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C’est la Saint-Jean, wouhou
Cet article a d’abord été publié sur urbania.ca en 2010. Nous l’avons adapté à urbania.fr
Les célébrations de la Saint-Jean, ça commence le soir du 24 juin, comme tous les ans au Québec. C’est vrai. On l’avait presque oublié, non ? Pourtant, y’a pas si longtemps encore, c’était un gros truc.
Pendant des semaines avant l’événement, on se posait LA question : « Heille, man, quessé tu fais à la Saint-Jean ? » Pendant des semaines avant, on s’affairait à choisir LA destination idéale pour faire la fête. Normal puisqu ’il s’agissait de la plus grosse fête de l’année. Celle dont on allait parler pendant des semaines, voire des mois après.
Fallait que ce soit fou.
Et puis la veille, on se préparait. On achetait pour 5 $ de weed (juste assez pour un joint) au dealer de l’école et on remplissait nos bouteilles d’eau avec de l’alcool volé à nos parents : un petit peu de chaque bouteille, pour ne pas qu’ils se rendent compte de quoi que ce soit. Généralement, ça donnait un espèce de mélange d’amaretto, de rhum, de vodka, de peach snapps et de crème de menthe, d’une couleur étrangement brunâtre.
Le jour J, on était excité comme des puces. On dessinait des fleurs de lys toutes moches sur nos joues avec des crayons bleus, on collait un drapeau sur notre sac à dos acheté à la boutique du coin et puis on partait en route vers Québec, en écoutant « Awikatchikaën » des Cowboys Fringants sur repeat pendant deux heures.
Une fois sur place, on marchait pendant une heure pour trouver les Plaines, on écoutait le show à 1000 pieds de la scène, on attendait deux heures quand on voulait aller aux toilettes et on dormait dans notre voiture à 5 heures du matin. Mais, tout ça, c’était des détails. Parce que la Saint-Jean, c’était la meilleure fête de l’année, rien de moins.
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Aujourd’hui, c’est fou comme les choses ont changé. Juste l’idée de faire trois heures de voiture pour trois heures de fête ne nous amuse plus beaucoup. Ça, c’est sans parler de l’idée d’attendre deux heures aux toilettes et dormir dans sa voiture. Tout ça, le road trip, les toilettes chimiques et la gueule de bois qui dure deux jours, c’est comme si c’était soudainement moins drôle. Non ?
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Ce soir, je fête la Saint-Jean chez une amie. On va manger des hot-dogs dans des assiettes et boire de la bière dans des verres sur sa terrasse (c’est cool une terrasse). Y’aura personne de saoul pour crier « Paaaarrrrrttttyyyyy » en nous marchant sur les pieds. Ni de drapeau, ni de traces de fleur de lys.
Et le pire dans tout ça, c’est que j’ai hâte.
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C’est drôle parce qu’on vient tout juste de remettre notre dernier numéro sur l’âge d’or à l’imprimeur. J’ai passé les trois derniers mois à me demander : « Quand est-ce qu’on devient vieux ? » Et, aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir une partie de la réponse. C’est pas les cheveux blancs qui nous le font réaliser, mais des petits trucs comme ça, qui te renvoient dans la gueule que les choses changent et que tu fais la fête comme une adulte. Comme si la vie me balançait en pleine face : « Tu vieillis, ma vieille, tu vieillis. »