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Bling Empire, la téléréalité plus profonde qu’on pourrait croire
Bling Empire, c’est huit épisodes dans lesquels on suit des gens riches (célèbres pour quelques-uns) résidant à Los Angeles, dans leurs virées shopping décadentes, leurs villas avec vue sur le Pacifique et leurs soirées où diamants, caviar et drama se côtoient naturellement.
À l’instar de Crazy Rich Asians, la diversité culturelle bat son plein dans Bling Empire. Avec un all-Asian cast composé en partie d’héritiers, voire de trust fund babies, issus de la deuxième génération de familles prospères asiatiques.
Jusque-là, tous les ingrédients pour une téléréalité réussie.
parler de sujets sérieux dans une téléréalité, est-ce que ça fonctionne ?
Mais parler de sujets sérieux dans une téléréalité, est-ce que ça fonctionne ? C’est pourtant le pari risqué qu’a pris le producteur exécutif Jeff Jenkins… le même ayant produit Keepin Up With The Kardashians. Disons qu’il en a vu des vertes et des pas mûres.
La série ose aborder des sujets généralement absents de ce genre d’émission, comme les questions identitaires, les relations abusives ou le tiraillement des Asio-Américains entre les valeurs traditionnelles asiatiques et celles plus libérales à l’occidentale. Le tout se déroulant à l’ombre des palmiers californiens, entre deux rituels bouddhistes.
On y suit d’abord Kevin Dreider, le plus « pauvre » du groupe. Adopté en Corée du Sud par une famille américaine, il se questionne sur ses origines. « Growing up, I wanted to be white » [traduction libre : « Quand j’étais petit, je voulais être blanc »], admet-il. Mais au contact de cette faune de descendance asiatique, il décidera de renouer avec ses origines et tentera de retrouver ses parents biologiques.
Il y a aussi la Vietnamienne Kim Lee : DJ, mannequin (et sosie de Kylie Jenner). Abandonnée par son père à huit ans, elle décidera de partir sur sa trace, pour renouer avec lui en le traquant via un détective privé.
Puis l’entrepreneure Kelly Mi Li, dont la relation toxique (comprendre, abusive) avec son copain nous fait hurler devant notre téléviseur.
Sans oublier la philanthrope Christine Chiu, qui veut défendre son honneur envers sa belle-famille en refusant d’avoir recours à une mère porteuse, un recours méprisé et honteux dans la culture asiatique. Son mari, précisons-le, est un éminent chirurgien plastique de Beverly Hills… et le 24e descendant de la dynastie Song en Chine.
La série veut montrer la réalité des Américains d’origine asiatique. Parce que, celebrities, they’re just like us.
En entrevue avec Entertainment Weekly, Kevin Dreider défend la série face à ses détracteurs qui accusent le show de ne montrer que des riches qui flambent leur argent. Il répond que la série veut montrer la réalité des Américains d’origine asiatique. Parce que, celebrities, they’re just like us.
Mais vraiment ?
Même si Bling Empire aborde des sujets sérieux, jamais elle ne les approfondit. On passe rapidement d’une scène hyper délicate dans laquelle Kevin discute avec sa mère adoptive de son désir de retrouver ses parents biologiques, à une autre où ces ultrariches s’envolent à bord d’un jet privé pour une virée shopping à Las Vegas.
Malheureusement, c’est bien ce dernier plan que l’on retiendra. Les innombrables privilèges des riches, asiatiques ou pas.
Et malheureusement, c’est bien ce dernier plan que l’on retiendra. Les innombrables privilèges des riches, asiatiques ou pas. Comme avoir un accès VIP aux boutiques de luxe, loger dans des suites présidentielles dans les hôtels chics de Paris ou organiser un photoshoot de ses enfants pour alimenter leur portfolio et ainsi leur permettre d’avoir une place dans les meilleures maternelles de L.A.
On peut même se demander si détenir une carte American Express Centurion ne monterait pas à la tête de ces protagonistes. Ces mêmes qui accusent leurs pairs de porter des faux diamants et qui ne manquent pas une occasion de name drop des marques de haute couture pour impressionner leur entourage.
Il faut toutefois reconnaître l’audace de la téléréalité. Un cast entièrement asiatique où on y évoque des sujets sensibles rarement soulevés dans ce genre télévisuel. Sans doute, cette spécificité conférera à Bling Empire une certaine notoriété, voire, un certain respect.
Mais pour une émission qui se veut un mélange entre le documentaire et la téléréalité, on remarquera que Bling Empire s’apparente beaucoup plus au deuxième. Et manque visiblement sa cible de déboulonner les stéréotypes envers les ultrariches de ce monde.