrain du festival présente un concert spécialement créé pour l’occasion, en plus d’y aller d’une chanson inédite, « Mireille », qu’il livre au piano.

Crédit : Willy Vainqueur
Crédit : Willy Vainqueur

« -T’as un lien privilégié avec le Québec hein Albin ?

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-Mais j’ai un vrai lien avec le Québec ! A 15 ans, j’ai passé 15 jours dans une famille à St-Hyacynthe. La région Picardie où j’habitais y avait organisé un échange. C’était l’été de tous les changements, j’ai eu une histoire d’amour, ma première, avec une Québécoise. Après j’y suis retourné chanter souvent, j’y ai des amitiés très fortes, avec des chanteurs – Pierre Lapointe, Arianne Moffat – mais aussi avec des gens qui font des métiers normaux.

-Ton souvenir précieux, Albin, de ce festival ?

-La proximité avec le public, la dimension humaine et les loges, c’est vraiment le plus belles que je n’aie jamais vues ! »

Vit’vit on doit se quitter pour ne pas manquer le monument du jazz Éric Truffaz, venu réinterpréter des classiques du cinéma français (Fantômas, Les Tontons Flingueurs Requiem pour un con). Sa famille est dans la foule, ils se feront une petite pétanque tous ensemble à la fin du show. J’en profite pour aller voir la diseuse de bonne aventure, Esthelle, qui m’annonce mon mariage les larmes aux yeux. Pas le temps de m’épancher même si j’ai le motton/la gorge serrée, parce que vit’vit, les atypiques Catastrophes et Pierre Kwanders ferment le festival en faisant danser Saintes qui ne veut plus partir. Note de fin, lumières, accolades de l’équipe épuisée, mais fièrement heureuse du défi relevé. Rideau, démontage, repos pour plus tard.

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Festival Transe-Atlantique, le jour d’après

Pendant que la team Québec rentre au pays, les bénévoles zombis de plusieurs nuits blanches plient le camp. Ils remettent à neuf le vieux site de ce cet ancien hôpital reconverti en théâtre familial, musical et biculturel le temps d’un week-end. Le bilan est heureux : 1000 festivaliers, l’adhésion des prescripteurs stratégiques (presse, politique, financiers), et fierté du retour des artistes, charmés par la proposition artistique et humaine du festival.

« Magique, fédérateur, réussi, et à refaire », me disent-t-ils tous.

« Voir les sourires du public, voir tous les âges danser de 7 à 85 ans, savoir que tous se sont sentis bien dans notre festival à taille humaine qui offre une proximité avec les artistes, qu’ils aient également apprécié la musique et ces duos francos-québécois inédits et improvisés; ceci combiné à la mobilisation inouïe des bénévoles autour de ce projet… fédérer autant de personnes extraordinaires est grande fierté », souligne Raphaëlle Chovin, directrice du festival.
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« C’est tout aussi important de faire bonne impression auprès des artistes que du public, qui sont les meilleurs porte-paroles lorsqu’ils sont heureux et en harmonie avec le projet proposé. Mon travail en tant que manager au quotidien est d’exporter le travail de mes artistes au-delà des frontières. Ce festival incarne cette mission en faisant rayonner toute une culture, la nôtre, celle de la francophonie », explique Emmanuelle Girard.

« -Et la 2e édition, Jacques Primeau, tu la vois comment ?

-Ce sera une édition de consolidation et de bonification d’expérience pour le public. Nous serons très protecteurs de l’âme actuelle du festival, intimiste et propre aux échanges entre les artistes et le public… mais également entre les artistes seuls. On ne doit rater aucune occasion d’établir un pont avec la francophonie, et la France en particulier. »

Merci le Transe Atlantique pour ce moment privilégié. Rendez-vous l’an prochain pour une autre traversée pimpée. On a hâte.

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Si vous ne l’avez pas encore lu, découvrez la conversation transatlantique entre Safia Nolin et Albin de la Simone, juste avant le début ce festival franco-québécois déjà culte.