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Buongiorno, do you sprechen the langue of Europanto ?

Et si on s'inventait une langue commune à tous les Européens ?

Par
Louise Pierga
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Vous êtes nul·le en langue étrangère ? La dernière fois qu’on vous a demandé “how are you ?” vous avez répondu “yes” ? Vous parlez espagnol en rajoutant juste des “o” à la fin des mots francito ? Pas de panique. L’europanto est peut-être la lumière au bout du tunnel des déçus de Duolingo.

Mais avant, il est nécessaire de faire un petit point sur une autre langue vivante dont le nom vous est certainement familier : l’espéranto. Langue simplifiée universelle véhiculaire – c’est-à-dire, l’inverse de vernaculaire, elle ne se limite donc pas à un seul pays. Créée de toute pièce en 1887 par un ophtalmologue (c’est peut-être ça le problème, sans jugement aucun pour la commu des ophtalmo qui nous lisent). L’objectif alors est de faciliter la communication entre les pays pour favoriser la paix dans le monde. L’espéranto se veut simple à apprendre . On estime qu’un Français peut la maîtriser en 150 heures (contre 800 heures en moyenne pour une autre langue selon vos ressources neuronales). Une belle utopie humaniste en somme pour en finir avec la tour de Babel, effacer les inégalités sociales et les frontières. Un siècle et demi plus tard, on compte à peine deux millions d’espérantophones dans le monde disséminés sur 125 pays. Pas un échec cuisant mais un succès relatif.

Adios l’espéranto, buongiorno l’europanto ?

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Depuis quelques années, une nouvelle langue cheloue voit le jour : l’europanto. Sa propagation n’est pas tellement plus au rendez-vous mais au moins là, c’est assumé. Dans cette version satirique de l’espéranto, on mixe les principales langues européennes sans aucune forme de règles grammaticales – un frenglish updaté à l’échelle du continent. Très pratique quand on ne sait parler aucune langue étrangère mais qu’on a le souhait de se faire comprendre dans les grandes lignes. Diego Marani, traducteur au Conseil de l’UE et initiateur de cette linguerie (mot-valise de “langue” et “dinguerie”, moi aussi je peux inventer des langues en faitch) a même eu le culot d’en faire un roman Las Adventures des inspector Cabillot. Figurez-vous que je l’ai lu et, toute completado de hope que je was, j’ai rien understood. Faut croire qu’il n’existe pas de méthode miracle pour devenir polyglotte en un claquement de doigt. The europanto aventura est over für moi, stop the baragouinage.

D’ailleurs le mot “baragouiner” a une origine très europanto-friendly. Selon l’hypothèse linguistique la plus répandue, l’expression remonte à quelques siècles tantôt. Les pèlerins bretons qui ont longtemps causé breton entravaient que dalle au français et Nolwenn Leroy n’est pas encore là pour faire le pont entre nos deux langues (quel petit pont armaturé celle-là). Bonjour les ploucs – insulte qui, on le rappelle désigne les Bretons dont les villes commencent souvent par “Plou-kekchose”. Afin de trouver leur dose de cidre et de pâté Hénaff (*) dans les auberges du pays, ils utilisent les mots “bara” (boire) et “gwin” (manger) si bien qu’on les surnomme “Baragwin” pour qualifier ce charabia bretonnant.

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Moi je pense qu’on a plus à gagner à apprendre le breton que l’europanto mais vous faites ce que vous voulez.

(*) Je vous ai totalement anachronismés, car le pâté de Jean Hénaff ne voit le jour qu’en 1915.