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À La découverte de Uzi Freyja

Montez le son.

Par
Jade Le Deley
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Uzi Freyja est une fusion, la fusion de trois univers que rien ne prédestinaient à se rencontrer. Quand le producteur confirmé Stuntman5 entend Kelly Rose lors d’un open mic dans les rue de Nantes à la fête de la musique il y a deux ans, c’est une évidence. C’est dire si l’énergie de la jeune femme de 24 ans originaire du Cameroun est communicative et convaincra plus tard le producteur FotonDanger de rejoindre la formation, un an plus tard. Le flow puissant de Kelly Rose, portée par des prods qui oscillent entre hip-hop et musique électronique, interroge, désarçonne parfois, mais reste en tête . Le trio a sorti son premier EP Stand, le 19 novembre dernier et a dévoilé dans la foulée, le clip de l’énergique Da Bunda, une introduction à leur univers singulier. Si vous ne les connaissez pas encore, c’est normal : vous êtes au bon endroit.

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Vous avez des profils très différents, qu’est-ce qu’apportent chaque membre du groupe à la formation ?

FotonDanger: Moi mon rôle c’est de composer, d’arranger et de trouver vraiment toute la mélodie qui va autour des histoires de Kelly. Stuntman5 et moi, on fait tous les deux de la composition, les instrumentales et on travaille à produire des morceaux. Et vu qu’on a des influences différentes, lui va incorporer plus de musique électroniques de certaines époques. Moi je vais incorporer d’autres époques et d’autres genres. Donc vraiment, on ajoute des ingrédients différents, on essaye de faire du sur-mesure pour Kelly.

Stuntman5: Il faut rappeler que FotonDanger rappe, il coach aussi Kelly sur la voix. Il apporte une touche différente au niveau des prods qui est un peu plus moderne que la mienne. Ça se complète bien, ça fait un bon alliage à trois.

Kelly Rose: Moi j’écris. Quand ils font la prod, il me l’envoie ou parfois j’ai une idée et ils produisent en fonction. Souvent ce sont des choses que j’ai vraiment vécues.

Quelles sont vos influences ?

Stuntman5: Globalement, j’aime les trucs pointus et qui surprennent. C’est ce qu’on essaye de faire. J’aime bien les morceaux où il y a une cassure, une surprise, c’est ça qui m’intéresse et qui influence mes choix. Comme Public Enemy, Tyler the Creator ou Aphex Twin.

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FotonDanger: J’ajouterais que Sutntman5 fait assez bien du skate et joue de la guitare. Il y a cette dynamique, dont je me sens assez proche, qui est celle du punk, du grunge. Ce côté un peu rock’n’roll peut aussi servir à faire du hip hop ou de la trap.

Personnellement, j’écoute pas mal de musique très anciennes, des années 60 comme j’écoute des trucs qui viennent de sortir. Je vais aussi bien écouter des rappeurs qui ont 1000 écoutes et qui sortent des mixtapes, comme NXR Nephew, que des trucs plus grand public comme Sade ou Nirvana. J’ai aussi appris à faire de la musique électronique et le grime, depuis l’adolescence, je l’incorpore dans tout ce que je fais.

Kelly Rose: J’ai appris à écrire en écoutant beaucoup de soul, de jazz et de blues, le rap est venu après. J’adore Aretha Franklin, Tina Turner, Etta James, Barry White ou encore Rick James, puis en grandissant j’ai découvert Eminem. Ma mère chantait mais moi je n’avais pas forcément la voix pour chanter. C’est vraiment au lycée que j’ai été vraiment poussée à rapper.

Pourquoi avoir choisi de vous appeler Uzi Freyja ?

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Kelly Rose: L’idée c’était d’avoir deux mots qui s’opposent. Je suis passionnée par la mythologie et je me suis dit que j’allais chercher une personne assez stylée, assez revendicatrice. Et je suis tombé sur Freyja qui est la déesse nordique de la sensualité et de l’amour, de la guerre… On l’a mise en opposition avec le Uzi qui représente les prods et le flow. Uzi, c’est une arme israélienne. Quand on entend le bruit de cette arme, ça débite super rapidement. C’est le flow que je peux avoir dans certaines chansons.

FotonDanger: Si on parle technique, c’est le côté haut débit, le côté rafale qui peut être intéressant. La plupart des morceaux qu’on propose sont très rapides.

Comment décrieriez-vous votre univers ?

Kelly Rose: Tu dois pouvoir pleurer en dansant . Par exemple, Jealousy, est l’une des chansons les plus intimes de l’EP. Le titre parle de la dépression, la perception de soi et l’envie que parfois on peut ressentir, quand on est entouré.e de personne qui réussissent, alors qu’on a l’impression d’être en échec. Quand on écoute la prod, on n’imagine pas ce dont on parle. C’est pour ça que j’aime aussi que la prod donne envie de danser mais que les paroles disent: « Tu n’es pas tout seul.e ».

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FotonDanger: Moi il y a un truc que je remarque , c’est que souvent c’est de la musique qui fait danser et réfléchir en même temps, c’est de la musique émotionnelle. Je trouve que dans le groupe il y a un élément différentiel, il y a, à chaque fois, une intention et un message très fort.

Quel message voulez-vous faire passer dans vos textes ?

Kelly Rose: Je m’attaque aussi bien aux hommes qu’aux femmes. J’essaye de décrire comment les femmes devraient se voir et revendiquer le fait qu’elles ne devraient pas avoir peur de s’exprimer. Quand on fait des performances live et que des femmes viennent me dire: « Oui ça fait du bien d’entendre ça », je suis contente.

Stuntman5: C’est la raison pour laquelle on est en phase avec le label (NDLR: WARRIORECORDS ), car c’est un label qui fait du féminisme qui nous ressemble.

Kelly Rose: Par exemple la chanson Power, c’est vraiment celle qui le montre le plus. Dans le sens où, je parle des micro agressions qu’on peut subir, de ce que moi j’ai pu ressentir, quand tu te fais accoster dans le métro ou quand quelqu’un regarde tes fesses, pendant que tu lui parles. J’aimerais beaucoup qu’un jour, on ait cette liberté de pouvoir dire et faire ce qu’on veut.

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FotonDanger: Moi j’écoute beaucoup d’artistes féminines que je trouve beaucoup plus fortes que les mecs. Ça m’arrive souvent de me dire qu’en France, on ne met pas assez de lumière sur les artistes féminines.

Kelly: Il y a une gosse hypocrisie musicale en France, ils aiment les musiques américaines, on en entend partout, mais dès qu’on en fait à notre sauce, on se prend des critiques, surtout quand on est une femme. Alors que les hommes, on les applaudit.

Quel rapport entretenez-vous avec la scène ?

Kelly Rose: C’est le seul moment où j’ai l’impression que je peux être moi-même, sans avoir l’impression que je dérange. C’est le seul moment où je peux dire ce que je pense sans avoir l’impression de pas être à ma place.

Quelle est l’histoire de ce premier EP Stand ?

Kelly Rose : C’est un peu notre premier bébé qu’on met au monde. Je le vois comme notre porte folio et notre CV, on montre ce qu’on sait faire. On a misé sur des chansons qui vont montrer notre versatilité, notre diversité.

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Stuntman5 : C’est le premier Ep, et l’impression d’être écouté par un public plus large. C’est l’occasion d’avoir les réactions, les feedbacks. Pour moi ça reste assez unique en France, on est sur un label qui n’a rien sortir en rap. Je suis hyper curieux de voir ce que ça va donner.

FotonDanger : J’ai l’impression que ce projet c’est comme préparer terrain en mettant du connu avec de l’inconnu. Je pense qu’il y a cette volonté d’amener les genres vers un voyage et vers une transition entre les genres.

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