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Acheter un NFT, est-ce que c’est risqué ?

Voici ce qu'il faut savoir avant de claquer sa cryptomonnaie.

Par
Mathieu Atallah
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Vous avez peut-être entendu parler du Bored Ape Yacht Club ? Non, c’est n’est pas un nouveau groupe de musique, mais plutôt un vrai club auquel vous avez accès si vous possédez un de ces fameux NFT de chimpanzé.

Vous vous demandez encore c’est quoi un NFT ? De façon générale, les NFT sont des œuvres d’art virtuelles qui sont vendues sur l’internet. N’importe qui peut acheter l’une de ces œuvres et en devenir le nouveau propriétaire. L’achat est ensuite enregistré sur un registre virtuel qui peut être consulté par tout le monde, que l’on appelle un blockchain.

Donc si je vois un NFT en ligne, je peux savoir qui est le propriétaire de l’original en consultant le blockchain.

Lorsqu’une personne achète un NFT, elle achète le droit d’agir à titre de propriétaire de l’œuvre, ce qui lui permet de la revendre.

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L’aspect unique des NFT réside dans le fait que l’on peut sauvegarder et même partager une œuvre d’art sans jamais la posséder. L’exemple classique pour comprendre ce principe est le suivant : tout le monde peut prendre une photo de la Joconde, mais elle ne lui appartient pas. Elle appartient toujours à l’État français.

Mais qui achèterait ça ?

Premièrement, lorsqu’une personne achète un NFT, elle achète le droit d’agir à titre de propriétaire de l’œuvre, ce qui lui permet de la revendre, espérons-le, à un plus haut prix. Il s’agit de la raison spéculative ou financière de posséder un NFT.

Deuxièmement, une personne pourrait tout simplement vouloir dire qu’elle est propriétaire d’une œuvre d’un.e artiste qu’elle aime, tout en supportant ledit ou ladite artiste. Ce serait la raison altruiste de posséder un NFT.

OK, mais les gens ne font pas ça pour vrai ?

Oui, il existe un vrai marché pour ça. Considérés comme deux des premiers créateurs de NFT, Matt Hall et John Watkinson ont créé la série CryptoPunks en 2017. Les CryptoPunks sont des portraits pixélisés qui, depuis leur création, ont atteint des ventes totalisant plus d’un milliard de dollars. L’un d’entre eux s’est vendu pour 11,7 millions de dollars !

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Mais Matt Hall et John Watkinson ne sont pas les seuls à vendre leurs œuvres virtuellement. On estime que dans les dix premiers mois de 2021, les NFT ont généré plus de 26,9 milliards de dollars en transactions. L’œuvre virtuelle qui s’est vendue le plus cher en 2021 est Everydays : The First 5000 Days par Beeple, pour 69 346 250 $ ou 38 525 ETH.

C’est fou ! Je devrais en acheter un et le vendre !

Pas si vite ! Comme la vente d’art physique, la vente d’art virtuel est extrêmement difficile. Il est quasiment impossible de savoir si l’investissement portera fruit dans le futur. La majorité d’entre nous savent qu’un Picasso vaut beaucoup d’argent, mais peu de gens seraient capables d’appliquer le même raisonnement pour des NFT. Investir dans ce domaine serait donc aujourd’hui l’équivalent de mettre 50 000 € sur un billet de loterie.

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De plus, il faut faire attention de ne pas tomber dans la « greater fool theory » [Traduction libre : la théorie du plus grand imbécile]. Cette théorie estime que les prix de certains biens grimpent parce que la personne qui achète sait qu’elle pourra le revendre à quelqu’un qui voudra lui-même le revendre à un prix encore plus exorbitant à un autre acheteur ou une autre acheteuse avare.

Cependant, le prix chute lorsqu’il n’existe plus d’idiot.e.s prêt.e.s à acheter le bien. Le dernier « fool » se retrouve donc avec un objet que personne ne veut acheter et sa valeur tombe à zéro.

J’ai juste à acheter une œuvre qui s’est déjà vendue à un prix élevé ! Comme un Picasso !

Même si le raisonnement semble logique, le marché est trop volatile pour être soumis à une logique quelconque. Il est courant de voir des morceaux qui voltigeaient dans les dizaines de milliers de dollars chuter dans les centaines de dollars du jour au lendemain.

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Prenons comme exemple le scandale des NFT Jungle Freaks. La série était composée de 10 000 dessins de singes, et le prix de base était d’environ 6 620 $. Cependant, à son apogée, ces œuvres d’art se négociaient à environ 95 000 $. Le battage médiatique s’est surtout fait autour de l’artiste qui a créé la série, George Trosley, un célèbre dessinateur du magazine Hustler dans les années 70.

Cependant, des travaux antérieurs de l’artiste ont été révélés sur Twitter. Ces œuvres représentaient des scènes de lynchages ignobles, racistes et dérangeantes. Ce scandale a fait passer le prix des NFT Jungle Freaks de 95 000 $ à 1250 $. Ceux et celles qui avaient investi dans ces œuvres ont donc vu leur argent s’envoler en quelques secondes.

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Alors on oublie ça ?

Comme tout investissement, il faut être prudent.e, bien informé.e et avoir une stratégie bien réfléchie. Personne ne sait où cela va nous mener. Lorsqu’Amazon n’était qu’un site de vente de livres, les gens disaient qu’y investir était un risque, mais regardez l’entreprise maintenant!

L’inverse est aussi possible. N’oublions pas qu’une action de BlackBerry valait plus de 200 $ à son apogée, alors qu’elle ne vaut aujourd’hui que 10 $.

Et encore là, investir dans une entreprise qui produit quelque chose et dont on peut évaluer le potentiel de succès avec des indicateurs clairs, ce n’est pas la même chose que d’acheter un fichier JPEG en se croisant les doigts quant à sa valeur future.

Avant d’investir dans les NFT, assurez-vous donc d’avoir bien fait vos recherches !