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Félicie alias Moto voulait un nom simple, non genré, qui lui permette d’être détachée dans ses chansons. C’est réussi. L’artiste écrit des chansons libres, sans prise de tête, avec une folie douce. Son EP Chansons grunge vient de sortir et on vous invite vivement à le découvrir. À travers des textes puisant dans le quotidien et ses histoires personnelles, Moto livre des chansons rock où la mélodie habite votre esprit toute la journée. C’est rafraîchissant avec une belle note d’absurde qui nous rappelle les années 90, MTV et les clips tournés au caméscope. Si vous ne connaissez pas encore Moto, c’est normal : vous êtes au bon endroit.
Comment ton goût pour la musique est-il apparu ?
J’ai eu ma première guitare en sixième. C’était un cadeau de Noël de mes grands-parents. À partir de là, j’ai commencé à écrire des chansons nulles. Je me rappelle que ma première chanson c’était sur les céréales Kellogg’s le matin (rires) ! C’est l’écriture qui me passionne. La musique est venue pour enrober mes « poèmes ». Après, j’ai eu un groupe de lycée rock : The Parisian square. C’est à partir de là que j’ai fait mes premiers concerts. On chantait en anglais, on adorait The Strokes. Quand j’ai fait les premiers concerts, j’ai eu une révélation : je trouvais ça incroyable de jouer devant des gens, de les voir réagir. Depuis, je n’ai jamais arrêté de faire de la musique avec des groupes !
Et puis, à un moment donné, j’ai voulu me lancer en solo et voir ce que ça donnerait si je m’écoutais à 300%, dans un délire un peu mégalo. J’ai fait une première chanson, c’était aussi la première fois que j’écrivais en français. J’ai continué et Moto est né.e !
Est-ce qu’on peut dire que Moto a un style grunge ?
En vrai, non. J’ai appelé l’EP Chansons grunges parce que j’avais envie de renouer avec cette imagerie-là que j’adore. Renouer avec le crade. Avec le DIY aussi, parce que c’est comme ça que s’est fait le disque. Mais c’est du rock à la base avec des chansons composées à la guitare. C’est un peu pop aussi parce que ce sont des chansons avec des refrains qui ont pour but d’être chantées. Je dirais pop-rock, mais c’est horrible comme définition (rires) !
Quelles sont tes influences musicales ?
J’écoute des trucs très différents. Je suis hyper fan de Harry Styles mais aussi de la scène montréalaise : Hubert Lenoir, ou Jésus les filles, ce sont des groupes qui comptent énormément pour moi. Hubert Lenoir a une grande importance parce qu’au moment où je suis rentrée au studio pour faire les premiers morceaux, je l’ai vu en concert à Paris. Il m’a beaucoup marquée dans sa liberté, c’était vraiment n’importe quoi. Le lendemain, en studio, j’avais cet élan de laisser-aller total grâce à lui. Je trouve la scène musicale montréalaise décomplexée, on n’a pas ça en France. Je nous trouve très lisses, ici ! Je les envie les Montréalais.es, ça m’inspire beaucoup.
Vous avez tourné le clip L’eau municipale dans ta banlieue dijonnaise, c’est bien ça ?
Non, on a tourné en banlieue parisienne dans le garage du frère du guitariste (rires). Quand j’ai vu son quartier, j’ai trouvé que ça ressemblait énormément à ma banlieue de Dijon ! Le quartier pavillonnaire où il ne se passe rien, où il n’y a que des personnes âgées qui se baladent. Ça m’a plue, ça m’a rappelée mon enfance et mon adolescence où je répétais déjà dans des garages. Mais l’esthétique vient beaucoup du MTV à l’ancienne, filmé au caméscope. Ça nous a permis de nous amuser par rapport à une grosse caméra où t’as tout de suite envie de faire des images hyper clean. Pour l’instant, je préfère tourner beaucoup et voir le résultat à la fin au montage, plutôt que d’être engoncée dans une production trop technique. À chaque fois pour les clips, on prend ce qu’on a sous la main et on avise.
Bon mais est-ce que Dijon est grunge ou pas ?
Waouh, trop pas (rires) ! Alors vraiment pas du tout. Dijon c’est très bourgeois. C’est une ville très jolie, il y a de beaux monuments, un super musée, mais l’adolescence s’y ennuie. Quand j’ai eu mon BAC, je suis partie un mois après. Pour moi, je ne pouvais faire de la musique qu’à Paris. J’étais attirée par cette ville et par le bordel qui avait l’air d’y régner. À Dijon, c’est quand même très lisse. Après, grandir là-bas c’était cool.
Quel est le titre de ton EP dont tu es super fière ?
J’aime beaucoup le morceau avec Michelle Blades, L’eau municipale. C’est la première fois que je confiais la réalisation à quelqu’un d’autre. Pour la composition aussi. Elle m’a envoyé un mémo vocal avec une boucle de guitare et à partir de là, j’ai écrit le morceau. Et ensuite, on est allés en studio, faire les synthés, réenregistrer les guitares et la batterie. Je n’avais jamais travaillé comme ça. Et puis, j’étais contente parce qu’on s’est très bien comprises. Moi j’avais envie d’un morceau hymne hippie comme si on entendait des champignons clappés des mains. Je trouve que le morceau ressemble vraiment à ce que j’avais envie, sans perdre le frisson du début, j’en suis vraiment contente.
As-tu déjà des projets pour la suite ?
Alors je viens de terminer un EP un peu concept qui raconte une fausse histoire d’amour avec une actrice américaine très connue… C’est comme une sorte de fan-fiction en chanson. Je vais sortir ça avec des vidéos d’ici quelques mois. Mais j’ai déjà aussi quelques morceaux pour l’EP d’après. J’écris tout le temps ! J’essaye d’être toujours à l’écoute de pleins de trucs. C’est en cours, je suis tout le temps dans l’après (rires).