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Célibataire et en vieux jogging: les phases du célibat sur le tard

Par
Lucie Piqueur
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Il me semble qu’il n’y a pas si longtemps, être célibataire rimait avec soirées, liberté, et expérimentations sexuelles peu élégantes. Mais depuis peu, être célibataire, ça rime plutôt avec vieux joggings et plus aucun ami célibataire avec qui sortir le mardi soir. Que s’est-il passé?

On est devenu vieux, voilà ce qui s’est passé. Heureusement pour nous, on est en 2020. La vie nous appartient; peu importe notre statut matrimonial sur Facebook.

Des vieux fous multi-chats en passant par Angelina Jolie, on finit tous par traverser les différentes étapes du célibat sur le tard. Prenez ma main et laissez-moi vous guider à travers ces étapes que vous n’aviez jamais remarquées avant (à cause de la cataracte).

1. Le premier Noël où votre famille vous fait une réflexion

« Depuis toute à l’heure, on parle de ton voyage en Inde et de ta découverte du vaccin contre le SIDA, mais dis-nous…T’as toujours pas rencontré quelqu’un…? »

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On ne se sent jamais aussi vieux et célibataire que quand nos proches nous le font sentir. Ce sont les personnes qui souhaitent le plus fort notre bonheur, mais malheureusement, ce sont aussi des moutons conditionnés à une idée unique du bonheur qui se résume à rencontrer quelqu’un puis se reproduire. La première étape importante dans la vie du célibataire vieux et heureux, c’est d’enfin remettre les bien-pensants à leur place. Soit en ayant une paix intérieure plus forte que le son de leurs radotages, soit en leur servant une tirade digne de gâcher Noël. Idées de thèmes : le patriarcat, les ressources déclinantes de la Terre qui font que se marier et avoir des enfants revient à anéantir notre planète

2. Remettre en cause sa sexualité

Après une longue période de célibat, il faudrait être sot pour ne pas au moins effleurer l’idée qu’on aurait pu carrément se tromper de bord depuis le début. Mais comment s’imaginer qu’on aurait pu faire erreur sur quelque chose d’aussi proche de nous? Dans un monde où la religion s’est de plus en plus effacée de nos vies, on se raccroche à la foi qu’on peut.

« J’ai peu de certitudes, mais mon amour des zizis, ça, c’est solide…À moins que…? »

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C’est une expérience hautement philosophique que de challenger nos croyances les plus profondes. Mais c’est une étape importante. Au mieux, on comprendra enfin une part importante de nous-mêmes; au pire, ça fait des anecdotes croustillantes à raconter. En 2020, expérimenter avec la drogue, c’est out, mais expérimenter avec sa sexualité, c’est so in. En plus, notre foie est aussi vieux que notre célibat, et il faut le ménager.

3. La phase conspirationniste

J’avoue, c’est celle que je traverse présentement. Avant d’atteindre le Nirvana du célibat, il arrive que l’on traverse une phase de questionnement et de rébellion. « Les femmes détestent les gentils garçons comme moi! », « Les hommes détestent les femmes brillantes! », « Le Pape complote contre moi parce que je suis trop bon au lit! »

Personnellement, la conspiration qui m’habite, c’est celles des corporations du dating. Pensez-y : tout le monde est sur Tinder dans la vingtaine. Puis tout à coup « BING » vers 30 ou 40 ans, les applications de rencontres deviennent payantes. Sous prétexte que c’est seulement à cet âge qu’on est lassé des dick pics et qu’on maîtrise enfin la grammaire.

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Vous voulez savoir la vérité? On nous conditionne secrètement à utiliser Tinder dès notre plus jeune âge pour que l’on considère inconsciemment l’amour comme un bien de consommation comme un autre. Une fois qu’on est aussi accros aux aventures qu’aux nouveaux iPhones, ils ont gagné! On doit payer pour continuer à rencontrer l’amour. On nous promet que c’est le bon, cette fois. Avec son trou en moins, il est indéfectible! Bien essayé, “iTinder”….

4. S’haïr

Il y a des jours comme ça où l’on regarde avec appétit le reflet charmant dans le miroir.

« J’me baiserais ».

(J’espère sincèrement que je ne suis pas la seule à qui c’est déjà arrivé, sinon c’est CHELOU.)

Mais il y a aussi des périodes où l’on ne se baiserait pas. On pense que personne ne pourra jamais nous aimer parce qu’on est trop gros, que notre pénis est trop petit, que tout ce que les gens remarquent, c’est cette bouclette indomptable en plein milieu de notre frange. Sans parler du fait que notre père n’a jamais été capable de nous communiquer quelconque affection.

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Tout le monde passe par là, les jeunes célibataires et les vieux en couple aussi. C’est très important de savoir qu’on est imparfait : il n’y a que des psychopathes pour ne jamais s’haïr. Chez moi, cette phase a atteint son paroxysme le jour où j’ai pleuré en regardant un docu-réalité sur Netflix intitulé « L’Homme le plus gros du monde se marie ». J’ai d’abord pleuré de tristesse parce que même l’homme le plus gros du monde était plus mariable que moi. Et puis j’ai pleuré de joie parce que même l’homme le plus gros du monde avait trouvé l’amour. Good for you, Manuel!

PS : Ne le Googlez pas, il est mort de complications cardiaques en 2014 :(

5. Croire qu’on vaut mieux que tout le monde

Vient enfin la phase du célibat avancé où l’on croit que personne n’est assez bon pour nous. Lou Bega, qui butinait d’une femme à l’autre dans son Mambo n°5 sans jamais s’impliquer personnellement dans une relation, traversait probablement cette phase. (Si vous êtes trop jeune pour savoir qui est Lou Bega, vous êtes trop jeune pour lire cet article.)

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Le célibat candide des jeunes jours laisse peu à peu place au cynisme. On ne sourit plus à personne parce que s’ils nous adressent la parole, c’est probablement qu’ils ont un problème.

La bonne nouvelle, c’est que notre vie amoureuse a moins d’enjeux que les élections américaines. Si on est trop cynique pour voter avec notre coeur, ça n’implique pas le déclin de l’empire.

L’autre bonne nouvelle, c’est que dès que l’on questionne honnêtement les failles que l’on trouve aux candidats à l’amour qui nous entourent, on réalise souvent que ces failles viennent autant de nous que des autres. Il ne s’agit pas de baisser ses standards, mais de réfléchir à pourquoi certains défauts nous agacent tellement. Les dyslexiques de Tinder et nos collègues un peu relous partagent la même humanité imparfaite que nous. Ça ne veut pas dire qu’on est obligé de sortir avec eux, mais le fait d’accorder à tout le monde le même respect permet de mieux situer notre propre existence, parmi celle des autres. Que l’on choisisse d’être célibataire ou en couple, il y a toujours une personne avec qui on n’a pas le choix de vivre quotidiennement : c’est soi-même.

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Conclusion

Être célibataire sur le tard, c’est dur. Mais être en couple, c’est super dur aussi, et ça, personne n’en parle. Dans le fond, l’amour, c’est comme la cigarette. On est très heureux sans elle, mais une fois qu’elle est entrée dans notre vie, on ne peut plus s’imaginer sans.

Si vous lisiez cet article pour trouver l’amour, vous avez fait fausse route. Allez lire Femme Actuelle.