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Après plus de 10 ans dans l’ombre des réussites d’artistes aux genres bien différents, Emmanuel Trouvé AKA UssaR sort son premier EP aux sonorités aussi variées qu’agréables. Ce qu’on aime? Sa plume très maîtrisée et sa justesse au piano. De la composition des textes à la production et au mixage, tout est made in UssaR. Impressionnant. On en a profité pour le découvrir et vous faire connaître cet artiste aux multiples facettes. Si vous ne le connaissez pas encore, c’est normal: vous êtes au bon endroit.
Comment te décrirais-tu pour celles et ceux qui ne te connaissent pas ?
UssaR c’est avant tout un projet de chansons. Malgré le fait que je sois producteur, UssaR reste un projet et un univers axé autour de la chanson française, avec ses codes. C’est-à-dire l’amour du texte, prendre la parole pour raconter des histoires et ce rapport important à la poésie. Peu importe le “genre”, dans le rap, la pop, le rock, le texte est toujours essentiel. Que tu appelles ça un refrain, une topline, un gimmick: l’amour porté au texte par les Français est hyper important. Et UssaR, c’est ça.
Peux tu nous raconter ton parcours ? Pourquoi avoir attendu 10 ans avant de produire tes propres morceaux ?
J’ai accompagné pas mal d’artistes sur scène en tant que musicien comme Kery James, Emel Mathlouthi, Charlélie Couture, Chilla ou Léonie Pernet. J’avais des projets musicaux, mais c’était principalement de l’abstract. Ce travail a mûri et est venu compléter mon univers quand j’ai commencé à écrire des chansons. Et puis ça a mûri en moi pendant longtemps, et à un moment, il a fallu écrire, et faire des chansons. Le déclic c’était en mars 2019 en rentrant de tournée avec Youssoupha. Dans l’avion du retour j’ai vu une hôtesse dans les bras d’une autre hôtesse qui était en larmes. Son amie hôtesse m’a fait un signe comme quoi ça allait, mais ça ressemblait à une énorme peine de coeur. Une fois revenu à ma place, ça m’a fait penser à une chanson directement (“Hôtesse tristesse”). J’ai commencé à écrire et à produire les morceaux au fur et à mesure. L’amour pour la prod et le rapport à la chanson se sont conjugués ensemble.
Comment s’est passé la création de ce premier EP ?
La création et la production c’est un travail solitaire, entre l’écriture des textes et des morceaux. Des fois tu as envie de tout balancer à la poubelle, tu as des moments de doutes et de remise en question assez intenses. Mais j’ai la chance d’être dans le même studio que Léonie Pernet et donc on se soutient mutuellement. C’est important dans ce processus de création d’avoir quelqu’un dans le même bateau que toi, mais aussi des avis extérieurs et amicaux.
Quel est le son dont tu es le plus fier ? Pourquoi ?
Le morceau “Loin” sans doute. J’ai un rapport très fort avec ce son. Il synthétise beaucoup les rapports entre UssaR et son univers. Un texte fort, des grandes envolées lyriques, un beat enivrant un petit peu. C’est une musique entre la chanson, le rap, l’abstract, l’électronique. Il m’est venu très vite, comme une évidence.
Tu abordes plusieurs sujets dans cet EP, est-ce que tu as des thèmes privilégiés ?
C’est vrai que c’est surtout le rapport à l’amour et l’abandon. Il y a toujours cette mélancolie qui est très présente dans tous les sujets abordés. Mais je ne m’interdis aucun thème. Avoir un morceau comme “La Violence” avec Léonie Pernet, c’était très important pour moi. C’est le morceau qui m’a demandé le plus de travail, avec un texte difficile à écrire.
2020 ça t’inspire ou te décourage ?
C’est un rapport ambivalent, tu as l’impression que les gens n’ont jamais eu autant besoin de l’art, de l’intime, de la musique mais on ne va pas se mentir, d’un point de vue purement développement pour les artistes c’est compliqué de devoir mettre de l’énergie sur des dates ou des événements qui sont annulés, reportés, etc. L’année 2020 ça a permis de dégager du temps pour pousser UssaR mais tout ça avec son lot de désolations indépendant de notre volonté. Mais je pense qu’il ne faut pas se cacher derrière le covid pour arrêter de proposer du beau, au contraire !
Tes projets pour la suite ?
Pour l’instant je suis sur scène avec le festival “Ici demain” et aux “Bars en trans”. Et pour un deuxième EP, il y a déjà pas mal de productions prêtes donc j’attends le moment propice pour sortir ce nouveau projet. Sinon, je suis toujours en tournée avec Chilla au clavier et aux arrangements. J’aime ce côté sideman et travailler pour les autres. Ça m’apporte beaucoup, il y a toujours quelque chose à apprendre et à comprendre artistiquement. Ce sont comme différentes fenêtres ouvertes sur le même objet que toi (la musique) et c’est intéressant. Ramener son propre goût et sa vision de l’art dans l’autre artiste, c’est extrêmement enrichissant. C’est un peu mon équilibre personnel et artistique d’avoir la musique des autres et ma propre musique.
Des choses à ajouter ?
J’en profite pour passer un grand message de remerciements à ceux qui continuent de booker, de programmer, de continuer et prendre des risques sur la création artistique, un grand merci. Il faut vraiment qu’on se sert les coudes très fort aujourd’hui, c’est essentiel !