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Nouvelle sur Netflix, la série I’m Not Okay With This avait l’air très prometteuse. Un cocktail explosif d’ados, de superpouvoirs et de drame: une recette qui a maintes fois prouvé son succès (coucou Buffy). En plus d’une prémisse alléchante, elle score un 84% sur Rotten Tomatoes et les critiques à travers le monde la louangent. Eh bien, je vous annonce que je serai l’exception à la règle : j’ai détesté ça.
Je vous explique ici trois points problématiques de la série selon moi. Peut-être que ça vous donnera le goût de vous y plonger pour vous faire une idée ou au contraire, peut-être que ça vous permettra de la rayer de votre liste sans remord et de passer au suivant.
L’histoire
Avec I’m Not Okay With This, Jonathan Entwistle, à qui l’on doit The End of the F*cking World, adapte une autre oeuvre littéraire de Charles Forsman. C’est l’histoire de Sydney, une jeune adolescente endeuillée et frustrée contre la vie qui découvre qu’elle a des superpouvoirs. Sydney est une marginale, elle n’éprouve aucune connexion et pas mal de condescendance envers tout ce qui constitue une expérience adolescente normale (à voir les boulets qui peuplent son école, on ne peut pas lui en vouloir).
L’overdose de nostalgie
La série débute avec un plan où Syd court, vêtue d’une robe blanche tâchée de sang. Une référence directe au film de Carrie. On remarque une sorte de filtre sur les images, tout est chaud, un peu jaune-brun-orangé. Ça m’a tout de suite rappelé l’esthétisme de Stranger Things en moins glorieux ou en plus réaliste.
Au fil des épisodes, on se rend compte que ce choix esthétique ne sert pas le propos. Certaines scènes aident plus à justifier la nostalgie qu’à faire avancer l’histoire ce qui fait qu’on s’éloigne de l’intrigue principale : pourquoi Syd a des pouvoirs et pourquoi était-elle couverte de sang?
Des stéréotypes adolescents dignes d’un film des années 90
La nostalgie ne s’arrête pas au souci esthétique, les personnages en sont eux aussi imprégnés. Comme dans une mauvaise comédie romantique des années 90, les seuls humains qui ont des nuances et un soupçon d’intelligence, sont les personnages principaux (et le petit frère de Syd!).
Comme dans une mauvaise comédie romantique des années 90, les seuls humains qui ont des nuances et un soupçon d’intelligence, sont les personnages principaux.
Il y a énormément de scènes qui montrent une certaine féminité ou masculinité toxique. Ce n’est pas irréaliste, je suis certaine que ces modèles existent encore. Mais là où des séries pour ados comme 13 Reasons Why ont détruit les carcans, I’m not Okay With This les ramènent au goût du jour. On retrouve les blagues lourdes, les jolies cheerleaders, les weirdos et les badass hypersexualisés. Chacun a sa case, chacun méprise ceux qui n’en font pas partie.
À titre d’exemple, il y a le personnage du méchant prénommé Brad Lewis (en plus il s’appelle Brad… autant l’appeler Ken). Il se promène avec son blouson lettré, il est bon dans les sports, n’a aucune qualité apparente sauf sa supposée beauté et est un vrai trou du c*l dans les règles de l’art. À un certain moment, il aura recours à des insultes et un discours homophobe qui m’a fait grincer des dents. On s’entend, un personnage peut être con et tenir des propos haineux si ça sert l’histoire, mais dans ce cas-ci, ça ne me paraissait pas nécessaire, voire contradictoire avec la construction des personnages principaux qui sont justement pensés pour s’élever au-dessus des cases.
Dans sa globalité, la série ne véhicule pas de message homophobe et ne glorifie pas les comportements toxiques. Mais ça clash, on a des nuances d’un bord et des caricatures de l’autre, il aurait fallu se commettre à l’un ou à l’autre pour rendre ça cohérent.
Ça s’en va où tout ça?
Dans le dernier épisode, on comprend d’où vient le sang qui couvre Sydney dans la première scène. La chute est excellente, tout se boucle à merveille. Mais entre le début et la fin, l’intrigue est plutôt centrée autour de sa relation ambiguë avec sa meilleure amie Dina. Ce n’est pas inintéressant, c’est juste que les deux intrigues auraient pu mieux coexister.
Syd n’est pas attachante et je crois que c’est voulu. Elle est awkward sans être charmante et c’est parfait dans une certaine mesure. Ça change de voir une héroïne pleine de défauts qui n’est pas «parfaite à sa manière».
Syd n’est pas attachante et je crois que c’est voulu. Elle est awkward sans être charmante et c’est parfait dans une certaine mesure. Ça change de voir une héroïne pleine de défauts qui n’est pas «parfaite à sa manière». Elle est dans une très mauvaise passe et elle agit et réagit comme quelqu’un de profondément blessé, de marqué par le malheur.
Évidemment, on comprend rapidement que ses pouvoirs proviennent de sa blessure, mais on ne creuse pas plus qu’il faut. Syd ne teste presque pas ses pouvoirs parce qu’elle en a honte. Si sa réaction est réaliste d’un point de vue narratif, ça devient vite chiant à l’écran. Qu’est-ce qui cause ses pouvoirs? Pourquoi elle? Qu’est-ce qu’ils font ses pouvoirs exactement? Je vous le dis tout de suite : toutes ces questions resteront sans réponse alors ajustez vos attentes.
Le bon coup?
Les honneurs, je les donnerais au personnage de Stanley Barber. Ce jeune garçon très cool et très gentil qui se passionne pour les VHS parce qu’ils sont selon lui porteurs d’une expérience en soi. Il ajoute beaucoup de couleurs et de dimensions à l’histoire. Il est celui à qui on s’attache le plus naturellement du monde et nous aide aussi à voir Syd d’un nouveau regard.
Alors, ça passe ou ça casse?
Pour moi, ça casse parce que ça aurait pu être meilleur. Je pense qu’ils l’ont échappé sur certains points, qu’ils ont trop fait durer l’histoire. Ça aurait fait un film génial par contre. À vous de me dire ce que vous en avez pensé!