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C’est quoi le délire avec Pedro Pascal ?

« Son potentiel de séduction doit probablement autant à son physique qu'à sa personnalité. »

Par
Oriane Olivier
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A moins de vivre éloigné.e des plateformes et des réseaux sociaux, difficile de passer à côté du phénomène Pedro Pascal. Interviews dans de nombreux médias, mèmes par centaines, couvertures de magazines, photos volées et montages vidéos de fans qui pullulent sur Internet : l’acteur chilo-américain est partout et son rire communicatif résonne par-delà les frontières. En 2023, il sera à l’affiche de Drive-away Doll (premier long métrage en solo d’Ethan Coen, la moitié du duo à l’origine du Big Lebowski) mais également du dernier court métrage de Pedro Almodovar Strange way of Life, un western sur fond de romance gay dont on ne sait pas encore grand-chose, si ce n’est qu’il sera présenté en avant-première lors du prochain festival de Cannes. Mais avant d’être annoncé sur la croisette et d’être sollicité par les plus grands réalisateurs du 7e art, la carrière de Pedro Pascal a connu plus de bas que de hauts. Retour sur les raisons d’un succès tardif mais amplement mérité pour tenter d’expliquer pourquoi aujourd’hui, de Paris à Tokyo, tout le monde aime Pedro.

DES RÔLES TAILLÉS POUR BRILLER

Les rôles de Pedro Pascal sont-ils cousus main pour le mettre en valeur ? Ou le comédien parvient-il à insuffler un peu de sa personnalité solaire dans chaque personnage qu’il interprète ? Peut-être un peu des deux. Toujours est-il que depuis ses premières (et très courtes) apparitions à l’écran dans la peau d’Eddie, un timide et adorable étudiant de première année transformé en créature de la nuit dans Buffy contre les Vampires en 1999, jusqu’à son récent triomphe sous les traits du mercenaire au coeur tendre Joel Miller dans la série HBO The Last of Us, l’acteur semble particulièrement bien servi lorsqu’il s’agit d’incarner des protagonistes qui inspirent l’empathie. Bon, on éludera volontairement ses années de figu dans toutes les séries procédurales qui lui ont permis de cachetonner en jouant les braqueurs camés ou les suspects têtes à claque au look improbable (FBI portés disparus, Law and Order, NYPD Blue… il les a toutes faites !). Mais parmi ses rôles les plus iconiques, on compte tout de même un prince flamboyant, guerrier hors-pair, progressiste et très populaire auprès de son peuple (et du public) dans la série Game of Thrones, un ancien et redoutable chasseur de prime qui se prend d’affection pour le “colis” (Grogu aka bébé Yoda) qu’il est censé livrer au point de risquer sa vie pour le sauver dans The Mandalorian, et un père endeuillé qui trouve auprès d’Ellie, la jeune fille qu’il doit conduire à l’autre bout du pays moyennant paiement, une nouvelle raison de continuer à se battre dans un monde en ruines (The Last of Us)… Avec un tel C.V, on comprend aisément comment Pedro a su gagner le cœur des spectateurs.

Pedro Pascal on NYPD BlueCR: ABC
Pedro Pascal on NYPD BlueCR: ABC
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UN EXEMPLE DE RÉUSSITE TARDIVE ET D’OBSTINATION

L’acteur de 48 ans a longtemps ramé avant de devenir la star qu’il est aujourd’hui. Il explique même à longueur d’interviews, avoir souvent pensé à renoncer et changer de carrière. Là où la plupart des comédiens se font connaître dans des rôles de jeunes premiers au physique sculptural avant leurs 25 ans, Pedro Pascal a enchaîné les petits boulots de serveur et ceux de figurants durant près de deux décennies, et n’a commencé à pouvoir réellement vivre de son métier qu’à l’aube de la quarantaine. Il déclare d’ailleurs à propos de l’actrice Sarah Paulson, son amie de longue date, qu’il lui doit une fière chandelle. Elle lui versait en effet régulièrement une partie de ses cachets au début des années 2000, pour qu’il puisse s’acheter à manger. Mais les échecs à répétitions et les longues périodes de vache maigre n’ont pas découragé le comédien de poursuivre son rêve. Un entêtement qui force l’admiration et qu’il justifiait récemment avec beaucoup d’humilité dans une interview du magazine Esquire par une sorte d’autodétermination “délirante”, et la certitude qu’il n’avait “aucune autre compétence” que celle d’acteur. Au pays de l’oncle Sam et du mythe en désuétude de l’american dream, cette jolie fable de l’artiste galérien qui se hisse au sommet du monde à la seule force de sa volonté et de son travail, malgré les nombreux déboires, fait évidemment recette. Sans compter que dans notre société ultra connectée où le jeunisme et la peur de vieillir parasitent sans cesse notre imaginaire, le succès phénoménal d’un presque quinqua fait du bien.

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UN VRAI GENTIL DANS UN MILIEU DE REQUINS

Tous ses anciens collaborateurs le disent : Pedro Pascal est une personne adorable. Et il faut saluer l’exploit de traverser presque trois décennies dans le monde de l’audiovisuel (où les égos d’acteurs et d’actrices sont souvent aussi monstrueux que leurs revenus) en ne laissant derrière soi que des bons souvenirs de tournage. De la jeune et éblouissante actrice Bella Ramsey, qui ne tarit pas d’éloge sur son binôme dans The Last of Us, à la comédienne multiprimée Sarah Paulson, en passant par l’acteur Oscar Isaac, ou encore l’interprète culte de Buffy – Sarah Michelle Gellar – qui se souvient avec émotion de l’acteur avec lequel elle a partagé quelques scènes il y a près de 20 ans, les avis sont unanimes : Pedro Pascal est d’une rare gentillesse. Même son de cloche du côté des journalistes qui l’ont rencontré, mais aussi des fans qui le sollicitent pour des autographes : le comédien se montre toujours très généreux et patient, malgré les demandes parfois intrusives de ses admirateurs. Réputé sincère et loyal en amitié, il est aussi toujours prompt à protéger les arrières de celles et ceux qu’il aime ou à leur donner de la visibilité. A commencer par sa propre famille, qu’il ne manque jamais une occasion de mettre en avant dans ses interviews. Qu’il s’agisse de rendre hommage à sa mère décédée en prenant son nom de jeune fille comme nom de scène, ou de célébrer le talent de sa jeune sœur Lux, qu’il dépeint constamment comme la vraie force de la nature de sa fratrie, Pedro est un grand tendre.

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UN AUTRE MODÈLE DE MASCULINITÉ

D’une sincérité désarmante lorsqu’il avoue sans honte regarder des comptes Insta de fan pour se remonter le moral quand il n’a pas confiance en lui, à ses prises de position régulières et très engagées pour la communauté LGBTQ+, Pedro Pascal incarne également un nouveau modèle de masculinité positive et non toxique. Un homme capable d’être à la fois vulnérable et accessible, facétieux et loufoque, tout en irradiant d’une grande gentillesse. Un comédien qui ne se prend pas au sérieux, ne tire jamais la couverture à lui, mais préfère toujours mettre en valeur les autres. Qui aime mieux mettre à l’aise ses partenaires de travail et interlocuteurs, que prendre l’ascendant et instaurer des dynamiques de domination délétères. Bref, on ne va pas non plus trop lui lancer des fleurs, pour un comportement qui devrait normalement relever de la normalité, mais le potentiel séduction de Pedro Pascal doit probablement autant à son physique qu’à sa personnalité. Et qui sait, cela permettra peut-être de montrer que le sex-appeal n’est pas qu’une affaire d’abdos et de belle gueule.

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UN TALENT INDÉNIABLE

Enfin, le succès de Pedro Pascal doit aussi beaucoup à son talent. Aussi crédible en dark Mario Kart dans une parodie imaginée pour la cultissime émission hebdomadaire Saturday Night Live, qu’en charismatique agent de la DEA (l’équivalent de la brigade des stups en France) traquant avec acharnement le milliardaire de la dope Pablo Escobar dans la série Narcos, et plébiscité pour son jeu tout en nuance par les plus grands, Pedro Pascal n’est pas seulement un beau gosse sympathique, c’est aussi un bosseur acharné, capable de transmettre en une seule prise une incroyable diversité d’émotions. D’ailleurs le cinéaste culte de la Movida, Pedro Almodovar, qui lui a confié le rôle d’un cow-boy gay et solitaire dans son prochain western queer, ne s’y est pas trompé, et parle de lui comme d’un immense acteur.

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Même rengaine du côté de l’équipe de scénaristes et réalisateurs de génies aux manettes de The Last of Us : Neil Druckmann et Craig Mazin – auquel on doit Chernobyl, l’une des meilleures mini-séries de ces vingt dernières années – qui ne tarissent pas d’éloge sur ses qualités de comédien. Véritable caméléon et artiste remarquable aux multiples facettes, il y a fort à parier qu’après plusieurs décennies passées à squatter les coulisses et enchaîner les seconds rôles pour survivre, Pedro Pascal va passer le reste de sa carrière sur le devant de la scène.