.jpg)
Mottron. Après ses titres apparus dans la série Elite de Netflix, il revient avec de nouvelles créations. Son album “Giants” disponible depuis le 30 octobre, oscille entre orchestrations célestes et voix planantes. Tel un peintre, il dessine sa musique avec la plus grande délicatesse, chaque détail de ses morceaux compte. Rencontre avec cet artiste franco-canadien à l’atmosphère mélancolique. Si vous ne le connaissez pas encore, c’est normal: vous êtes au bon endroit.
Comment te décrirais-tu pour celles et ceux qui ne te connaissent pas ?
J’évite de le faire parce que c’est tellement compliqué de se décrire. Mais je dirais que je fais de la pop impressionniste. C’est-à-dire que ça reste de la pop dans la structure de la chanson avec des couplets, des refrains, etc. Mais la démarche est différente car j’aime penser mes chansons comme des pièces. Un peu à la manière de certains compositeurs classiques avec des thèmes, des introductions, des longs écarts. On passe de segments en segments, d’obscurité en lumière. C’est impressionniste dans ce sens là.
Tu as commencé la musique à l’adolescence. Peux-tu nous raconter ton parcours ?
Je n’ai pas de parcours musical. J’ai commencé la musique à 17 ans, et déjà avec les percussions, tout l’aspect rythmique de la musique me plaisait. L’aspect composition est venu ensuite peu à peu et le chant, plus tardivement. Mais tout en autodidacte. J’ai travaillé longtemps chez moi ensuite, en m’enfermant, pour bosser et être certain de ce que je proposais. J’ai toujours eu un peu de mal avec le fait de créer et tout de suite publier, de se confronter au public. C’est important d’être sûr de ce que je propose pour ne pas m’en vouloir plus tard mais aussi pour respecter ceux qui m’écoutent en proposant ce que j’ai de mieux.
Comment s’est passée la création de cet album Giants ?
C’est un album que j’ai mis beaucoup de temps à faire. J’avais une idée de ce projet depuis 5 ou 6 ans déjà. Mais j’ai dû faire l’album en 3 ans environ. J’ai éliminé beaucoup de choses, l’album est court car j’ai voulu garder l’essentiel. C’était assez compliqué car comme j’ai tout fait chez moi, de la composition au mixage, j’avais cette possibilité de retoucher inlassablement ce que je faisais, donc les choses ont pris énormément de temps (rires). C’est un album aussi douloureux que satisfaisant car c’est mon premier vrai accomplissement d’adulte.
Quand est-ce que tu sais que tu es satisfait d’un morceau ?
Il y a des points de satisfaction quand on se dit: « Là, j’ai réussi à être suffisamment précis dans ce que je voulais dire ». Et c’est là où il faut savoir s’arrêter. Après dans la technique, c’est vrai que je ne préfère pas réécouter mon travail, ça me rend malade… On grandit, le temps passe et il y a toujours des choses que l’on souhaite modifier. C’est vraiment quand je sens que j’ai été assez honnête et clair avec moi-même que je m’arrête.
Quelle histoire raconte cet album ?
Il n’y a pas un thème précis mais ce qui est sûr c’est que c’est un album que j’ai créé pendant que je grandissais, à une période assez forte de ma vie. Je suis passé par plein d’étapes, par des rencontres qui se sont faites et défaites, des lieux que j’ai visités pour la première fois, etc. Cet album raconte ces moments de vies, de grandes questions et de grandes choses à surmonter. Giants, c’est des lieux, des couleurs, et des émotions que j’ai rencontrés.
Pourquoi avoir réalisé les 4 clips sous forme d’un court métrage ? Comment s’est passée la réalisation du clip Walk Away avec Charlotte Le Bon ?
Quand j’ai rencontré Olivier Groulx, le réalisateur de cette quadrilogie, on a essayé de tracer un lien entre ces 4 chansons qui avaient été sélectionnées pour être dans l’album. On a voulu trouver une narration car chaque morceau est différent avec un degré de complexité plus ou moins élevé à l’écoute. C’était important pour nous d’avoir une ligne narrative pour que les gens soient emmenés et qu’il y ait une trame entre tous les morceaux. Tous les clips se terminent à un endroit où le prochain commence.
Avec Charlotte Le Bon c’est ce qu’on a fait aussi. Mais on a voulu casser un peu cette quadrilogie car ça marque le dernier single de l’album. La narration part dans un autre style. Avec Olivier c’est plutôt sombre, très cinématographique et avec Charlotte c’est plus de la fantaisie, de l’humour noir.
Ta musique est souvent comparée au travail d’un peintre. Quelles sont tes inspirations artistiques ?
Malgré moi, j’ai des influences musicales mais j’essaie de ne pas trop les faire entrer dans ma composition. Quand on s’inspire d’une discipline pour faire la même discipline, je trouve que ça tourne vite en rond. J’essaye plutôt de m’inspirer de photographes, comme Pentti Sammallahti, qui est un peu le Cartier-Bresson de la nature. En littérature, il y a Blaise Cendrars dont je suis très fan, avec ses grandes envolées poétiques. En cinéma, il y a Wong Kar-wai qui m’a beaucoup marqué, et toute la vague japonaise et le cinéma punk-japonais. Ce sont tous ces univers qui m’ont fait aborder la musique de cette manière là.
L’année 2020 t’inspire ou te déprime ?
Ça ne m’a pas découragé, faut pas déconner (rires) ! Ça pourrait être 10 fois pire, en vrai. Il y a une pandémie, alors il faut faire ce qu’il faut et il faut prendre sur soi. On sortira de ce bazar quand on pourra, ce n’est pas à moi de me poser ce genre de questions, je laisse ça aux professionnels. Moi j’en ai profité pour composer et me concentrer.
Des projets pour la suite ?
J’essaie d’avancer sur mon deuxième album pour pouvoir rebondir très rapidement puisqu’il n’y aura pas énormément de concerts pour Giants qui vient de sortir. Il va falloir rebondir pour continuer à exister donc j’essaie de finaliser ça le plus vite possible. Je suis déjà dessus et on va espérer que ce soit moins long que le premier ! (rires)