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À la découverte de Nonante

Montez le son.

Par
Jade Le Deley
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Visage poupin anguleux, longue crinière décolorée aux reflets verts, et lunette de protection en plexiglas : derrière ses platines, Nonante fait figure d’OVNI. Alors que la scène est dominée par la techno et la house, la Belge affirme son amour pour la musique électronique britannique qui mêle rythmes saccadés et lignes de basses lourdes. Si vous ne la connaissez pas encore, c’est normal : vous êtes au bon endroit.

Pourquoi as-tu décidé de te lancer en tant que DJ ?

Vers 15-16 ans, j’ai commencé à m’intéresser à la musique, je ne sais pas vraiment comment j’en suis venue à écouter ce style de musique là. Par contre, je me rappelle que très jeune, j’écoutais du Skepta quand il faisait de la prod. J’étais assez jeune et je me butais aux prods de grime [NDLR: courant de la musique électronique apparu à Londres dans les années 2000], pas spécifiquement aux rappeurs qui faisaient de la grime mais vraiment aux prods. A partir de là, je me suis intéressée à toute la musique anglaise : dubstep, drum and bass, bass music et UK Techno. Et je n’ai jamais arrêté d’écouter ce style de musique là, même si il s’est perdu au bout d’un moment parce que la techno, le hip-hop, et le rap ont vraiment pris le dessus.

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Et à un moment donné, je me suis dit que moi aussi j’avais envie de faire kiffer les gens avec ce style de musique qu’on entend surtout en club. Pendant le premier confinement, je me suis recentrée sur ce que j’aimais et la musique en faisait partie, alors je me suis enfin lancée en achetant du matériel et en “re diggant” des tracks. Petit à petit, j’ai appris à mixer avec du matériel digital. J’ai été soutenue par Manaré Coly, le fondateur de Rinse France, il m’a beaucoup aidée et appris.

Comment décrirais-tu ton univers ?

Je ne pense pas réussir un jour à mettre un seul et unique mot sur mon univers, parce que ça change en fonction de mon humeur. J’aime beaucoup jouer de la musique mentale, mais ça peut être de la dubstep, de la jungle, de la drum and bass, très deep, très dark, comme très nostalgique ou alors un truc très joyeux. Je pense qu’on peut qualifier mon univers de deep : de la musique qui fait ressortir des émotions très internes, des sonorités qui, moi personnellement, me font ressentir quelque chose.

Quels artistes t’inspirent ?

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En artistes, il y a, entre autres : Kahn- Chunky, Biome, Loefah, VonD, Realitycheck, Josidevil, Alix Perez, Sully, Sylvere, etc. Et du côté des labels, mes préférés sont Livity Sound, Swamp81, Hessle audio, deep medi, scuffed recordings.


Sinon je n’écoute pas spécialement de rap, sauf du Hamza, c’est le seul que j’écoute. J’aime aussi les sons plus “commerciaux”, style Ibiza. Ça me donne le smile !

Qu’est-ce qui te plaît le plus en tant que DJ ?

Le fait de me dire que je ne suis pas toute seule à kiffer ce style de musique : il y a beaucoup d’autres gens qui kiffent aussi, je me sens moins seule. Ça me plait de me dire que tout n’est pas perdu, il n’y a pas que le rap, la grosse techno ou le gabber à l’heure actuelle…

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Ces dernières années, beaucoup de femmes sont montées au créneau pour dénoncer le manque de DJs femmes sur la scène de la musique électronique. Qu’est-ce que tu en penses ?

Moi, personnellement dans ma carrière, je n’ai pas eu ce sentiment de me dire je n’étais pas à ma place. J’ai plutôt fait face à des personnes bienveillantes comme Manare Coly, le fondateur de Rinse France, ou encore camillecamille, et plein d’autres artistes mecs. Par exemple, les gars de BRERDEN qui sont dans la scène musicale depuis longtemps, m’ont poussée à mort. C’est des pointures et je me dis que ces gars là m’ont beaucoup soutenue et ils croient en moi.

C’est sûr que quand tu regardes les lineup, il manque encore des femmes. J’ai remarqué qu’à Rinse France, ils sont très attentifs à ce genre de problématiques et soutiennent à fond les femmes dans la musique. Ils en bookent pas mal et pas parce que ce sont des femmes mais aussi et surtout parce qu’elles sont bonnes dans leur domaine. Mais oui c’est vrai qu’il manque cruellement de femmes dans toutes les scènes musicales actuelles.

Quels sont tes projets ?

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Je continue ma vie, je continue à écouter du son mais je ne me presse pas, je fais mon petit bonhomme de chemin sans me poser trop de questions, je fais les choses que j’aime.