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Entre ses airs RnB et électro, Sabrina Bellaouel nous élève dans un sentiment mystérieux d’apesanteur et de plénitude, un mélange surprenant et agréable. Avec son EP Libra sorti fin 2020, elle impose son univers musical subtil, sa voix sensuelle et l’énergie de ses mélodies pleines de détails électroniques. Bercée par des voyages entre Londres, Paris et le Maghreb, ses créations et ses textes s’en ressentent. L’émotion est au cœur de ses 6 nouveaux morceaux. Si vous ne la connaissez pas encore, c’est normal : vous êtes au bon endroit.
Comment te décrirais-tu pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ? Quelle est ton identité musicale ?
Je suis chanteuse, compositrice et productrice (depuis moins d’un an). Je dirais que je fais de la musique assez hybride, avec beaucoup de RnB, des touches de house, un peu de techno, et de la soul principalement. C’est assez expérimental en général. C’est un exercice assez difficile de se décrire (rires). Je pense avoir une grosse influence RnB mais avec une ouverture vers d’autres styles. J’ai envie de me renouveler à chaque fois. Je suis en constante exploration et cette recherche d’identité, de mon ADN, je la fais tous les jours et elle est susceptible de changer à tout moment.
Quelle est ton histoire d’amour avec la musique, ton parcours ?
Je chante depuis toute petite, et mes proches me demandaient souvent de chanter. A 16 ans, je me suis inscrite à des cours de gospel, une chorale dispensée par un prof américain venu à Paris. J’ai pris ses cours pendant 4 ans et puis j’ai monté un trio punk avec 2 copines. Un peu plus tard, j’ai intégré une formation de hip-hop, jazz, soul en tant que chanteuse, The Hop. C’était un full band, on était six. On rejouait des morceaux de hip-hop américain. Il y avait 2 rappeurs, Espiiem et Kema : j’ai fait mes armes avec eux. Ensuite je me suis lancée seule parce que j’avais envie de faire mes propres choix plutôt que de faire des consensus. J’ai demandé à plusieurs beatmakers que je connaissais. En 2017, j’ai sorti un premier projet de 3 titres (grâce à mon amie Espiiem) et plus tard j’ai sorti un format plus long, Illusions.
En septembre 2020, j’ai lancé mon premier en EP qui s’appelle We Don’t Need to Be Enemies et complètement autoproduit. Et le deuxième en novembre, autoproduit aussi. J’ai collaboré en même temps avec pas mal d’artistes comme Jazzy Bazz ou The Hop.
Ton univers est un mélange fascinant entre le monde du RnB et de l’électro, qu’est-ce qui t’inspire ?
J’adore le RnB et la soul, ce sont des genres qui s’inspirent l’un de l’autre. La voix est en avant, comme dans le gospel. J’ai l’impression que c’est vraiment la musique de l’âme. Ce qui m’inspire c’est le langage de l’amour, mes amis qui me témoignent de l’amour, ma famille qui m’inspire énormément. Ce sont toutes les démonstrations d’amour que l’on peut faire, le sentiment amoureux qui me fait vibrer dans l’écriture.
Pour la production, je dirais que c’est beaucoup d’images et de tableaux, comme Félix Vallotton, que j’adore. Je m’inspire beaucoup de mes voyages aussi. Avant la fermeture des frontières, j’ai beaucoup voyagé en Europe, ça m’a donné de l’inspiration. Par exemple, il y a beaucoup d’audios que je sample dans cet EP, j’essaye de retranscrire ce que je vois à travers des sons.
Pourquoi Libra ? Qu’est-ce que cet EP raconte ?
Libra c’est mon signe astrologique. Quand on fait cette démarche de thème astral, c’est une sorte de questionnement interne. C’est fou ces placements du soleil et de la lune. Je me suis reconnue là-dedans, mes mécanismes, mon fonctionnement, mes peurs, mes défis. C’est un processus de développement personnel et ça a pris tellement de place que j’avais envie d’en parler, d’en faire une histoire, une œuvre. Ça a répondu à beaucoup de questions me concernant et j’ai trouvé ça intéressant d’en parler. Je suis sûre que les personnes qui s’intéressent à l’astrologie vont se reconnaître. Avec Libra, j’ai l’impression que je me respecte dans mes choix. J’aborde un sujet que j’ai étudié, je me sentais plus apaisée. C’est vraiment le reflet de ce que je suis en ce moment : multi-facettes.
Quel est le morceau dont tu es le plus fière, pourquoi ?
Franchement je les aime tous, ils me ressemblent tous. Chaque morceau a une âme. Il y a le titre Arab Liquor pour lequel j’ai pris vraiment beaucoup de plaisir. C’est un morceau différent des autres, un peu plus trap. Lorsque j’ai joué la production pour la première fois, il y avait mes amis chez moi et ils se sont mis à danser direct, ma meilleure pote a même twerké ! Il y a une sorte de légèreté dans la prod et dans le thème que j’aborde, c’est nouveau pour moi et j’adore ça. J’ai tendance à être un peu plus grave, ça m’a fait du bien de la composer. Mais le morceau qui m’a demandé le plus de concentration c’est The Build-Up, avec l’introduction. J’ai un peu de mal à envisager les morceaux détachés les uns des autres donc c’est important pour moi de passer du temps à composer l’introduction. C’est une question d’équilibre, je ne voulais pas qu’il y ait trop de samples. J’ai l’impression d’avoir trouvé le bon équilibre entre la profondeur de ce que raconte Fernando et le thème de Build-Up qui se répète. Le travail le plus difficile n’est pas un morceau mais de trouver l’harmonie des éléments entre chaque morceau pour que ce soit fluide.
2020 t’a inspirée ou découragée ?
Ça a été très difficile psychologiquement pour plein de gens autour de moi, qui sont toujours en bataille aujourd’hui. Moi bizarrement ça m’a fait énormément de bien, que le monde ralentisse. Ça m’a permis de me rapprocher des choses essentielles, de questionner mon attitude face au matériel, de revaloriser les choses. J’ai relativisé assez tôt en mars, il y a eu le confinement et le ramadan. Je me suis créé un cocon, j’ai beaucoup lu et regardé des films. Je me suis laissé le temps de réfléchir à ce que je voulais, et ça a été très bénéfique puisque de là sont nés les deux projets. Mais c’est compliqué car lorsque tu crées un projet musical, tu penses tout de suite à la scène. Il faut repenser ça, et ça ne me décourage pas mais pour une personne assez timide comme moi, je dirais que c’est plutôt cool de pouvoir prendre le temps de réfléchir à la manière dont je veux défendre ce projet sur scène. Chaotique mais positif.
Quels sont tes projets pour la suite ?
Il y a des remix trap orientés internationaux qui vont sortir, avec des amis algériens par exemple. Mais aussi des remix de DJs qui ont aimé certains de mes morceaux, c’est cool parce que je vais redécouvrir mes morceaux. Il y a des projets de scène évidemment, rien n’est défini mais je vais partir en résidence artistique pour ça. Beaucoup de visuels, de vidéos, peut-être des lives filmés. J’ai vraiment envie d’amener le projet loin. Et évidemment, un album qui est en préparation pour l’année prochaine ! J’ai pas le temps de me reposer là (rires). J’espère que les gens vont apprécier et apprendre à me connaître un peu mieux, mais sans percer le mystère, je veux garder ce côté-là…