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Bon vent, Jean-Pierre (Pernaut)

Merci pour les souvenirs.

Par
Daisy Le Corre
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Jean-Pierre Pernaut a présenté pendant 33 ans le journal de 13h sur TF1. 33 ans: c’est aussi l’âge que j’aurai fin novembre. C’est une page d’un tiers de siècle (ça ne me rajeunit pas) qui se tourne, mais aussi 33 ans de souvenirs qu’il nous force à revivre. En réentendant sa voix ou en revoyant sa tête, c’est nos enfances et nos adolescences qui défilent.

Pour moi, Jean-Pierre Pernaut c’est d’abord un son (qui me fait toujours un peu flipper, comme celui-ci). Dès les premières secondes du générique, me voilà replongée en enfance: à table avec mon père qui s’empresse de monter le son de la télé. « Attends deux secondes Daisy! Je veux écouter Jean-Pierre ». Soudain, la voix culte (douce?) du journaliste stoppait tout sur son passage.

Jean-Pierre Pernaut, c’est un peu notre madeleine de Proust à tous.

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Je revois aussi ma grand-mère qui pouffe de rire devant les blagounettes du présentateur vedette, attendant sagement qu’il se la ferme pour regarder «Les Feux de l’amour» (autre générique culte, cliquez!!). Jean-Pierre Pernaut, c’est un peu notre madeleine de Proust à tous.

Son JT était à son image: bon enfant, franchouillard (il s’est d’ailleurs associé plusieurs fois avec des titres de la presse quotidienne régionale), populaire (populiste?), ringard voire rétro, avec une hiérarchie de l’info unique en son genre. C’était émouvant aussi parfois, comme lorsqu’il a dû annoncer en direct la mort de son pote, Guy Béart.

Bruce Toussaint, lui, trouvait carrément que le 13 heures était devenu “une sorte de reflet de la France assoupie, idéal pour commencer la sieste”. «Que Pernaut soit de droite, conservateur et réac’, ça ne me pose pas de problème. Le souci, c’est qu’il exprime ses opinions dans le JT.» Il n’avait pas tort… Je me souviens encore de mes siestes, bercée par le son de la voix de JPP, avant d’aller à la plage en Bretagne.

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C’est vrai qu’il avait une façon, bien à lui, de commenter l’actu. On se souvient de sa fameuse petite phrase: «Plus de place pour les sansabris, mais en même temps les centres pour migrants continuent à ouvrir…». Sur un ton plus léger, en pleine pandémie, il n’a pas hésité à comparer les Français.es célébrant la Fête de la musique à des moutons.

Bref, JPP était aussi connu pour ses positions conservatrices. Quelle déception! Moi qui croyais encore au Père Noël, c’est en 2013 que j’ai vraiment déchanté. «Non, pas toi JPP!» Mais si.

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Sexy Sushi, meilleur groupe de tout l’univers, avait déjà tenté de lui faire passer un message en lui dédiant un titre qui passe beaucoup moins bien ce 2 mars 2022. (J’aimerais que tu trébuches/Que ta tête s’ouvre et dégouline dans ta capuche/Que tu passes dans ton propre journal télé/A treize heures entre deux reportages de mémé):

Mais que voulez-vous, personne n’est parfait. Comme dirait Hélène Ségara, on n’oublie jamais rien, on vit avec. Sans rancune JPP. Et PPDA ou Claire Chazal, on en parle? Non pas maintenant.

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Jacques Legros, alors? Ah oui, lui quand on le voyait prendre les rênes du 13h, on savait que JPP était soit en vacances soit mal en point. Il a toujours gardé son étiquette de “numéro 2”: son journal n’était pas si mal, mais la vibe de JPP n’était pas là, faut bien l’avouer.

Même France Cul(ture) a tenté de décrypter le phénomène et la “catégorie journalistique” Pernaut. «Jean-Pierre Pernaut a ce truc en plus que n’ont pas les autres présentateurs de journaux : même quand il est en vacances, le journal de 13h de TF1 reste le sien. Jacques Legros, à l’antenne (son joker depuis des années), fait du Pernaut.»

Irremplaçable JPP ? Rien n’est moins sûr. Une chose est certaine: il ne m’a pas donné le goût du journalisme, ne m’a jamais fait rêver, ne m’a pas appris grand chose mais c’est en partie grâce à lui que ma boîte à souvenirs est bien remplie. Précieux.

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On retrouvera son souvenir sur un marché, dans un petit village au fin fond de la France. Bon vent JPP.