Logo

À la découverte de YOSOY

Montez le son.

Par
Romain Amichaud
Publicité

Premier EP du duo YOSOY, TALK a été composé et écrit dans l’ambiance festive et sombre des nuits berlinoises. De cette ville où ils ont vécu, les deux artistes y ont puisé leur inspiration. En résulte une électro pop rêveuse et envoûtante. Michael, qui a posé sa voix mystérieuse sur les sons expérimentaux de son alter ego Manuel, a accepté de nous conter l’histoire du groupe. Si vous ne les connaissez pas encore, c’est normal : vous êtes au bon endroit.

Peux-tu nous raconter l’histoire de YOSOY ? Comment le projet a-t-il vu le jour ?

Publicité

J’ai fait connaissance avec Manuel quand on était ados. Moi, j’écumais les clubs genevois et lausannois. Lui travaillait déjà dans le studio d’enregistrement de son beau-père. Ça jouait pas mal de tech-house dans les clubs et puis à un moment, j’ai pris un micro. C’était plutôt du yaourt au début. Un ami m’a présenté à Manuel. Il était déjà la tête dedans, comme un geek. La dynamique a tout de suite fonctionné, comme une espèce de yin et yang. On a commencé à expérimenter plusieurs styles. On a sorti quelques remixes pour d’autres groupes. Ensuite, moi je suis parti à Paris par amour et Manuel à Berlin. C’était en 2005-2006, la nuit parisienne était un peu terne avec la fin du Pulp et de plusieurs lieux alternatifs. Et aussi la mort de DJ Sextoy, c’était toute une période qui s’achevait. Manuel m’a alors proposé de le rejoindre à Berlin. Ça a été une libération parce que tout était moins cher, avec une vie nocturne foisonnante. YOSOY s’est créé à ce moment-là. Berlin m’a adopté, et c’est là qu’on a mis les premières notes à Soldier, Good Life, Running et Talk de l’EP.

Pourquoi YOSOY ?

Publicité

Premièrement parce que graphiquement, c’est cool. C’est un palindrome aussi, on peut le lire dans les deux sens. Manuel écoutait ce bon vieil album, L’école du micro d’argent d’IAM. Et on est partis sur l’identité, parce qu’on se parlait souvent qu’on était dans une période où les gens se cherchaient. On a des origines espagnoles tous les deux et je disais tout le temps : « Quién soy ? » (ndlr, Qui suis-je ?). On s’est dit : « Ok c’est YOSOY! »

Parallèlement, j’ai aidé Manuel à monter son premier home studio et on a enregistré le tout premier morceau, Soldier. Ensuite, Running a suivi. Il font écho aux sons berlinois de l’époque et puis à ma vie passée à Paris.

Quelles sont vos influences musicales ?

Publicité

Moderat est un bon exemple d’un des meilleurs sons berlinois. Ça a beaucoup influencé les premiers EPs. Et puis il y a tout le background de ce qu’on a écouté plus jeunes. Moi j’ai grandi avec mon grand frère qui écoutait Depeche Mode en permanence. Mon tout premier frisson était sur Never let me down again de l’album Music for the Masses. J’écoutais ça en pirate à 10 ans dans la chambre de mon frère ! Manuel était très techno aussi, avec la team The Hacker. Je me suis fait ma propre culture et le premier album que j’ai acheté était celui de Björk, Post. Je me suis dit : « Tiens, on peut poser des voix sur des compositions électroniques comme Hyperballad ! » Manuel était aussi un peu plus hip-hop avec beaucoup de TTC. Ensuite, il y a eu tout le big beat et trip-hop anglais. Par exemple, Surrender des Chemical Brothers m’a beaucoup bercé. Et puis évidemment, Mezzanine de Massive Attack. Air aussi avec l’album 10 000 Hz Legend qui, pour moi, est une très grande référence. Et enfin, Sébastien Tellier et La Ritournelle. Moi qui chante et qui écrit, ça m’a beaucoup inspiré. Dans ce premier EP, il y a peut-être inconsciemment et consciemment un peu de tout ça.

Est-ce que vous vivez toujours à Berlin ?

Publicité

On a quitté Berlin récemment. Le deuxième EP est déjà enregistré et devrait sortir dans quelques mois. Le premier EP représente notre première période de vie à Berlin et le deuxième représente les dernières années. Quand on a terminé le deuxième, lui est devenu père et moi j’ai perdu le mien. Alors je suis rentré en France pour prendre soin de ma famille. C’était la fin d’un chapitre et d’un cycle aussi à Berlin. La ville arrivait un peu à saturation de son attraction pour nous. On devait passer à autre chose. Là, on est au début du prochain chapitre, on a très hâte de se retrouver (ndlr, Manuel est à Genève et Michael à Grenoble). Je suis pressé de savoir ce qui va se passer quand on va retrouver le studio et les machines !

Peux-tu nous parler du style du deuxième EP ?

Oui, moi je voulais quelque chose de plus organique. J’ai bouffé Berlin, sillonné en vélo. Je suis allé au Maroc et Manuel en Andalousie aussi. Le son est plus solaire, plus tribal, plus chaud. Il y a une chanson qui s’appelle Fiasco parce que là où j’habitais à Berlin, sur l’immeuble d’en face, il y avait un énorme tag des années 2000 où il y avait marqué “Fiasco” : je trouvais ça terriblement moche et génial en même temps (rires) ! Les Parisiens verraient ça, ils crieraient au scandale, ils se jetteraient par les fenêtres (rires). On a voulu faire quelque chose de plus authentique. C’est comme la chanson Time to pretend de MGMT qui avait fait beaucoup de bruit il y a 10 ans, parce qu’elle parlait de la vie des rock stars. Je crois que maintenant les gens sont plus ouverts écouter des gens qui leur ressemblent.

Publicité

Vous travaillez sur quoi en ce moment ?

Pour m’amuser, j’ai commencé à écrire en français. Ce qui est étrange, c’est que j’avais de l’assurance à écrire en anglais, qui n’est pas ma langue maternelle. En anglais, on peut dire 10 fois : « I want you, I love you ». Ça ne va pas déranger les gens alors qu’en français, oui. Je ne sais pas encore ce qu’on va en faire mais on a 2-3 chansons en français. Il v a y avoir un album qui va suivre ou un troisième EP, on ne sait pas encore quelle configuration ça va prendre.

On aimerait bien qu’il y ait des clips aussi ! On a beaucoup travaillé le fond et peu la forme bizarrement. Je sais bien qu’on est dans une période où c’est plutôt l’inverse en général (rires). Mais aujourd’hui l’image et le son sont presque indissociables. Surtout pour les plus jeunes : il faut du visuel à tout prix.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?

Publicité

Du temps (rires) ! Du temps mais un peu d’urgence pour la création aussi parce qu’il faut un peu des deux. Je préfère faire un track tous les 6 mois ou 1 an et qu’il marque les esprits. C’est la maladie de ceux qui écrivent et composent : ils veulent faire le morceau ultime à chaque fois (rires). Pour faire un Running ou un Soldier, il y en a 34 autres qui ne seront pas retenus. Ça me fait penser à une scène dans Alien 5 où on voit Ripley en compagnie de tous ses anciens clones mal faits (rires) ! C’est un peu pareil pour certaines chansons.

Mais sinon la reprise des activités pour la scène aussi, ce serait bien. Surtout pour les groupes de scène qui en vivent et qui en bavent en ce moment.

Publicité