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Arrêtons de demander « ce qu’on fait dans la vie »

Esquiver la question comme les balles dans Matrix, ça s’apprend.

Par
Pauline Allione
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Début de soirée, on est de plus en plus serrés dans l’appart et un léger brouhaha emplit la pièce. Par confort du déjà-vu ou par horreur du smalltalk, on commence par rester en terrain connu avant de s’aventurer vers celles et ceux qu’on ne connaît pas encore. On se donne une contenance en tirant sur sa vape ou en regardant le fond de son verre, mais la question plane au-dessus de nos têtes fraîchement rencontrées. Ce “tu fais quoi dans la vie ?”, qui demande implicitement notre place au sein du système économique et peut certes donner lieu à des conversations intéressantes, mais déclenche rarement rires et passions. Au lieu de hocher la tête en écoutant distraitement untel·le nous expliquer en quoi consiste son job, mille autres questions pourraient nous permettre de faire connaissance.

Parce que notre travail ne nous définit pas, parce que plein d’autres sujets nous tiennent à coeur, parce que l’humour est une arme de séduction – amoureuse comme amicale – massive, et parce que certain·e·s en ont ras le bol de ressortir le même speech tout cuit pour présenter un taff qu’ils ne peuvent pas blairer, on pourrait simplement skipper cette question. Alors on vous a demandé vos phrases et techniques pour laisser le boulot de côté en soirée, en speed dating ou au café du coin.

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  • Mélodie – « C’est quoi le dernier livre que tu as lu ? » ; « C’est quoi ton signe astrologique ? » Ma question préférée c’est : « De quoi tu manques ? », mais c’est parfois difficile de la poser.
  • Hassan – On bifurque subtilement sur ce qu’on met en place au quotidien pour se stimuler, aussi bien pour le boulot que pour soi-même et on fait une passe décisive à la personne qui nous pose la question.
  • Florence – J’ai pour habitude de ne pas parler boulot en dehors de ma boîte. Avec les personnes rencontrées dans un contexte différent, je me rattache à ce qu’on est en train de faire et ce qu’on partage sur l’instant. J’ai rencontré des personnes en vacances ou dans le milieu associatif, et encore aujourd’hui je n’ai aucune idée de leur métier et je m’en fiche.
  • Anne – Je lance toujours un « Qui es-tu ?! » souriant, qui donne des réponses aussi réjouissantes qu’inattendues.
  • Marie – Je trouve qu’un « Salut ça va, tu fais quoi dans la vie ? » fait un peu pitié pour un premier contact. Ça vient plus tard dans la discussion mais avant ça, j’essaie de trouver une connexion entre nous, si on est en soirée et qu’on a des connaissances en commun par exemple.
  • Benoît – « À quel point aimes-tu les Craquinette ? »
  • Élie – Je change souvent de trottoir avant qu’on me pose cette question. (Si vous êtes dans une soirée en appart’, ça peut aussi être le moment d’aller vous resservir un verre, ndlr)

  • Lydie – Avant je taffais dans l’assistance informatique, et quand je disais ce que je faisais, la réponse type c’était : « J’ai tel souci, tu pourras regarder steuplait ». Du coup j’ai changé de version, et je répondais « taxidermiste » ou « croque-mort ». Ça calmait direct, la personne finissait toujours par changer de sujet.
  • Irène – « Il est joli votre pull. Vous l’avez acheté où ? »
  • Sylvian – Je ne suis pas doué en smalltalk et quand on arrive aux questions banales, mon seul rempart c’est de faire le con. C’est plus facile en groupe, mais en face à face c’est pas évident… Parler de musique ou de films, c’est souvent un marqueur intéressant pour savoir si une personne en a un peu dans le citron.
  • Mila – J’essaie de partir de ce que j’observe : une attitude, un accent, un style vestimentaire. Ce qui est important si on veut qu’il y ait une connexion c’est de parler de l’autre, et de montrer qu’on lui prête attention.
  • Camille – Je me force trop souvent à interroger la personne sur son boulot, même si ça ne m’intéresse absolument pas. Maintenant, il suffit qu’on me pose cette question de manière pas assez explicite pour que j’utilise l’ironie. Je réponds que je suis en soirée en train de boire un verre, et j’en profite pour changer de sujet.

Pierre – « Qu’est ce que tu as mangé au petit déjeuner ce matin ? » ; « D’où viens-tu ? » ; « Où vas-tu ? » ; « Es-tu satisfait par ton existence ? » ; « Quels sont tes rêves ? » ; « Aimes-tu le vélo ? ».