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Bon chic sans genre

Calher Delaeter, la marque unisexe qui rhabille les corps.

Par
Isabelle Delorme
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URBANIA France et Calher Delaeter s’unissent pour vous prouver que le genre est aussi fluide que la mode.

Ligne homme, ligne femme… et si au lieu de l’une OU l’autre, on avait l’une ET l’autre ? Dans les années soixante, on évoquait déjà la « mode unisexe » mais au 21ème siècle, les questionnements sur l’identité des genres et les stéréotypes amènent à parler de vêtements non genrés. Pour Alonso Calderon et Théophile Delaeter, créateurs de la marque Calher Delaeter, tout a commencé par l’achat d’une machine à coudre au marché Saint-Pierre – temple des étoffes parisiennes – pour « s’amuser en créant des vêtements avec des matières incroyables ». Un an et demi après, le couple franco-mexicain lance sa collection zéro avec Luisa Mendez Rodriguez qui a rejoint l’équipe créative et Emmanuelle Yared, l’équipe commerciale. On a assisté au premier shooting du jeune label joyeux, festif, coloré et résolument fluide : on a parlé amour, mode, conventions et tabous.

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L’amour en rose et noir

Théophile Delaeter vivait en Espagne lorsqu’il est rentré fêter son anniversaire à Paris et qu’il a rencontré Alonso Calderon, qui venait de quitter le Mexique et travaillait pour Louis Vuitton. Il a suffi d’une journée pour allumer l’étincelle. « On s’est appelés tous les jours jusqu’à ce qu’Alonso vienne me voir quelques jours en Espagne », se souvient Théophile Delaeter. Si le Mexicain a d’abord été charmé par le charisme de Théophile, sa curiosité et sa bienveillance, il a aussi été attiré par la beauté, la passion et le goût pour les arts d’Alonso. « Il voit les détails dans tout ce qu’il regarde et m’a traîné des journées à courir les expositions et les musées ! », raconte le Français.

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Très complémentaire avec une tête rêveuse et une autre plus organisée, le couple s’est marié pour pouvoir continuer à vivre ensemble à Paris et poursuivre leur rêve de création dans la ville de l’art et la mode. « On n’avait pas de robe de marié.e mais franchement c’était aussi compliqué ! », lance Théophile Delaeter en riant. De la même taille et pointure, le couple habitué à partager une garde-robe commune a réalisé peu avant le grand jour que chacun comptait porter la même paire de souliers. Costume rose pastel pour Alonso et habit noir plus rock pour Théophile, leurs tenues reflétaient déjà la double culture colorée et parisienne de la maison Calher Delaeter, dont ils ont lancé la première collection en parallèle de leurs emplois respectifs.

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Briser les conventions vestimentaires

La matière fétiche du duo ? Le velours qui est devenu sa marque de fabrique, surtout lorsqu’il est un peu brillant. Doux au toucher et lumineux à l’œil, il semblait pourtant banni du vestiaire des hommes. « Ce velours était réservé à un univers féminin ou alors au mobilier, déplore Théophile Delaeter. On le retrouvait beaucoup sur des robes de gala ou parfois sur des vestes, mais nous avons souhaité l’emmener sur des pièces très simples de prêt-à-porter : des robes, des crop tops, des pulls à col roulé ».

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Le premier pull velours sorti de la machine à coudre d’Alonso Calderon fait un carton. « Nous l’avons créé pour pouvoir le porter et nous l’avons partagé sur les réseaux sociaux. Beaucoup d’amis nous ont demandé le même. C’était impressionnant ! », raconte le créateur qui décline très vite le modèle dans plusieurs couleurs. L’entreprise est créée en août 2020, Théophile Delaeter prenant en charge les aspects commerciaux pour laisser à Alonso Calderon les rênes de la création.

« Les vêtements très féminins – comme par exemple les crop tops ou la dentelle – restent très tabous pour les garçons dans la mode alors qu’on les voit de plus en plus dans la rue ! Cela fait du bien de créer des vêtements qui ne suivent pas les normes sociales et je crois que notre génération est beaucoup plus fluide. Elle souhaite porter ce qu’elle veut, tant pour les vêtements que les bijoux. Ces pièces transforment notre ressenti intérieur et le transmettent à l’extérieur », se réjouit celui qui a choisi de brouiller également les lignes de genres avec le maquillage et les coiffures de son premier shooting.

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Rechercher l’équité des corps

La femme domine le marché féminin de la mode avec 643 milliards de dollars de ventes mondiales contre 420 pour l’homme en 2017 selon la firme de recherche Euromonitor. Des chiffres qui riment avec une offre inéquitable. « Même dans la fast fashion, lorsqu’il y a trois étages dédiés aux femmes, il y en a un seul pour l’homme ! C’est à l’image de l’industrie », déplore Théophile Delaeter qui recherche davantage d’harmonie.

« Tous les corps sont différents et nous essayons de créer les vêtements les plus flexibles possibles pour tout le monde, hommes et femmes », déclare Alonso Calderon qui trouve des astuces techniques pour que les pièces soient modulables : des boutons qui se ferment plus ou moins à la taille ou des sangles, qui ajustent sur chaque corps les modèles déclinés de la taille XS à XL. Une vision animée aussi par un souci d’écoresponsabilité, avec une fabrication à la demande, des matières le plus possible européennes et l’utilisation des chutes de tissu au maximum.

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Apporter de la joie par le style

S’affranchissant des codes d’une mode masculine aux coupes trop strictes à son goût, Alonso Calderon joue sur la transparence en insérant un peu de tissu dans la dentelle pour la rendre plus portable. « Nous aimons utiliser des matières qui attirent l’œil », explique le créateur qui s’inspire des couleurs solaires du Mexique tout en s’imprégnant de l’élégance parisienne.

La fête est également source d’inspiration, mais aussi une certaine recherche du confort pour celui ou celle qui portera le vêtement. « C’est une personne libre et ouverte d’esprit, qui ne se limite pas, festive, aimante, poétique avec un vrai sens artistique. Avec nos vêtements, elle se sent très confortable dans son corps », explique Alonso Calderon qui avoue être un ancien complexé.

La soie et la transparence épousent en douceur les corps ronds. Les couleurs unies intemporelles, les formes simples et adaptables sont agencées selon une saisonnalité volontairement cassée dans cette première collection. Les pièces métalliques (boutons dorés, rivets, boucles) contrebalancent la souplesse du tissu tout en apportant une modularité, comme dans le pantalon salopette dont le plastron aux chaînes dorées peut s’enlever pour un look plus formel. La fluidité acquiert ainsi de multiples dimensions qui ne se mesurent pas toutes avec un mètre de couturier.e.

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