Aime ta vulve. Ça fait des siècles qu’on la méprise, la maltraite et même qu’on tente de la fuir comme si elle allait avaler le mâle. On l’a emprisonnée dans une ceinture, car c’était le fruit du démon, la tentation, la saleté, le péché. Aujourd’hui en Inde, on tente de la décolorer, car le rose c’est plus appétissant que le brun. Dans d’autres pays, on la charcute et prive les femmes du plaisir le plus sain qui existe.
Ici, on la traite de nid à maladies, de vilaine poilue et de porteuse d’odeurs. La vulve ne l’a jamais eu facile.
Elle n’est pas assez rosée, pas assez imberbe, pas assez charnue. Les petites lèvres, sensibles aux caresses, avares de langues, dépassent plus souvent qu’autrement des grandes lèvres et obsèdent une panoplie de femmes. Au lieu de les apprécier pour les sensations divines qu’elles apportent, certaines rêvent d’une chirurgie esthétique pour que leur vulve ait l’air d’une pêche. Jeunes, elles cultivent une relation de haine et de honte avec un sexe qu’elles n’ont même pas encore utilisé.
Juste le mot “vulve” répugne bien des gens.
D’ailleurs on nomme maintenant les petites lèvres, les lèvres intérieures pour éviter d’alimenter les complexes et éliminer les : « Oh my god mes petites lèvres dépassent de mes grandes, j’suis dégueulasse ! ». Pourtant on est plusieurs chez qui ça dépasse. Des fois ma pêche fait une p’tite grimace, je trouve qu’elle a du culot.
Juste le mot “vulve” répugne bien des gens. Pourtant il existe des parties du corps qui sonnent encore moins bien et on les dit à voix haute sans froncer des sourcils : cuticules, rotule, glotte, cornée…
Vulve c’est le mot bulbe qui a remplacé ses “B” par des “V”. Tout part de là… « c’est l’origine du monde », comme le disait Gustave Courbet. Pourtant on la maltraite, on la trouve laide, on la compare. On en a honte, et tout ça pour atteindre des standards esthétiques véhiculés par l’industrie porno.
Elle se fait traiter de tous les noms : snatch, smokemeat, ploune et j’en passe. Plusieurs propriétaires de vulve n’ont jamais osé la regarder dans le miroir et c’est ce qui fait que plusieurs d’entre elles croient encore à tort qu’elles urinent par le vagin.
Récemment dans une soirée j’ai mentionné à des amis qu’un clitoris, ça n’avait pas la forme d’un bouton, car dans son entièreté, l’organe ressemble plutôt à un os de poulet. (Tu sais celui qu’on casse en deux quand vient le temps de faire un vœu ?). La comparaison est boiteuse, car un clitoris, c’est la dernière chose que tu veux briser, mais j’ai vu la surprise dans les yeux de mes amis. « Ah ouais ? », « Bah ça alors ! », « Je savais qu’y’avait une partie à l’intérieur, mais je savais pas que c’était divisé en deux comme un embranchement d’autoroute. J’pensais que c’était droit comme un pénis. »
Avec tout l’intérêt que notre société porte au sexe, ça me surprend toujours de voir que le clitoris, le vagin et la vulve restent pour plusieurs un mystère.
Pas besoin d’aller à la bibliothèque, de perdre 2 heures de son temps à fouiller dans des tiroirs à fiches, de trouver le bouquin pour ensuite tenter de regarder, en secret, un graphique de vulve et de vagin pour s’instruire. Tout est là à portée de la main, chez soi dans un serveur de recherche. Suffit d’inscrire graphiques vulve ou anatomie sexuelle de la femme pour éviter les 20 000 suggestions de sites pornos et MAGIE, on peut s’éduquer dans le confort de son chez-soi entre deux séries Netflix.
Ne pas aimer ou connaître son corps c’est le point de départ d’une sexualité censurée et d’un échange de peau timide. Ne pas aimer son organe sexuel, c’est détester ce qui nous fait plaisir. Mesdames, aimez votre vulve, évitez de lui faire du mal en l’irritant, en lui fournissant des poils incarnés, en frottant avec acharnement son épiderme sensible ou en l’étouffant avec des parfums… prenez soin d’elle, elle est votre amie.
L’amie qu’on présente fièrement et avec qui le lien est pour la vie.
PS : en espérant que Maeva Ghennam lise cet article…