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Vous ne nous connaissez pas encore. Nous sommes Jo & Emilie de juste au corps*, et on a décidé de squatter un peu URBANIA pour la bonne cause. Parce que juste au corps*, c’est le carnet de santé naturelle pour la prise en charge du stress et des troubles associés : insomnies, malbouffe, vilaine peau, etc. Et le stress en ce moment, difficile d’y échapper, hélas.
Pas de panique, on vous aide à savoir ce qui est bon pour vous, ce que vous devriez manger, boire, infuser, lire, écouter ou pratiquer pour vous sentir réellement vivant.e. Telle est la question du moment…
L’information qu’on propage est sérieuse, sans se prendre au sérieux. C’est d’ailleurs pour ça qu’on matche bien avec URBANIA. Il n’en fallait pas plus pour qu’on mette nos forces en commun pour le bien-être de tous.tes. Prêts ? Lisez !
Pour cette première chronique, on a décidé de s’attaquer à l’épineuse question de l’addiction au sport. Vous aussi vous vous demandez comment Fred de la compta est passé d’un 10 kilomètres sur la prom’ à un ultra trail, une nuit de novembre avec 2300 mètres de dénivelé positif ? D’ailleurs c’est lui aussi qui avait du mal à supporter la sortie minutée au printemps dernier. Fred n’étant pas un cas isolé, on a cherché les motivations et les conséquences de cet appel de l’extrême sur la santé. Surtout par les temps qui courent.
Comment le sport impacte-t-il notre santé ?
On vous l’a suffisamment répété mais au cas où : le sport est le témoin d’un corps en bonne santé (prévention des maladies cardio-vasculaires : diabète, obésité et maladies coronariennes), sans parler du corps de folie que tu peux te bâtir.(1)
Sur le plan psycho, c’est un allié de taille dans la lutte contre le stress et l’anxiété.
Pour la faire courte : l’activité sportive stimule la production d’endorphines(2), (molécules libérées par le cerveau) responsables de l’état de bien-être(2). Elle entraîne également la production de dopamine (hormone du plaisir) qui peut devenir addictive. Si on devient accros, c’est à cause d’elle. Parce que c’est à la sensation que procure le sport que l’on devient dépendant et non au sport en lui-même… Ce phénomène porte même un nom : la bigorexie. Initialement utilisée dans le milieu du culturisme, on l’utilise désormais plus globalement pour parler de l’addiction au sport.
Bref, cette accoutumance peut surprendre et pourtant, elle s’inscrit au même titre que d’autres addictions comportementales avec des effets délétères sur la santé. Oupsy…
Quand le sport devient obsessionnel et prend toute la place dans la vie quotidienne, les problèmes pro et perso se tapent l’incruste et ça peut même aller jusqu’à l’isolement complet.
Au niveau physique, elle peut provoquer des blessures, des déchirures musculaires, une baisse des défenses immunitaires ou même un épuisement général. Pas cool.
Combien d’accros chez les sportifs ?
On a bien cherché mais il est difficile de trouver des chiffres précis sur l’addiction au sport car peu d’études ont été réalisées (3% selon une étude de 2015(3), 4% selon un rapport de l’inserm de 2008). Trop vague, et pourtant, c’est un sujet de taille qui mériterait une véritable étude épidémiologique. L’Inserm, si tu nous lis…
Y a t-il des sports plus addictifs que d’autres ?
Selon le CERPP(4) de Toulouse, l’addiction au sport se définit comme « un besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activités physiques et sportives en vue d’obtenir des gratifications immédiates et ce malgré des conséquences négatives à long terme sur la santé physique, psychologique et sociale ». Une revue de 2019(5), montre que les sportifs d’endurance seraient plus enclins à développer une addiction mais la question mérite d’être plus creusée également…
Pour comprendre les sensations de l’intérieur, on a choisi un des sportifs français au palmarès à couper le souffle : Julien Absalon, le recordman de VTT cross country. (Double champion olympique, quintuple champion du monde, 33 victoires en coupe du monde, quintuple champion d’Europe, 14 titres de champion de France).
Avec une moyenne de 15h d’entraînement en phase intensive et jusqu’à 25h par semaine en reprise de saison, Julien Absalon sait ce que c’est de s’entraîner ardemment et de stimuler sa production d’endorphine. Il nous a gentiment confié quelques secrets.
Combien d’heures d’entraînement pratiquais-tu par semaine ?
Entre 25 heures par semaine au début de saison et entre 14 et 16 heures durant les phases intensives. Je m’octroyais 2 coupures par an d’une semaine sans sport…
Sacré rythme ! Pendant tes pauses, ressentais-tu un manque d’activité sportive ?
Je n’ai jamais réussi à rester 8 jours sans faire de sport sauf en cas de blessure !
Les 2-3 premiers jours de coupure étaient salutaires car j’arrivais en général au bout d’un cycle et d’un objectif. Mais je dois avouer qu’à partir du 4ème jour, je commençais déjà à ressentir un manque, voire même une certaine agressivité. Et puis, je sentais que mon corps ne fonctionnait pas aussi bien, une sorte d’encrassement. Je n’ai d’ailleurs jamais réussi à partir en vacances et faire du transat toute la journée, c’est totalement impossible.
Comment as-tu géré l’arrêt de ta carrière ?
J’ai cru que j’allais me lasser de faire du vélo et ce n’est jamais arrivé… La passion ne m’a jamais quitté. Le plus difficile a été la gestion de ma baisse d’activité sportive lors du lancement de mon équipe. Et puis, je dois avouer qu’il y a une chose qu’on ne retrouve jamais c’est la sensation que te procure une victoire. On peut continuer à avoir sa dose de dopamine et d’endorphines en pratiquant une activité sportive mais ce shoot au franchissement de la ligne d’arrivée, ça on ne le retrouve plus.
Je le vis désormais par procuration avec mon équipe, c’est une manière de ressentir à travers eux, ce que je vivais sur le vélo.
Quel est ton rapport à l’activité physique aujourd’hui ?
J’ai toujours ressenti le besoin de pratiquer un sport quelqu’il soit, je suis hyperactif, je n’arrive pas à rester en place. A moins d’être pris par mes nouveaux challenges pro, je peux difficilement rester assis, immobile, sans rien faire… j’ai besoin d’être en mouvement.
Au minimum, je suis à 1h de footing par jour et je sais que ce n’est pas une perte de temps car le sport me permet de structurer ma pensée. C’est d’ailleurs le moment où je réfléchis le mieux, je prends du recul et suis plus productif au bureau.
Est ce que l’addiction est la marque de fabrique des champions ?
On est tenté de dire que oui au vu des résultats exceptionnels du champion qui ne cesse de nous surprendre même après l’arrêt de sa carrière !
Le sportif français aux multiples victoires continue sur sa lancée avec l’obtention du 1er titre de champion du monde remporté en 2020 grâce à son team Absolute Absalon et Jordan Sarrou après seulement 3 années d’existence.
Comment reconnaître si je suis addict ?
L’addiction au sport ne touche pas que les sportifs de haut niveau, bien au contraire… si ce que tu viens de lire te parle d’un peu trop près, c’est que le sport commence à te faire basculer du côté obscur.
Pour en savoir plus, on t’a dégoté un super outil de l’INSEP sur les symptômes et les solutions(6). On s’empresse de s’en occuper.
Bref, vous l’aurez compris, le sport c’est bien mais en abuser ça craint !
Pour aller plus loin
(1) Guiraud T, Juneau M et al. Optimization of high-intensity interval exercise in coronary heart disease, European Journal of Applied Physiology. 2010
(3) Márquez S, de la Vega R. Exercise addiction: an emergent behavioral disorder. Nutr Hosp. 2015 Jun 1;31(6):2384–91.
(4) CERP : Centre d’études et de recherche en psychopathologie
(5) Laure di lodoviquo et al. Which sports are more at risk of physical exercise addiction: A systematic review, Addict Behav. 2019