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C’est quoi, le Web3, et qu’est-ce que ça va changer à ma vie ?
En 2014, l’informaticien Gavin Wood prédisait que de nouvelles technologies allaient révolutionner l’internet tel qu’on le connaît en annonçant l’avènement de ce qu’il appelait à l’époque le Web 3.0. Aujourd’hui rebrandé sous le terme « Web3 », c’est le nouveau buzzword préf des gens de crypto. Surtout depuis le début de la pandémie, lorsque la folie des cryptomonnaies s’est mise à battre son plein.
On en entend souvent parler dans les médias, on sait que de grosses sommes d’argent sont investies pour construire ce nouvel internet, mais il n’est pas toujours facile de comprendre ce que c’est, et surtout, à quoi ça sert. Bien entendu, le monde est pour l’instant toujours bien connecté au Web 2.0, celui sur lequel vous lisez cet article. C’est celui avec lequel on est tous et toutes pas mal familiers, et qu’il nous est compliqué de concevoir autrement.
Alors, à quoi ça sert, le Web3 ? Comment ça fonctionne et comment est-ce qu’on pourra faire du cash avec ?
Moins de confiance, plus de transparence
Un point commun qui semble unir la plupart des défenseurs du Web3, c’est un manque de confiance. Entre l’un l’autre, envers le gouvernement et toute forme d’autorité, vis-à-vis les géants du web…
C’est pourquoi Wood a quitté son emploi chez Microsoft et a créé Ethereum avec une poignée de comparses, dont le Canadien et OG de la crypto Vitalik Buterin. Avec comme adage « less trust, more truth » (moins de confiance, plus de vérité), ils ont créé avec Ethereum « un ordinateur pour la planète entière ».
Les plus vieux et vieilles d’entre nous s’en souviennent : le Web 1.0 était essentiellement read-only. Avec le Web 2.0, les choses se sont démocratisées et sont devenues plus interactives, tout en se centralisant. Les gens ont pu y participer, mais en travaillant sur des sites web centralisés, établis.
Comme à peu près tout dans la vie, c’est possible de faire de l’argent avec le Web3, au moins autant qu’avec le Web2
Il est vrai qu’on peut partager ce qu’on veut avec qui on veut. Mais pour, par exemple, créer un site, on passe par GoDaddy. Pour partager des photos ou des fichiers, on utilise Instagram ou WeTransfer, ou Gmail pour nos mails. À chaque étape, des données sont recueillies par l’intermédiaire que vous utilisez, et revendues à des annonceurs. Résultat : GoDaddy vaut près de 13 milliards $, Instagram vaudrait plus de 100 milliards $, et Google, plus de 1,7 BILLION $ (un billion, c’est un million de millions, ou douze zéros). Tout ça, à force de revendre nos données ou de nous charger pour des services.
Enlever le pouvoir aux GAFAM
Le point central de ce nouvel internet est la décentralisation, c’est-à-dire d’empêcher qu’une seule personne ou organisation puisse avoir son mot à dire sur qui peut faire quoi et quand, sur internet. Pour ce faire, le Web3 ne sera pas bâti sur les mêmes protocoles qui requièrent autorisations et accès, mais plutôt sur la technologie de de la chaîne de blocs, alias la blockchain.
Pour résumer le plus simplement possible, les blockchains sont des méga-ordinateurs décentralisés, qui n’existe donc pas à un seul endroit. Chaque participant.e de la plateforme alimente cet ordinateur et permet à la plateforme d’exister.
Les détails de chaque transaction et opération sur cette blockchain y sont inscrites de manière transparente et permanente, ce qui veut dire qu’elle est en théorie presque impossible à hacker. Si une opération est inscrite différemment ou ne figure pas sur un des nœuds (nodes en anglais, un terme qui signifie n’importe quel appareil électronique disposant d’une adresse IP et étant connecté au réseau de blockchain), tous les autres noeuds le sauront automatiquement.
c’est un peu comme quelqu’un qui aurait investi dans Facebook dans les premiers jours, en se disant que cette horde de jeunes gens était en train de créer le futur de l’internet.
Donc si, par exemple, vous essayez d’entrer que vous disposez de 50 Dogecoins dans votre portefeuille, mais que la transaction officielle sur le registre de chaîne de blocs sur les autres nœuds indique que vous n’en avez réellement que cinq, votre inscription sera automatiquement refusée parce qu’elle est simplement fausse, et que c’est vérifiable.
Autrement dit, les données sont si transparentes que leur niveau de sécurité en est renforcé. Personne ne s’interpose ou ne prend une cut sur vos transactions, et vos avoirs numériques sont hyper-sécurisés. Encore une fois, *en principe*, puisque des vols de crypto et de jetons non-fongibles (les fameux NFT) se produisent régulièrement.
Comment ça va fonctionner ?
Prenons en exemple Ethereum, la chaîne de blocs créée par Gavin Wood, et sur laquelle repose l’Ether, deuxième cryptomonnaie la plus importante après le Bitcoin.
Différentes applications, similaires à celles que vous avez sur vos téléphones, sont en train de se bâtir sur Ethereum. En participant à alimenter le réseau, vous pouvez percevoir des récompenses, dans ce cas-ci, des Ether (ETH), la cryptomonnaie du réseau. C’est ce qu’on appelle le minage de cryptomonnaies. Et la valeur de ces crypto augmentent plus la blockchain sur laquelle elles reposent gagnent en popularité.
Ceux et celles qui détiennent ces jetons peuvent par la suite voter, proportionnellement au nombre de jetons qu’ils et elles ont, sur les changements, améliorations et nouveaux projets de la chaîne de blocs.
Essentiellement, c’est un peu comme quelqu’un qui aurait investi dans Facebook dans les premiers jours, en se disant que cette horde de jeunes gens était en train de créer le futur de l’internet. On pariait alors sur le fait que le futur que proposait Facebook serait plus profitable et utile que celui que construisaient Google ou Microsoft.
À quoi ça sert ?
Comme mentionné plus haut, le Web3, c’est encore un work in progress. On le construit au fur et à mesure qu’on avance, et son futur est déterminé par les gens qui souscrivent à une blockchain plutôt qu’à une autre.
Et si plusieurs croient que le Web3 va radicalement changer notre utilisation d’internet, il est fort probable que, du moins dans les premières années, le changement se fasse très progressivement. Les services qui existent déjà sur le Web2 migreront tranquillement, ou incorporeront des aspects du Web3. On peut par exemple penser à Reddit, qui travaille sur un projet de cryptomonnaie, où les utilisateurs et utilisatrices accumulent des jetons en étant actifs sur certains subreddits. Essentiellement, ils « crypto-isent » leur système de points de karma Reddit.
Le but ultime, toutefois, est que le Web3 soit formé de plein d’applications décentralisées différentes, qu’on appelle « dapps » (decentralized applications). Si peu d’entre elles sont pour l’instant complétées ou utilisables, on espère que les dapps remplacent ultimement les apps de votre téléphone. Par exemple, il y aurait des alternatives à des applications de rencontre, des fureteurs ou, bien entendu, des réseaux sociaux.
les données sont si transparentes que leur niveau de sécurité en est renforcé. Personne ne s’interpose ou ne prend une cut sur vos transactions, et vos avoirs numériques sont hyper-sécurisés.
Après la crypto et les NFT, c’est probablement le métavers que les gens associent le plus avec le Web3. Et ça fait bel et bien partie de la vision à long terme de beaucoup d’expert.e.s. Mais même si Faceb… euh, Meta, a changé son nom pour essayer de capitaliser sur cet engouement et être perçu comme un des précurseurs, les pionniers du nouveau web estiment que Facebook ne survivra pas sur ce nouvel internet, puisque Facebook n’existe que pour une raison : enrichir ses investisseurs. Le fil conducteur du Web3 est de ne pas enrichir Facebook.
Toutefois, le métavers et le Web3 fonctionnent ensemble. Les NFT que vous achèterez et garderez sur une blockchain Ethereum pourront être utilisés dans le métavers. Un avatar de Camel Joe, des Nike custom, une voiture futuriste : peu importe, c’est là que seront fédérés tous vos avoirs digitaux, que vous pourrez utiliser dans le métavers, dans un portefeuille unique. Les mondes virtuels que vous visiterez seront eux aussi bâtis sur des blockchains, comme Decentraland, qui est bâtie sur Ethereum.
Est-ce que ça va me rendre riche ?
Comme à peu près tout dans la vie, c’est possible de faire de l’argent avec le Web3, au moins autant qu’avec le Web2. Comme vous le savez, des milliers de gens ont fait beaucoup d’argent grâce à la cryptomonnaie dans les dernières années, mais encore plus de gens en ont perdu !
Toutefois, si vous avez les reins assez solides, du talent et une réputation exploitable, vous pourriez créer votre propre cryptomonnaie, ou encore une collection de NFT. C’est beaucoup de temps et d’efforts et il y a de bonnes chances que ça floppe, mais c’est une opportunité !
À part la crypto et les NFT, il y a quelques moyens et opportunités de faire de l’argent avec le Web3, si on trouve son filon. Premièrement, comme les géants du Web2 ne pourront plus collecter vos données, vous pourriez les vendre. Si vous avez l’expertise nécessaire, vous pourriez créer votre propre app ou site internet, et charger les utilisateurs et utilisatrices. Ou encore offrir vos services d’accompagnement dans le métavers, dans la création de nouvelles technologies du Web3.
Vous vous rappelez il y a encore quelques années, lorsque faire de l’argent avec internet était un concept un peu perché ? Aujourd’hui, des gens deviennent très riches, ou simplement aisés, grâce à internet. Trouvez votre niche, et lancez-vous avant que quelqu’un d’autre ne le fasse !
Elon Musk tweetait en fin d’année dernière : « Est-ce que quelqu’un a vu le Web3? Je n’arrive pas à le trouver », et je dois malheureusement avouer que ça m’a fait glousser, autant que je le hais. Si le Web3 existe réellement et qu’il gagne du terrain, c’est certain que beaucoup de ses évangélistes sont pour l’instant de très fins conteurs, capables de créer un spectacle et un engouement à l’entour de leurs initiatives. Toutefois, plusieurs d’entre eux offrent des services qui existent réellement et qui sont facilement accessibles, et les repackage pour les présenter comme une invention révolutionnaire.
Si vous êtes dubitatif.ive ou confus.e par rapport au Web3, c’est normal et probablement plus prudent de votre part. Mais il se trame clairement quelque chose qui, un jour ou l’autre, nous prendra par surprise et créera une meilleure compréhension de ce qu’est réellement ce nouvel internet. Et peu à peu, on y migrera.
Si c’est réellement une révolution, elle est tranquille pour l’instant !