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À la découverte de Traffic De Canards

À écouter sans plus tarder.

Par
Owen Barrow
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Trois Marseillais disséminés aux 4 coins du monde, une soirée enfumée et une histoire assez louche de “confits de canards”, ça donne Traffic De Canards. Allez streamer avant de perdre l’exclu sur la découverte du groupe le plus insolite des calanques. Vraiment.

Qui êtes-vous, Traffic De Canards (T2C)?

T2C est un être mi funk mi homme. À l’heure actuelle, T2C est un petit courant d’air frais, un peu comme un jour de mistral.

C’est aussi trois meilleurs potes marseillais qui se sont connus au lycée, passionnés de hip-hop et de voyage. Éparpillés dans plusieurs capitales culturelles du monde, New York, Amsterdam et Paris. Le T2C part d’une volonté de ne pas mettre les rêves au placard et de briser les frontières pour garder contact, tout en construisant un projet. On a décidé, il y a deux ans, de lancer ce projet à distance. Un projet de rap avant tout mais aussi un projet vidéo, en autoproduction, nourri d’influences que notre mistral nous ramène d’un peu partout.

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Ça vient d’où ce nom de groupe? D’ailleurs, Traffic, ça prend bien deux “f”?

Oui il y a bien deux “f” et en vérité, ça part d’une faute d’orthographe qu’on a décidé d’assumer car elle représente aussi la diversité culturelle du groupe et la présence de Duckie à New York. En face B, ça donne «Duck Traffic», c’est pour s’exporter outre-Atlantique !

Tout a démarré “un soir de petite faim enfumée”, quand on a ouvert le frigo chez Max à Marseille: on est tombés sur un truc pas normal. Du canard sous toutes ses formes. Un putain de carnage. En conserve, en confit, en smoothie… Je ne sais pas qui était derrière tout ça, mais c’était sale! Le mystère persiste mais avec le temps, on s’est dit que le père de Max devait être sur un échange un peu louche, et je ne sais pas s’il avait perdu sa mallette ou un truc dans le genre, mais il avait dû se dire qu’il y avait moyen de conclure son deal à base de trafic de canards. On a gardé cette histoire et on l’a intégrée dans notre identité. Ce frigo, c’est d’ailleurs le visuel de notre premier EP «Dégaine mais pas Easy».

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Quelles sont vos influences? À qui aimeriez-vous qu’on vous compare quand on écoute vos musiques?

Ayant grandi à Marseille, ça a commencé avec IAM et aussi d’autres groupes de chez nous comme Chiens de Paille, notamment sur les textes. Des gars comme Dj Mehdi sont aussi de vraies influences, notamment pour le côté House et Funky dans les prods. Aujourd’hui on écoute beaucoup de Rap US new School comme Mick Jenkins ou Tyler the Creator, des mecs super innovants à tous les niveaux. Mais on est aussi fan de trucs diamétralement opposés comme Pharoah Sanders, Mal Waldron. Ces mecs sont des génies. Si on les sample, ça nous pousse aussi à être ultra-créatifs. Mais aussi, pour cet esprit de faire du neuf avec du vieux, toute la branche New Jazz et House actuelle de villes comme Londres avec le label Rythmn Section dont chaque track est une mine de samples! Pour la deuxième partie de la question, c’est compliqué. On vous renvoie la question… Vous devez avoir plus de recul que nous!

Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment? Et pourquoi?

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Situation oblige, on s’est replongé dans «Pimp A Butterfly» de Kendrick Lamar, une fresque inévitable pour décrire ce qu’il se passe aujourd’hui aux Etats-Unis. Le rap engagé est à l’honneur en ce moment. Pour leurs textes d’une vérité brute, les albums de La Rumeur comme «Blessé Dans Mon Ego» ou «L’Ombre Sur La Mesure» n’ont pas pris une ride non plus. Le premier album de KeiyaA est une tuerie aussi. Super découverte. C’est sorti début avril.

Quel titre avez-vous souvent besoin/envie d’écouter? Pourquoi?

George Benson, «Give Me The Night». C’est pas compliqué, il y a tout dans ce morceau. La chaleur des basses rondes nous tabasse à chaque fois. L’histoire du morceau est géniale aussi. Composé par Rod Temperton (des Heatwave) et produit par Quincy Jones… La manière dont les claviers sont mixés dans ce track, c’était une mini-révolution à l’époque. A chaque écoute, on oublie tout et on veut danser. IAM l’avait bien compris, bien avant nous…

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Et si on est d’humeur plus sombre, on passe de «Give Me The Night» à «Gimme The Loot» de Notorious BIG. Assez radical mais ça défoule.

C’est quoi le process créa type d’un track Traffic de Canards?

C’est un deuxième job. On travaille de nuit, on travaille les week-ends… Concrètement, il y a souvent Matt et Max à l’origine des productions, on bosse avec des synthétiseurs analogiques bien old school (Juno 60 par exemple), un sampleur et on séquence dans Ableton, c’est important de ne pas qu’utiliser des plugins à notre sens. Il y a ensuite un jeu de ping-pong entre nous pour sécuriser l’instrumental et ensuite passer à l’écriture et à l’enregistrement. On a tous un setup à la maison qui permet d’assurer toute la chaîne de création mais on essaye d’aller en studio dès qu’on peut, quand on se voit aussi. Matt a même un petit magnétophone où il s’enregistre comme un con quand une idée lui passe par la tête.

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Ça représente quoi, faire de la musique en France aujourd’hui? Et à Marseille? Par rapport à New York et Amsterdam, par exemple.

Très bonne question… Je pense qu’on a toujours eu le cul entre deux chaises. Notre attitude « multi-culture » implique aussi que nous avons des choix à faire sur les sujets dont nous allons parler. Mais c’est ce qui fait aussi notre originalité: on amène une certaine fraîcheur et un angle moins « déjà vu ». Je pense qu’on souffre un peu de ne pas être physiquement dans la même ville, à Marseille, où on pourrait appartenir un peu plus à la scène locale, qui est petite mais gorgée de bonnes personnes, de bons producteurs et de créativité. Faire de la musique aujourd’hui c’est aussi beaucoup de gens talentueux donc beaucoup de bruit et une certaine difficulté à sortir du lot, mais on aime les challenges.

Quels sont les projets à venir?

On a un single qui va sortir d’ici deux semaines et notre troisième EP qui arrive cet été. On est dessus en ce moment et ça va être un sacré confit !

Quelque chose à ajouter?

Du sirop d’orgeat, évidemment. Allez l’OM!

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