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Bad Sisters : sororité, meurtre et misogynie

Unies contre un homme.

Par
Marine Langlois
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On ne choisit pas sa famille mais chez les sœurs Garvey, cela n’a jamais vraiment été un problème. Eva, Becka, Ursula, Bibi et Grace sont unies par un lieu fort et une sororité que rien ne semble pouvoir briser… sauf un certain John Paul. Car si les sœurs Garvey n’ont pas choisi leur famille, elles ont encore moins choisi les pièces rapportées de cette famille. Or la douce Grace a commis l’irréparable : se marier à un homme abject.

Bad Sisters, disponible sur Apple TV +, est une série créée par l’Irlandaise Sharon Horgan, connue par les fans du petit écran pour Catastrophe. Elle a depuis enchaîné les projets aussi bien comme scénariste (Divorce) qu’actrice (This Way Up), en gardant l’humour impertinent qui lui réussit tant. Ce mordant, Sharon Horgan l’a aussi amené dans Bad Sisters, l’adaptation de la série flamande Clan, diffusée l’année dernière sur Arte.

Le titre original est d’ailleurs bien trouvé – les sœurs Garvey forment un véritable clan – alors que celui de l’adaptation de Sharon Horgan se veut plus ironique, nos protagonistes sont loin d’être des mauvaises sœurs.

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Entre comédie noire et murder mystery

Sur la côte irlandaise, non loin de Dublin, la vie des Garvey est chamboulée par la mort de John Paul, le mari de Grace. La série s’ouvre sur son enterrement où la pauvre veuve est en pleurs alors que ses sœurs semblent se réjouir de la mort du « Prick » comme elles l’appellent, ou le « connard » en français. Il est rapidement évident qu’Eva, Ursula, Becka et Bibi ont quelque chose à voir avec le décès de John Paul, qui semble au premier abord être mort de causes naturelles. L’arrivée d’assureurs désespérés de ne pas payer à Grace la pension déclenchée par la mort de son mari va provoquer un vent de panique chez les quatre sœurs.

Finement écrite, la série est partagée entre le présent libéré de John Paul mais parasité par ces assureurs et le passé, où le « Prick » ne cesse de répandre son venin et souhaite éloigner la pauvre Grace de ses sœurs. Ces aller-retours constants permettent de démêler le fin mot de l’histoire le long de dix épisodes, faisant de Bad Sisters un murder mystery très prenant. Le tout avec une pause dose d’ironie et d’humour noir, deux éléments essentiels d’une bonne série made in Sharon Horgan.

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De la misogynie en voici, en voilà

Bad Sisters s’attaque à un mal omniprésent dans nos sociétés : les hommes qui s’en prennent aux femmes pour se sentir exister. John Paul, joué brillamment par le Danois Claes Bang, est le symbole même de la misogynie, du racisme, de l’homophobie, etc. Son plaisir personnel semble être de rabaisser sa femme tout en affirmant agir dans son meilleur intérêt (bref, du gaslighting) mais aussi de l’éloigner de ses sœurs. Au contact de John Paul, chacune de ces dernières perd une chose qui lui est précieuse, de l’opportunité professionnelle à un organe (oui, oui).

Les personnages masculins sont pour la plupart secondaires dans la série sauf celui de John Paul qui ne fait pas vraiment honneur à son sexe. Il est rare qu’un personnage provoque autant de haine chez les spectateurs. Eva, Becka, Ursula et Bibi ont-elles vraiment tort de vouloir tuer cet homme infect ? Une chose est sûre : la sororité est à l’honneur dans cette série et chaque personnage féminin a le temps d’exister à sa façon. Porté par un casting aussi peu connu que brillant, Bad Sisters est une nouvelle preuve que les bonnes séries du moment se trouvent sur Apple TV +.

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